Situées en zone périurbaine, les unités de la compagnie de Lille sont mobilisées au quotidien pour faire respecter les mesures de confinement liées à la crise sanitaire. Réorganisation du service, des modes opératoires, de la vie en caserne, prise en compte des problématiques liées au confinement, à l’instar des violences intra-familiales, la lieutenante-colonelle Cécile Derasse-Durlin, commandant la compagnie, revient sur tous les aspects de cette crise inédite, que la gendarmerie traverse aux côtés des acteurs locaux et de sa population.
Comme sur l’ensemble du territoire, vous avez dû concilier, depuis le début de cette crise sanitaire, continuité opérationnelle et sécurité sanitaire des personnels. Comment cela s’est-il traduit dans votre organisation ?
Très vite, nous avons eu conscience de la nécessité de maintenir la capacité opérationnelle de l’unité face à une potentielle attrition des militaires dans nos rangs. Nous avons donc réorganisé le service au pied levé, avec des effectifs un peu amoindris, au regard de quelques cas suspects, qui ont dû rester confinés, ainsi que des militaires vulnérables, qui ont été écartés du service traditionnel pour effectuer du télétravail. Concrètement, depuis le début du confinement, nous avons mis en place des binômes pérennes, qui existent encore aujourd’hui et demeureront jusqu’à la fin. Nous avons instauré des chevauchements de service pour éviter que les personnels ne se croisent au moment du retour ou du départ en service. Enfin, nous avons sacralisé les militaires en équipes jour-nuit, un fonctionnement auquel ils étaient déjà acculturés, puisque que nous l’avons mis en place en septembre dernier, dans le cadre du groupe de prévention et d’intervention de nuit. Bien évidemment, les réunions ont été remplacées par des audio-conférences, que ce soit avec le groupement ou avec les unités, pour décliner les orientations et les directives données. Je tiens d’ailleurs à souligner que les militaires de la compagnie se sont très vite adaptés à ce nouveau rythme.
D’un point de vue plus matériel, avec les moyens dont nous disposions au début, avant de recevoir les kits de désinfection et de protection, nous avons mis en place des process de nettoyage et de décontamination des véhicules. Nous avons également réorganisé les bureaux, toujours pour éviter autant que possible que les militaires ne se croisent. Les brigades demeurant ouvertes au public, nous avons créé, selon la configuration des locaux, des sas, de sorte à réguler le flux de personnes se présentant à l’accueil, avec un marquage au sol et l’affichage des gestes barrières. Nous avons également dédié un bureau spécifique aux auditions. Là encore, au regard de la priorité donnée à la mission COVID, les enquêtes judiciaires qui perdurent sont celles relevant de la flagrance ou des atteintes aux personnes.
La principale difficulté, il faut le reconnaître, tient au fait que le matériel de protection individuelle et le matériel de désinfection ne sont pas arrivés immédiatement dans les unités, mais progressivement. Aujourd’hui, nous n’avons plus de difficulté, puisque nous recevons régulièrement des masques FFP1, même si nous n’en avons pas en quantité suffisante pour passer à un port constant, du gel hydroalcoolique, ainsi que des kits de désinfection et de protection des véhicules.
Cela vous a-t-il également conduit à revoir votre manière d’opérer sur le terrain ?
Au-delà de la réorganisation du service, nous avons bien évidemment appliqué les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale autant en interne qu’au contact du public. En faisant preuve d’ingéniosité ou tout simplement de bon sens, nous avons en effet réadapté nos modes opératoires, notamment pour les contrôles de véhicules. Concrètement, nous avons très vite demandé au conducteur ainsi qu’aux passagers de ne pas baisser leur vitre et d’apposer les documents sur le tableau de bord, voire même de les afficher sur la vitre arrière du véhicule, afin qu’il n’y ait pas d’échanges de document. C’est une directive que l’on a très vite donnée à nos militaires.
Au-delà de l’aspect missionnel, comment s’organise la vie au sein des casernes ?
Comme à tout un chacun, le confinement s’impose à chaque militaire à titre individuel et aux familles qui occupent les casernes. Là aussi, la vie a dû se réorganiser. Selon la configuration des casernements, certains militaires bénéficient d’un jardin privatif, ce qui simplifie un peu le quotidien, notamment avec les enfants. En revanche, dans les casernes composées d’appartements, comme à Lille, il a fallu s’appuyer sur la responsabilisation individuelle de chacun. Concrètement, à l’extérieur, les enfants doivent toujours être sous la surveillance d’un parent, pour éviter qu’ils n’entrent en contact les uns avec les autres. Par ailleurs, les communs, les poignées de porte, les interrupteurs, les boîtes aux lettres, le portail, les portillons sont nettoyés une à plusieurs fois par jour par les résidents et le G.C. compagnie.
Parallèlement, nous avons mis en place un système d’acheminement de courses ou de besoins de première nécessité à l’attention des militaires confinés à leur domicile, soit en raison d’une suspicion de COVID, soit parce qu’ils sont vulnérables au regard d’une pathologie, afin qu’ils n’aient pas à sortir au risque de croiser du monde.
Cette solidarité, nous l’avons ressentie bien au-delà de notre institution. Nous avons été témoins de belles initiatives locales, d’élans de générosité, que ce soit de la part de particuliers ou même de collectivités territoriales. Nous avons ainsi reçu par ce biais des visières anti-projections de différents modèles, que nous utilisons à titre expérimental, avant que l’institution ne prenne le pas et nous en fournisse. Des gens nous ont également fait don de masques, que nous avons reversés à des EHPAD, à des infirmières libérales, à des pharmacies, ou encore à des maisons médicales… Au regard de la pénurie, nous préférions les donner aux personnes directement en lien avec des personnes malades.
La solidarité s’est aussi montrée à travers les médias sociaux. On peut d’ailleurs souligner l’initiative de la brigade d’Hallennes-lez-Haubourdin, qui a fait la joie d’un petit garçon atteint d’autisme, en lui faisant une surprise pour son anniversaire. Ce petit garçon nous suit depuis la création de la page Facebook de la brigade. Cet exemple illustre bien la proximité que peuvent avoir les gendarmes et les habitants de leur circonscription.
Depuis le 17 mars dernier, votre activité s’est essentiellement concentrée sur le contrôle du respect des mesures de confinement…
Les missions de contrôle du respect des mesures de confinement constituent toujours l’essentiel de nos missions. Plus de 90 % des effectifs de la compagnie y sont dédiés ; les personnels restant étant chargés des enquêtes judiciaires dans le temps de la flagrance et des atteintes aux personnes, qui nécessitent évidemment une prise en charge urgente. On note d’ailleurs une nette diminution des atteintes aux biens, même s’il en demeure.
Le 17 mars, premier jour du confinement, nous avons fait preuve de pédagogie. Face à une situation aussi inédite que celle-ci, c’était incontournable. Il fallait faire prendre conscience aux gens qu’avant toute sortie ils devaient se poser la question de la nécessité de leur déplacement, quand bien même ils étaient dans un des cas dérogatoires, le but étant de limiter la propagation du virus.
En temps normal, les gens quittent leur maison chaque jour pour aller travailler à Lille, à Roubaix ou à Tourcoing, Mais là, il sont confinés chez eux. Donc globalement, la population se concentre actuellement davantage en zone périurbaine qu’en zone urbaine. Même dans les commerces locaux, on note un afflux de population par rapport au temps ordinaire. Les gens voudraient pouvoir se rassembler chez les uns, chez les autres. C’est compliqué…
Le respect des mesures de confinement s’est fait de manière progressive, pour être globalement au final bien appliqué. Néanmoins, il demeure une partie de la population qui a du mal à respecter le confinement et qui fait preuve de mauvaise foi, se jouant de certaines failles pour s’en exonérer. Certains cas dérogatoires de sortie sont ainsi utilisés de manière exagérée, en multipliant, par exemple, sur une même journée, l’achat de produits de première nécessité. Les commerçants locaux s’en sont même fait l’écho : ils peuvent voir deux ou trois fois par jour la même personne venant chercher un seul article à la fois… Le cas le plus compliqué à faire respecter est celui de l’activité physique. Certains se sont découvert une passion pour le sport et les sorties des animaux de compagnie se sont multipliées au cours de la journée.
Sur le terrain, les contrôles ne sont pas simples. Chaque personne contrôlée fait état d’une situation différente, que nous devons appréhender avec discernement. Certaines justifications, comme le motif d’impératifs familiaux, sont parfois compliquées à vérifier… Et la bonne foi n’est pas toujours au rendez-vous ! En outre, depuis une dizaine de jours, on note une reprise d’activité de certaines entreprises, ce qui génère un flux de circulation plus important qu’en début du confinement.
Dans le cadre de cette crise sanitaire, avez-vous également intensifié votre action dans le domaine de la lutte contre les violences intra-familiales ?
Nous pressentions que cette situation de confinement serait un terreau fertile à des tensions exacerbées au sein du couple, à de l’anxiété, à de la nervosité. Le groupement a donné des directives précises dès le départ, afin de mettre en place un contact avec les victimes déjà connues, que nous étions en mesure de recenser sur la base de procédures en cours mais également de dossiers clôturés, pour lesquels il y avait eu une réponse pénale. Nous avons donc interrogé nos archives en remontant jusqu’en janvier dernier. À ces dossiers, se sont ajoutées les victimes chez qui nous intervenons fréquemment. Nous avons ainsi recensé entre 70 et 80 personnes à contacter sur la compagnie de Lille.
Dès le 25 mars, chaque unité, grâce à son référent violences intra-familiales, a pris contact téléphoniquement avec la victime. Tout l’enjeu étant que cet appel ne génère justement pas de tension, mais permette d’évaluer la situation, de savoir comment se passe le confinement au sein de la sphère familiale, et donc d’être en mesure de détecter une éventuelle situation de violence. Si la personne reste injoignable par téléphone, cela occasionne un déplacement au domicile, pour pouvoir vérifier que tout va bien, qu’il n’y a pas de traces de violence sur la personne. Dans le cas contraire, cela donne lieu à l’ouverture d’une procédure d’initiative.
Une des facettes des violences intra-familiales consiste à isoler la victime de son entourage ou d’une sphère amicale. Durant cette période de confinement, certaines victimes sont encore plus isolées et parfois même dans l’incapacité ou l’impossibilité d’appeler à l’aide. Cette démarche proactive d’aller à leur contact permet de préserver un certain lien social.
Depuis le confinement, chaque personne est ainsi contactée une à deux fois par semaine. Ce coup de fil est aussi l’occasion de rappeler tous les dispositifs existants : le 17 en situation d’urgence, le 39-19, le SMS au 114, le 119 pour l’enfance en danger. On leur rappelle aussi qu’elles peuvent alerter les pharmacies avec le mot de passe « masque 19 » et surtout que, malgré le confinement, il y a toujours la possibilité de fuir son domicile en cas de danger.
Dans les différentes actions de communication que nous menons sur le sujet, nous attirons aussi l’attention des voisins et des éventuels témoins. Nous les appelons à ne pas rester sourds face aux cris qu’ils pourraient entendre, à ne pas rester muets face à des situations dont ils pourraient avoir connaissance…
Au début, les chiffres sont restés sensiblement similaires à ceux enregistrés à la même période l’an dernier. En revanche, depuis ces quinze derniers jours, on note une petite augmentation, notamment en termes d’interventions sur ce type de faits. Le confinement, pendant lequel les gens vivent en vase clos, fait aussi émerger de nouveaux profils, que ce soit chez les auteurs ou les victimes. Là où en temps ordinaire, une dispute conjugale se serait limitée à des échanges verbaux, on note une tendance à en venir aux mains, avec des cas de violences mineures, souvent mutuelles.
La communication, notamment sur les réseaux sociaux, fait-elle aussi partie de la manœuvre opérationnelle dans cette crise ?
L’utilisation des médias sociaux est fondamentale pour faire passer les messages essentiels. Quatre des six brigades territoriales autonomes de la compagnie de Lille animent d’ailleurs chacune leur page Facebook, où elles donnent régulièrement des informations liées au respect des mesures de confinement, répondent aux questions diverses et variées de leurs abonnés sur ce que l’on peut faire et ne pas faire. Il y a également tout un volet prévention, particulièrement en matière de violences intra-familiales, que ce soit envers les femmes ou les enfants. Nous avons par exemple organisé un Facebook live spécial COVID-19, en présence Madame Florence Morlighem, députée de la 11e circonscription, au cours duquel la thématique des VIF a été largement abordée.
En cette période de crise, quelle place occupent les liens entre la gendarmerie et les acteurs locaux ?
C’est dans notre ADN que d’être en lien avec les élus locaux, mais aujourd’hui, en effet, la qualité des relations que l’on peut avoir en temps ordinaire avec eux est d’autant plus importante. Les échanges, naturellement très présents, sont d’autant plus quotidiens et primordiaux en période de crise, par exemple en termes de conseils, quand certains maires ont voulu prendre des arrêtés de couvre-feu ou souhaitaient interdire la fréquentation de certains lieux, en complément des arrêtés préfectoraux.
C’est une situation tout à fait inédite, à laquelle personne n’était préparé. Finalement, nous apprenons tous ensemble en marchant et le fait d’être constamment en lien avec les élus permet de trouver des solutions ou de mener des actions de prévention plus ciblées. À mon sens, sans la qualité des relations que l’on entretient en temps ordinaire avec nos élus, nos commerçants, les entreprises, cela aurait été encore plus compliqué…
Justement, les commerçants et les entreprises, qu’ils aient dû fermer leurs portes ou qu’ils soient restés ouverts, comme les pharmacies ou les alimentations, font partie des acteurs vulnérables de cette crise. Comment avez-vous orienté votre action pour répondre à cette problématique ?
Nous avons rapidement fait la démarche, dans le cadre du dispositif tranquillité entreprises, d’aller à la rencontre des commerçants et des chefs d’entreprise. Cette prise de contact, mise en œuvre par nos correspondants sûreté, nous a d’abord permis de vérifier si les établissements étaient ouverts ou fermés, puis de leur donner des conseils, concernant par exemple la sécurisation de leur matériel et de leurs stocks, afin de se prémunir contre d’éventuels cambriolages. À ceux qui en avaient les moyens, nous avons par exemple suggéré d’avoir recours à un vigile ou d’améliorer, le cas échéant, leurs mesures de sécurité passive.
Par ailleurs, dans le cadre des services COVID, des orientations spécifiques sont données aux patrouilles. Les gendarmes de la compagnie prennent ainsi en compte les zones commerciales, artisanales et industrielles, afin de prévenir voire de détecter d’éventuels cambriolages dans les établissements fermés. Régulièrement, ils vérifient qu’il n’y a pas eu d’intrusion et s’assurent également que les dispositifs de protection passive fonctionnent.
Sur votre secteur, êtes-vous également engagés dans le dispositif tranquillité senior ?
Sur notre circonscription, les collectivités locales sont déjà très actives au profit des seniors et il ne s’agit pas d’entrer en concurrence. Face à la crise, elles ont très vite amplifié et adapté les mécanismes existant pour venir en aide aux seniors, que ce soit pour l’approvisionnement alimentaire et en produits de première nécessité, pour l’acheminement de médicaments, ou simplement pour maintenir le lien social avec les seniors et détecter les plus fragiles.
Dans ce dispositif déjà bien étoffé, la gendarmerie s’inscrit logiquement en deuxième rideau. Bien évidemment, là encore, ce positionnement est le fruit des échanges que nous avons eus avec les collectivités et qui nous ont permis de coordonner nos actions. L’enjeu était de faire en sorte que personne ne soit oublié, tout en évitant les doublons dans les actions menées. L’engagement des collectivités locales au profit des seniors nous a ainsi permis de réorienter nos forces vers d’autres problématiques.
Justement, d’autres problématiques appellent-elles aujourd’hui, sur votre circonscription, une attention ou une action particulière de votre part ?
Nous avons en effet un point sensible sur notre secteur avec le centre pénitentiaire d’Annoeullin, qui comprend deux maisons d’arrêt, un centre de détention et un quartier de personnes radicalisées. Depuis le confinement, et particulièrement l’arrêt des parloirs, nous avons noté une augmentation des projection de colis, depuis l’extérieur, par des lanceurs, avec des stupéfiants, des téléphones, voire même des denrées alimentaires.
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est fortement accru, se produisant aujourd’hui autant de jour que de nuit. Toutes les nuits, les grillages d’enceinte du centre pénitentiaire sont découpées… Et quasiment tous les jours, nous mettons en garde à vue des personnes qui se livrent à ces projections. Ce sont majoritairement des mineurs, qui pour la plupart n’ont pas de casier judiciaire. Certains lanceurs viennent de très loin. Les détenus, qui se sont trouvés en pénurie de projeteurs en raison de la crise sanitaire, ont même fait des appels via Snapchat.
Dans le cadre des patrouilles COVID, nous effectuons donc une surveillance régulière aux abord du centre pénitentiaire, avec des points fixes temporaires et irréguliers, de sorte à détecter des auteurs de projection.
Pour autant, à l’intérieur du centre, hormis quelques mouvements de ralentissement au moment de la réintégration des cellules après la promenade, qui ont été maîtrisés par les agents pénitentiaires, la population carcérale demeure assez calme, ne nécessitant à ce jour aucune intervention de notre part.
Comment est vécue cette période par vos personnels ? Avez-vous l’occasion d’en parler ?
La réorganisation du service, qui vise à éviter les contacts entre les personnels, aurait pu être un frein aux échanges, mais le commandement fait en sorte, depuis le début, d’être très présent sur le terrain. Nous allons le plus possible au contact des militaires engagés au quotidien, en respectant bien évidemment les mesures barrières et la distanciation sociale, pour aller prendre la température.
J’ai par ailleurs des échanges réguliers avec la chaîne de concertation, afin de détecter d’éventuels problèmes et de faire évoluer le service au besoin. Les conseillers concertation sont évidemment associés à chaque audio-conférence que nous pouvons avoir avec les commandants d’unité.
D’une manière générale, les militaires sont naturellement inquiets dans le cadre de l’exercice de leur mission, mais comme tout citoyen, face à la menace d’un ennemi invisible. Ils restent néanmoins pleinement motivés et dévoués à leur mission, dont ils sont convaincus de la nécessité au regard de l’intérêt général. Ils parviennent à dépasser leur inquiétude, d’autant plus que nous avons reçu des moyens de protection et que nous avons mis en place différents process.
En revanche, une certaine forme de lassitude commence à poindre, face au caractère rébarbatif de la mission, puisque nous sommes exclusivement dédiés au contrôle du respect des mesures de confinement, et ce, dans un contexte où les contrôles sont globalement de moins en moins acceptés par la population, avec des personnes qui discutent beaucoup la légitimité du contrôle et de la verbalisation.