Une simulation d’attaque terroriste d’ampleur s’est déroulée, mardi 9 octobre, dans l’enceinte du stade de l’Olympique lyonnais, à Décines-Charpieu. Un scénario fictif, mais une intervention bien réelle des forces de sécurité intérieure et de secours, illustrant le schéma national d’intervention adopté depuis avril 2016. Orchestrée par l’Unité de coordination des forces d’intervention (Ucofi), cette démonstration d’ampleur s’est jouée devant les ministres de l’Intérieur européens, réunis à Lyon à l’occasion du G6, et quelque 46 délégations de sécurité intérieure étrangères, invitées par la direction de la coopération internationale.
Mardi 9 octobre – Stade de l’Olympique Lyonnais. Une attaque terroriste survient en plein match. Un groupe de treize individus, lourdement armés, lance plusieurs grenades parmi les supporters, avant d’ouvrir le feu à l’arme automatique, occasionnant de nombreuses victimes.
Les premiers à intervenir dans la zone de contact pour faire cesser la tuerie sont les policiers de la BAC locale, dans les tribunes ouest, et ceux d’une SPI4G de CRS. Ils parviennent à fixer la situation, neutralisant plusieurs terroristes et faisant reculer les autres.
Très vite, les militaires d’un peloton d’intervention de gendarmerie mobile et d’un Psig Sabre interviennent en appui des policiers. Également dotés de moyens de protection balistique lourds et de moyens feu efficaces, ils prennent en compte de nouveaux compartiments, neutralisant à leur tour plusieurs terroristes au cours de leur progression.
De tuerie de masse en prise d’otages
Les terroristes se retranchent alors dans deux salons distincts, avec près d’une cinquantaine de spectateurs au total. La tuerie de masse se transforme en prise d’otages.
L’action des hommes de la BRI, sous la protection des autres unités en place, permet notamment de confiner les terroristes et de sécuriser la zone pour permettre l’action des unités d’intervention spécialisée.
Pendant que les commandants du RAID et du GIGN élaborent de concert un plan d’assaut sur les deux secteurs de prise d’otage, les hommes du Raid de Lyon se positionnent au plus proche de la zone de crise. Des tireurs de précision prennent place sur le toit du stade et un drone leur donne de la hauteur sur la scène. Les militaires des AGIGN d’Orange et de Dijon viennent étayer le dispositif. Sélectionnés et formés par le GIGN, ils peuvent être engagés de manière autonome, soit sous le signe de l’urgence, soit dans l’attente du GIGN, en mesure de geler la situation pour permettre son intervention, mais aussi de préparer un plan d’assaut d’urgence pour faire face à une détérioration de la situation.
Extraction des victimes
Dans un temps très proche, l’extraction des victimes commence. Même si la situation est globalement stabilisée, les unités de secours ne peuvent toujours pas accéder à la zone de crise, dite d’exclusion, réservée aux forces d’intervention. Afin de traiter le plus rapidement possible les victimes, de nouvelles unités de gendarmerie mobile et des CRS viennent alors renforcer le dispositif de sécurisation de la zone et mettre en place des couloirs d’extraction. Tous ces personnels sont notamment équipés et formés pour prodiguer les premiers secours sur des blessures par balle. Les blessés sont extraits un à un des gradins et placés à l’abri des véhicules avant d’être brancardés vers les points d’évacuation des victimes, dans la zone contrôlée, où interviennent les équipes de secours. Blessées ou simplement choquées, les personnes impliquées doivent être contrôlées afin de s’assurer qu’aucun terroriste ne se dissimule parmi elles.
Ce n’est qu’après l’autorisation du poste de commandement que les sapeurs-pompiers pourront intervenir directement sur la zone.
Assauts délibérés des unités d’intervention spécialisée
Au sein du poste de commandement tactique, il est décidé de mener deux assauts distincts : l’un piloté par le RAID depuis l’intérieur du stade, et l’autre conduit par le GIGN depuis l’extérieur du bâtiment.
Arrivés de Villacoublay à bord de deux hélicoptères de gendarmerie, les militaires de la première alerte du GIGN gagnent rapidement le sol en corde lisse. Les colonnes d’assaut progressent vers le stade sous la protection d’un tireur d’élite ayant pris position à bord d’un troisième appareil, tandis qu’un drone les renseigne sur la situation à l’intérieur du bâtiment. La progression est stoppée par un engin piégé. Avant sa neutralisation par le dépiégeur d’assaut, l’équipier de la section des moyens spéciaux déploie un brouilleur ainsi qu’un robot qui retransmet les images du piège détecté.
L’ouverture de porte fulgurante et la progression simultanée des hommes de la colonne d’assaut produisent un effet sidérant sur les terroristes qui sont rapidement neutralisés.
Un second brouilleur d’engin explosif improvisé est aussitôt mis en place, tandis que le chien « explo » passe parmi les personnes couchées au sol… L’un des otages s’avère avoir été piégé d’un gilet explosif, qui sera, là encore, neutralisé par le dépiégeur d’assaut.
Les blessés sont alors pris en charge sur place par l’équipe médicale du service de santé des armées, systématiquement intégrée au sein de la colonne d’assaut.
Un volet police judiciaire essentiel
Lors de cette démonstration, la séquence de police technique et scientifique, systématique sur toute scène de crime, n’a pu être jouée. Essentielle à la conduite de l’enquête, elle contribue largement à la mission de lutte contre le terrorisme. À ce titre, les spécialistes de l’IRCGN et de la C2NRBC ont présenté leurs différentes capacités d’investigations, notamment en zone contaminée, sur les stands extérieurs, aux côtés des matériels exposés par les autres unités, tel le GIGN, et les industriels fournissant les forces de sécurité intérieure.
Réactivité et coordination, maîtres-mots de l’action
Au lendemain de la présentation théorique du Schéma national d’intervention (SNI), par l’Unité de coordination des forces d’intervention (Ucofi) et les représentants des directions générales de la gendarmerie et de la police nationales, les 46 délégations de sécurité intérieure étrangères présentes à l’invitation de la Direction de la coopération internationale (DCI) ainsi que les ministres de l’Intérieur, réunis à Lyon à l’occasion du G6, ont ainsi pu assister, deux heures durant, à sa mise en musique.
Cette démonstration, orchestrée par l’Ucofi, a réuni, pour la première fois, tous les niveaux d’intervention (élémentaire, intermédiaire et spécialisée) de la police, désignée comme menante sur ce scénario, et de la gendarmerie, ainsi que les unités de secours pilotées par la sécurité civile.
Ce sont ainsi près de 450 personnels qui ont donné vie à ce scénario des plus réalistes, auquel ont également contribué plus de 350 plastrons jouant les terroristes et les spectateurs.
Les différentes séquences de la démonstration ont permis d’illustrer de façon dynamique les principes d’intervention définis par le SNI. Adopté en avril 2016, celui-ci a tiré les enseignements de l’attentat du Bataclan, fin 2015, afin d’apporter une réponse immédiate et optimale à une menace terroriste désormais protéiforme.
La coordination opérationnelle et la coopération entre toutes les forces de sécurité intérieure, sur l’ensemble du territoire, ainsi que la complémentarité des différents échelons sont particulièrement au cœur de ce dispositif, de même que le renforcement du maillage et de l’équipement des unités d’intervention.
« Progresser ensemble face à cette menace qui nous concerne tous »
À l’issue de cette séquence, le général d’armée Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale et son homologue de la police nationale ont remercié la DCI et l’Ucofi pour l’organisation exemplaire de cette démonstration, ainsi que les acteurs pour leur participation active. Le général Lizurey en a salué la fluidité et la pédagogie, qui a permis « d’apprécier les différentes phases de montée en puissance, ainsi que la difficulté de travailler ensemble ». Rappelant la jeunesse du SNI, le directeur général s’est réjoui du déroulement de cet exercice et de tout ce qui est mis en œuvre tous les jours en opérations. « On peut être confiant, parce que les processus sont partagés, les femmes et les hommes se connaissent et travaillent ensemble. Or, face à une menace terroriste protéiforme, l’important est que l’on sache se comprendre. Nous avons encore fait aujourd’hui un grand pas en avant dans ce domaine ». S’adressant plus particulièrement aux représentants des forces de sécurité étrangères, il a souligné tout l’intérêt des échanges internationaux afin de « progresser ensemble face à cette menace qui nous concerne tous ».
En début d’après-midi, à l’issue des réunions du G6, Jacqueline Gourault, ministre d’État auprès du ministre de l’Intérieur, est allée à son tour saluer et féliciter une délégation de personnels représentant les différentes unités engagées dans la démonstration.