Depuis le début de la crise sanitaire du COVID-19, la gendarmerie apporte son appui dans le contrôle du respect des mesures de confinement, mais pas seulement. Que ce soit pour assurer l’escorte de convois de matériels sanitaires devenus sensibles, ou encore celle des évacuations sanitaires visant à désengorger certains hôpitaux, les unités de la gendarmerie, particulièrement les gendarmes mobiles et les unités motocyclistes, répondent présent.

L’expertise de la gendarmerie dans les missions d’escorte n’est plus à démontrer. C’est pourquoi en cette période de crise, certaines de ses unités sont sollicitées pour sécuriser des convois de matériels sensibles ou faciliter le transfert de malades atteints du COVID-19.

Des masques à prix d’or…

Comme de nombreux pays, la France fait face à une pénurie de masques de protection. Les stocks restant ont été réquisitionnés par décret et ne sont désormais distribués que sur ordonnance ou aux professionnels de santé. Beaucoup de personnes souhaitent malgré tout s’en procurer et sont prêtes à y mettre le prix, ouvrant la voie à un véritable trafic clandestin.

De la même manière, d’autres équipements, à l’instar des blouses médicales, commencent à se faire rares. Les stocks de matériels médicaux sont à présent considérés comme stratégiques.

…placés sous haute protection

Ces matériels, commandés par l’État ou certaines régions principalement auprès de la Chine, arrivent par voie aérienne et doivent ensuite être redistribués sur le territoire. Devenus très sensibles, ces convois nécessitent des mesures de protection particulières, qui sont bien souvent mises en œuvre par la gendarmerie, à la demande de l’organisme de santé publique français.

Tel était le cas, jeudi 2 avril dernier, tôt le matin, à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, où une cargaison de masques en provenance de Chine a été déchargée sous la protection de la gendarmerie des transports aériens dans un premier temps, avant de prendre la route dans un convoi de huit camions vers un site de stockage provisoire situé dans la Marne.

« Nous avons relevé des policiers de la Compagnie des transferts, escortes et protection (Cotep) de la police nationale, qui ont assuré l’escorte du convoi entre l’aéroport et le péage de Coutrevoult (77), où débutait notre mission d’escorte, explique l’adjudant-chef Alain Brunet, gradé de l’escadron 16/1 de gendarmerie mobile de Versailles-Satory et chef d’escorte. Notre configuration était similaire à celle que nous mettons en œuvre lorsque nous escortons des convois de la banque de France : douze militaires armés et équipés, répartis dans quatre véhicules. C’est dire la sensibilité de ces matériels médicaux en ce moment particulier. La gendarmerie déploie des moyens conséquents pour dissuader les délinquants qui souhaiteraient détourner un camion. »

Une extrême vigilance est de mise pendant les trois heures de trajet. À l’approche du site de stockage, l’escorte pilotée par l’adjudant-chef est prise en compte par les motocyclistes de la Brigade motorisée (BMo) de Vitry-le-François (51) qui, connaissant parfaitement les lieux, ouvrent l’itinéraire dans des conditions optimales.

En attendant d’être redistribués vers des hôpitaux et pharmacies, dans les heures ou jours à venir, ces matériels sensibles sont placés sous la garde des militaires de l’opération Résilience.

Les évacuations sanitaires

Parmi les escortes liées à la crise sanitaire du « COVID-19 », il y a également celles des évacuations sanitaires, plus particulièrement assurées par les Escadrons départementaux de sécurité routière (EDSR), rompus à ce genre d’exercice.

« Nous assurons des ouvertures de route au profit des ambulances dédiées au transport des malades du COVID-19, depuis l’aéroport de Toulouse-Blagnac jusqu’aux différents hôpitaux désignés, précise le chef d’escadron (CEN) Christophe Lasgleyzes, commandant l’EDSR de Haute-Garonne. Durant les 15 premiers jours de la crise, nous avons assuré une moyenne quotidienne de trois escortes. La fréquence a depuis sensiblement diminué, ce qui me semble être plutôt un bon signe. »

La question peut se poser quant à l’intérêt d’ouvrir la route à des ambulances, alors que les axes routiers sont quasiment désertés pendant le confinement.

« L’utilité de notre action est bien avérée, car parfois les voies de circulation sont bloquées par des véhicules mal positionnés. Notre rôle est alors de fluidifier rapidement le trafic. Chaque minute compte pour la prise en charge de ces malades », poursuit l’officier.

Le temps étant précieux, la bonne connaissance des axes routiers et des itinéraires est déterminante.

« À maintes reprises, nous avons « piloté » des ambulances dont les conducteurs ne connaissaient pas bien les lieux de dépose. Nous sommes alors leur boussole ! »

En mode « 4 roues »

L’EDSR31 assure également des missions de protection de convois de matériel médical. « Pour cette mission, différente de l’escorte sanitaire, les militaires de l’unité circulent en véhicule à quatre roues pour être moins vulnérables et pour pouvoir embarquer un armement adapté. La menace est différente, car le matériel transporté suscite la convoitise et pourrait être détourné », précise le commandant de l’EDSR.

Une organisation spécifique au COVID-19

Pour faire face à ces missions et continuer d’assurer le contrôle des flux et celui du respect du confinement au quotidien, l’EDSR31 a organisé ses pelotons motorisés en deux groupes de force : « Contrôle » et « Escorte ».

Les horaires de départ des escortes étant souvent connus au dernier moment, voire en pleine nuit, il faut être très réactif. « Malgré le rythme de travail peu coutumier, les personnels de l’EDSR ont tous à cœur de donner le meilleur et ce, quelle que soit l’heure, de jour comme de nuit. Chaque convoi sanitaire escorté sans encombre est une réelle satisfaction », conclut le chef d’escadron Lasgleyzes.

Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.