Chaque année, la Bourgogne célèbre Saint-Vincent, un des saints patrons des vignerons. Cette célébration de grande renommée qui attire près de 100000 visiteurs, se déroule le dernier week-end de janvier. Focus sur le dispositif d’ampleur déployé par la gendarmerie à Gevrey-Chambertin qui accueillait l’édition 2020 de la « Saint-Vincent Tournante ».
Un public très nombreux avoisinant les 100 000 visiteurs, venant de toute la Bourgogne et d’au-delà, était attendu le week-end des 25 et 26 janvier derniers pour cette nouvelle édition de la « Saint-Vincent tournante », à Gevrey-Chambertin.
« Comme lors de tout grand rassemblement de personnes, des mesures de sécurité drastiques doivent être prises, notamment avec le risque d’attaque terroriste qui reste omniprésent. C’est pourquoi, même si la population se déplaçant sur cet événement est plutôt familiale et sans mauvaise intention, les organisateurs et la gendarmerie se devaient de déployer un dispositif de sécurisation digne de ce nom », explique le général de division Thierry Cailloz, commandant la région de gendarmerie de Bourgogne .
Conseillés par des spécialistes de la sécurité
Les différentes communes des grands crus bourguignons organisent tour à tour cette célébration. Les viticulteurs, associés en tant qu’organisateurs, mettent alors en place une commission sécurité. Cette dernière ne peut se contenter de copier le dispositif de sécurité des précédentes éditions, car les configurations et contraintes géographiques différent d’un village à l’autre. Par exemple, la commune de Gevrey-Chambertin se situe sur un axe routier majeur entre Beaune et Dijon alors que Vézelay, lieu où s’est précédemment déroulée la Saint-Vincent Tournante, est assez isolée des axes structurants.
« Nous les avons aidés, accompagnés, conseillés dans la mise en place de cet événement. Notre mission ne consiste pas seulement à prévenir la commission de tout acte délictuel le jour J mais aussi et surtout à anticiper les menaces et à construire bien en amont un dispositif de sécurité éprouvé, en lien étroit avec l’organisateur, explique la cheffe d’escadron (CEN) Emma Ardouin, commandante de la compagnie de gendarmerie départementale de Dijon.
Notre coopération a débuté il y a un peu plus de deux ans, avec à mes côtés le lieutenant Christophe Leroux, commandant la Brigade territoriale autonome (BTA) de Gevrey-Chambertin. Cet échange constant avec l’organisation a permis à chacun de comprendre les contraintes de l’autre afin de concilier le caractère festif de l’événement et l’impératif de sécurité du public. »
Au total, une centaine de militaires dont 38 réservistes issus de la compagnie de réserve territoriale 21/4 de Dijon, ont armé ce dispositif global placé sous le commandement du commandant de région.
Un dispositif qui a fait ses preuves
La commandante de compagnie s’est appuyée sur le principe des fan zones, à l’instar de ce qui est habituellement mis en place sur tout grand événement.
« Tout d’abord, le travail de préparation cartographique a été un point essentiel à la réussite de la mission. La compagnie a bénéficié de l’appui du Système de cartographie de crise (SC2), qui a réalisé des cartes à partir des données récoltées sous IDIC SI et d’orthophotos réalisées en lien avec la SAG de Dijon. Grâce au carroyage commun de la fan zone, un baptême terrain unique et la définition de quatre secteurs de surveillance ont permis de parler le même langage depuis la patrouille pédestre jusqu’au Poste de commandement opérationnel (PCO). Ensuite, cette fan zone, d’une superficie de 3 km² pour une périmétrie de près de 10 km, a été rendue hermétique par la présence de bénévoles et d’agents d’une société de sécurité privée locale. Ils ont assuré des missions statiques d’inspection et de filtrage du public, en des points déterminés, et de protection de certains bâtiments, poursuit la CEN. Pour compléter ce dispositif, l’organisateur a mis en place une protection passive par la pose d’obstacles sur des points pré-déterminés par la gendarmerie. Évitant ainsi toute pénétration de véhicules dans les zones où se concentre le public. »
Cartographie de crise : un système innovant, autonome et projetable
Veiller au grain
Le dispositif de la gendarmerie s’est voulu résolument dynamique, afin de déceler toute menace et d’aller au contact de la population et du public.
À l’intérieur du périmètre, les militaires de la BTA de Gevrey-Chambertin, appuyés par des réservistes, ont réalisé des patrouilles mixtes de contact, à pied mais aussi en vélo. Une vingtaine de vélos, dont certains électriques, ont été mis à disposition par l’organisateur, et par des unités de gendarmerie et de police municipale limitrophes pour accomplir ces missions de proximité.
La compagnie a aussi reçu le renfort d’une escouade de 6 cavaliers de la Garde Républicaine qui ont rencontré un grand succès dans le contact avec le public ! Ces cavaliers ont agi en complémentarité avec les motos tout-terrain déployées dans les lieux inaccessibles aux patrouilles à pied ou en véhicule afin de garantir l’étanchéité du dispositif.
La gendarmerie a également travaillé en étroite coordination avec le dispositif Sentinelle oeuvrant dans le cadre du plan Vigipirate.
Renseignés par la 3D
Afin d’anticiper tout débordement dans les moments d’affluence, d’obtenir des renseignements d’ambiance, et de détecter tout individu suspect, le dispositif a bénéficié de la présence d’un binôme télé-pilote de drone.
« Nous disposons de deux drones et de cinq batteries qui nous donnent une autonomie suffisante pour couvrir l’événement sur toute la durée si besoin. Nous axons malgré tout notre action sur des temps forts déterminées par la commandante de compagnie », précise le maréchal des logis-chef Mathieu Furia, télé-pilote affecté à la Brigade départementale de renseignements et d’investigations judiciaires de l’Yonne, venu en renfort sur l’événement.
Un pool intervention
Agissant en périphérie, en mesure de se projeter à tout moment dans la fan-zone, le PSIG Sabre de Dijon a procédé à des missions de surveillance afin de détecter toute tentative d’intrusion et d’intervenir sur tout incident. Neuf gendarmes ont été déployés pour assurer une présence dissuasive et de protection du périmètre, en mesure d’intervenir jusqu’au spectre de la menace terroriste.
Ne négligeant pas la sécurité en dehors de la manifestation, trois personnels du PSIG poursuivent la mission classique de surveillance générale, particulièrement nocturne, sur le reste de la compagnie.
Assurer la coordination
Un tel événement nécessite l’engagement de nombreux services et administrations. Afin de coordonner au mieux le renseignement entre tous ces acteurs, un PCO, composé de cinq gendarmes, de membres de l’organisation, de personnels de la mairie, de la préfecture, des pompiers, de la sécurité privée et d’un capitaine de la mission sentinelle a été mis en place au lycée de la commune de Brochon. Véritable lieu de centralisation du renseignement, le PCO bénéficiait en direct des images captées par le drone de la gendarmerie.
Enfin, pour coordonner l’ensemble du commandement du dispositif gendarmerie, en plus d’une conférence radio dédiée à l’événement, un groupe « Saint Vincent 2020 » a été ouvert sur la messagerie instantanée TCHAP., permettant une mise en relation du haut commandement, des commandants d’unités, de leurs adjoints, des autorités administratives et assurant un suivi actualisé du dispositif.
Sécuriser les axes
La route touristique des grands vins et l’axe départemental principal, reliant Beaune à Dijon, étant fermés pour l’occasion, un dispositif efficace de gestion des flux était indispensable afin d’éviter une saturation sur les axes secondaires.
« 21 personnels des différentes unités de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) de la Côte d’Or ont été engagés pour veiller à la fluidité de la circulation sur tous les axes en périphérie de Gevrey-Chambertin, pour empêcher tout stationnement sauvage, et en mesure d’effectuer des escortes sanitaires ou d’autorité », détaille le capitaine Frédéric Lest, commandant l’EDSR21.
Le contact malgré tout
« Pendant les deux années de préparation, nous avons alterné des temps forts et des temps faibles, pendant lesquels nous avons créé des liens forts avec les organisateurs et les élus. Cela va totalement dans le sens de ce que veut la Police de sécurité du quotidien (PSQ). Nous avons ainsi développé une véritable proximité sur ce territoire, sur ce terroir, deux choses auxquelles les gendarmes sont particulièrement attachés », conclut la CEN Ardouin.
Source: gendinfo.fr / Crédits photos: © D.R.