Crise sécuritaire – Avenir et Gendarmerie n°175 – Juillet-août 2023
La Cour des comptes s’alarme du nombre de démissions record enregistré chez les policiers et gendarmes. Pour endiguer cette vague de départs et répondre aux objectifs sécuritaires du gouvernement, une vaste campagne de recrutement vient d’être lancée. Face à cette situation, le ministère de l’Intérieur cherche des solutions pour remédier à cette crise qui est devenue un véritable casse-tête. Cependant, les candidats ne se bousculent pas au portillon. On constate des difficultés de recrutement auxquelles s’ajoute une vague de démission massives au sein de la Police nationale et de la Gendarmerie. Depuis la pandémie de covid 19, le nombre de personnels quittant la police et la gendarmerie est croissant. Selon un rapport de la Cour des comptes publié en avril dernier, la police a connu 10 840 départs et la gendarmerie 15 018 départs. En 2022, le nombre de départs imprévus dans la police et la gendarmerie a presque doublé par rapport à l’année précédente, avec presque 6 000 démissions enregistrées. Même la police judiciaire est touchée par cette crise. Près d’un enquêteur sur cinq menace de démissionner si une réforme impopulaire est maintenue.
Cette situation est préoccupante et nécessite une réflexion approfondie pour trouver des solutions durables à cette crise du recrutement. Un malaise profond règne au sein de toutes les forces de sécurité. Quels en sont les raisons ? Les forces se sécurité intérieure (Police nationale, Gendarmerie) sont confrontées à une activité opérationnelle et à une pression sécuritaire inédites (délinquance, en hausse, menace terroriste, etc.). Il en résulte un stock de 21,82 millions d’heures supplémentaires non récupérées ainsi que des rythmes de travail « pénibles et destructurants ». Le rapport évoque des « risques psychosociaux très importants » et rappelle que le taux de suicide dans la police est supérieur de 36% à la moyenne nationale. Particulièrement dans la police, les locaux délabrés sont indignes de l’accueil du public au sein des commissariats.
Heureusement que ce soit en gendarmerie ou dans la police, le parc automobile et l’équipement informatique se sont beaucoup améliorés. Au-delà du manque de moyens, les rapporteurs soulignent également la part de responsabilité de l’organisation, du fonctionnement des institutions et des méthodes de management dans les difficultés vécues par les forces de sécurité. En outre, le sentiment d’une « insuffisance de la réponse pénale », les lourdeurs de la procédure pénale ou encore les relations avec la population et les médias sont de plus en plus sources d’inquiétude pour les agents dans la conduite de leurs missions. Quelle réponse pouvons nous apporter pouvons apporter au malaise des forces de sécurité ? Quatre thématiques peuvent être envisagées : l’accompagnement psychologique des forces de sécurité (prévention du suicide, généralisation des pratiques de débriefing après des interventions sur des situations choquantes, etc.) ; l’accueil des nouvelles recrues (accès au logement, lieu d’affectation, formation initiale, etc.) ; la gestion des carrières et du temps de travail (indemnisation des heures non récupérées, critères d’évaluation et de performance, etc.) ; les missions des forces de sécurité (professionnalisation des polices municipales, transfert des missions « périphériques » à d’autres administrations, etc.). Malgré tous ces problèmes, gardons notre état d’esprit durable ou passager, caractérisé par une perception positive du monde et de l’univers. Chers amis lecteurs, je vous souhaite de bonnes vacances en attendant de vous retrouver en septembre.
Jean-Claude Fontaine, Président national