Dans le cadre de la mise en œuvre de la police de sécurité du quotidien, dont la fonction contact est une composante majeure, les unités de gendarmerie adaptent localement leurs modes d’action en fonction de la population et des particularités du territoire. En cette période estivale, focus sur l’action menée par la compagnie de gendarmerie départementale de Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard.
La sécurisation des grandes agglomérations et des zones périurbaines nécessite un engagement assez important des forces de sécurité. Cependant, les communes rurales, où la gendarmerie est pleinement compétente pour répondre à cette responsabilité de l’État, ne sont pas délaissées pour autant. « Aux yeux des citoyens ruraux, la gendarmerie nationale est un corps d’État majeur et essentiel, explique Michel Coullomb, maire de Saint-André-de-Roqueperthuis (30). En tant que maire, je connais très bien les militaires des unités de gendarmerie compétentes sur ma circonscription et même d’autres plus éloignées, jusqu’au commandant de la compagnie de Bagnols-sur-Cèze. Pour les ruraux, la loi c’est la gendarmerie ! »
« Le contact, c’est notre priorité ! »
La gendarmerie a mis en place des Brigades territoriales de contact (BTC) afin de densifier davantage sa relation avec les citoyens et les élus sur ces territoires où la présence de l’État peut paraître moindre. Tel est le cas à Cornillon. « Mes administrés, notamment les aînés, sont ravis de voir un peu plus les gendarmes aller à leur contact, et ils me le font savoir ! C’est pourquoi la brigade territoriale de contact est primordiale. Aller au contact de la population, ne serait-ce que pour discuter, est très positif, cela améliore la relation générique entre la gendarmerie et les ruraux, atténue l’image répressive du gendarme et permet d’échanger du renseignement, que ce soit avec la population ou les élus », poursuit Monsieur Coullomb.
Les BTC n’ont pas vocation, par principe, à traiter un grand nombre de procédures. Pour autant, elles ne doivent pas délaisser complètement le volet « procédural » de l’activité quotidienne des unités territoriales. Contribuant au cycle du renseignement, à partir des informations qu’elles ont recueillies au contact de la population et des élus, elles alimentent la cellule renseignement du groupement avec leurs productions.
« Depuis novembre 2018, afin de rééquilibrer la charge de travail de la BTC au sein de la Communauté de brigades (COB) de Pont-Saint-Esprit, les militaires de Cornillon reprennent un service de premier à marcher de 24 heures chaque semaine et assurent la gestion de quelques soit-transmis simples, dont les faits se sont déroulés dans la vallée de la Cèze. À cela viennent s’ajouter une demi-journée d’accueil du public dans les locaux de Cornillon tous les samedis matin et le temps nécessaire aux productions de renseignement », précise le chef d’escadron Nicolas Destriez, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Bagnols-sur-Cèze.
Sur tous les terrains et par tous les moyens
Durant la période estivale, sur le ressort de la compagnie de Bagnols-sur-Cèze, les vacanciers se concentrent sur la circonscription d’Uzès ainsi qu’à Pont-Saint-Esprit et à La Roque-sur-Cèze, aux cascades du Sautadet. Ce site majestueux, et par conséquent très fréquenté par les touristes, n’en est pas moins dangereux compte tenu du risque de noyade. Les estivants y sont également exposés au risque de vol à la roulotte. Cette année, pour se rapprocher davantage des touristes, être à la fois plus visible, prévenir et intervenir plus efficacement sur le terrain, la compagnie de Bagnols-sur-Cèze a misé sur le cheval. Elle a ainsi mis en place, en partenariat avec la commune de La Roque-sur-Cèze, un poste équestre provisoire, activé du 7 juillet au 26 août, à raison de deux jours par semaine. Chaque patrouille était armée par deux gendarmes, d’active ou de la réserve opérationnelle.
« Les cavaliers, tous titulaires du Certificat d’aptitude à la pratique équestre en gendarmerie (Capeg), délivré par la garde républicaine après un stage de deux semaines à Paris, se relaient tout au long de l’été pour armer le poste équestre de Cornillon. Pour ma part, en tant que réserviste depuis avril dernier, j’ai exécuté mes premières missions à cheval ; un rêve pour quelqu’un qui pratique l’équitation depuis dix ans ! », confie la gendarme adjoint de 2e classe Léa Leroy, affectée à la compagnie de réserve territoriale 48/1 de Mende. Avant d’ajouter : « Les chemins d’accès aux abords des cascades, parfois accidentés, ne posent aucun problème à cheval. De plus, les gens viennent facilement à notre contact par curiosité vis-à-vis de nos montures. Cela nous permet également d’avoir un champ de vision bien dégagé et en hauteur pour assurer une bonne surveillance du secteur, en prévention des risques d’incendie ou de noyade, mais également pour dissuader la commission de vols à la roulotte dans les nombreux véhicules stationnés sur le périmètre. »
Prévenir plutôt que guérir
« Les cascades du Sautadet peuvent s’avérer très dangereuses en fonction du niveau de l’eau et de la force du courant. En période estivale, chaque jour, entre 3 000 et 4 000 personnes sont présentes sur le site. En raison du grand nombre d’accidents mortels (31 victimes au cours des cinquante dernières années), des arrêtés municipaux ont été pris afin de limiter ou d’interdire l’accès ou la baignade selon les zones. Ces arrêtés ne sont malheureusement pas toujours respectés », précise Edmond Jouvenel, maire de La Roque-sur-Cèze. En plus du dispositif de lignes d’eau, financé par la commune, le département et la région, afin de matérialiser concrètement la limite d’accès autorisé aux cascades, les cavaliers de la gendarmerie assurent une mission de prévention des noyades et sont en mesure de réprimer les contrevenants.
En dehors des créneaux dédiés au poste équestre, la présence de la gendarmerie est assurée par la BTC de Cornillon, la brigade de proximité de Pont-Saint-Esprit ou encore le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie de Bagnols-sur-Cèze.
« Être au contact, c’est communiquer ! »
« Nous souhaitions également renforcer le contact établi avec les élus de notre circonscription. Aussi, depuis le 1er janvier 2019, la compagnie diffuse à tous les maires, de façon dématérialisée et bimestrielle, « La gazette de la gendarmerie ». Grâce à ce papier, les élus suivent l’évolution des militaires des différentes unités : départs et arrivées, avancement, faits marquants, etc. Les gendarmes faisant vraiment partie de leur quotidien, certains maires impriment la gazette pour la joindre à celle de la commune. En plus de ce regard sur la vie de la brigade, le verso de la gazette propose une rubrique « conseils préventifs » destinée à l’ensemble des administrés », ajoute le commandant de compagnie.
Une nécessaire coproduction de sécurité
Comme dans la plupart des circonscriptions, la compagnie de Bagnols-sur-Cèze coproduit de la sécurité avec les Polices municipales (P.M.). « Nous devons travailler main dans la main avec les P.M., créer des interconnexions. Nous planifions donc des patrouilles mixtes, gendarmerie/police municipale, une fois par semaine. Afin qu’elles se déroulent dans les meilleures conditions de sécurité et en parfaite coordination, en 2019, les policiers municipaux ont bénéficié de trois séances d’instruction dispensées par nos Moniteurs en intervention professionnelle (MIP). Quatre autres séances sont déjà planifiées pour l’année à venir », poursuit le commandant de compagnie. « En lien avec certaines communes, ont été créées des listes de diffusion sur l’application Whatsapp intégrant les P.M., particulièrement celles du secteur de Roquemaure, afin de lancer, simultanément et de façon instantanée, des alertes dans les cas d’urgence, à l’instar d’une recherche de véhicule suspect, ou tout simplement pour échanger du renseignement. »
La compagnie fait de même avec d’autres organismes publics, tel le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Marcoule (30). Avec ce partenaire, les contacts et les échanges qui en résultent contribuent à renforcer la prévention et la protection des sites sensibles ainsi que la gestion de crise, particulièrement dans l’éventualité d’une attaque terroriste. La compagnie de Bagnols-sur-Cèze est également très proche du 1er régiment étranger du génie implanté à Laudun (30). Elle contribue à la formation qui précède le déploiement des légionnaires en mission sentinelle. « Par ce biais, elle a développé une relation privilégiée avec les quelque 1 000 militaires et leurs familles qui vivent en permanence sur la circonscription et sont autant de précieux relais pour la surveillance du territoire et la sécurité de nos concitoyens. »
Vers de nouvelles expérimentations….
Dans le cadre de la PSQ, de nouveaux effectifs sont venus renforcer la compagnie au cours de l’été 2019. Le chef d’escadron Destriez va profiter de cette opportunité pour « expérimenter de nouvelles modalités d’accueil du public, ancrées dans les territoires, en se » pluggant » sur des points d’accueil dans les mairies, ou chez d’autres partenaires, dans des créneaux bien définis, essentiellement dans les zones où les services publics sont éloignés. En outre, dans le cadre de la mise en œuvre du chantier gouvernemental lié à la création de Maisons France Service (MFS) d’autres perspectives s’ouvrent… »
Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.