Ils sont appelés les « phénix ». À l’image de l’oiseau mythique, ces personnels de la gendarmerie sont parvenus à puiser en eux des ressources insoupçonnées pour rebondir après avoir vécu une épreuve physique ou psychologique traumatisante.
Chaque année, près de 70 blessés participent à l’un des quatre stages de reconstruction par le sport proposés par l’Institution. À travers des activités autour de la montagne (Esprit de cordée), de l’équitation, de la famille (Ad Refectio), et prochainement de la mer (Aqua-phénix dès 2023), les accompagnateurs tentent de les aider à retrouver un maximum d’autonomie, de confiance en eux et de faciliter également leur retour à l’emploi.
Une journée de cohésion avec les blessés
Après deux ans d’interruption du fait de la Covid, la 4e journée nationale de Reconstruction des blessés par le sport (RBS), le 15 novembre 2022, a permis de rassembler 60 personnels ayant pu bénéficier d’un tel stage au cours des deux dernières années. Dans la matinée, les phénix ont participé à une séance de kin-ball, un sport québécois accessible à tous, qui se joue avec un gros ballon et met à l’honneur la coopération et le respect des autres joueurs.
Les gendarmes blessés ont ensuite été accueillis à la direction générale de la gendarmerie, où ils ont pu assister à des conférences évoquant la RBS et ses nouveautés, ainsi que le soutien psychologique. Certains ont pu se retrouver dans des témoignages, comme celui de l’athlète Pauline Déroulède, championne de France de tennis fauteuil et espoir aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. D’autres sportifs de haut niveau de la gendarmerie avaient également fait le déplacement, à l’instar de Margaux Boulet et de Thomas Jakobs.
Une reconnaissance de la gendarmerie
« Organisée chaque année, cette journée permet la reconnaissance de l’Institution et des hautes autorités de la gendarmerie envers les personnels blessés. Elle met également en exergue les vertus positives du sport à leur égard. Les stages, adaptés à leur vécu corporel, leur redonnent souvent le goût de l’effort et de la socialisation », explique le lieutenant Franck Martineau, affecté au bureau de l’action sociale, des blessés et du handicap, et chargé de la RBS.
© Elsa VIVES SERVERA
Des vertus confirmées par le maréchal des logis-chef David, qui a participé à plusieurs de ces stages et témoigne : « J’ai été gravement blessé en 2018 dans le cadre d’une intervention sur un différend familial. Si cela va mieux sur le plan physique, j’ai gardé des séquelles psychologiques. La journée des phénix est non seulement un signe de reconnaissance de la gendarmerie, mais elle est également source de cohésion et de soutien entre camarades. C’est aussi le cas des stages auxquels ma famille et moi avons pu participer. C’est essentiel d’associer nos proches, car ils nous supportent 24h/24, et si cela ne va pas pour nous, cela ne va pas pour eux. »
Un dispositif amené à s’étendre
Mis en place dès 1997 face à l’augmentation des gendarmes blessés, le dispositif RBS n’a eu de cesse de se développer et « a vocation encore à s’agrandir », comme l’a évoqué le général de corps d’armée Bruno Jockers dans son discours introductif. En effet, le major général de la gendarmerie nationale vient de signer avec son homologue de l’armée de Terre un protocole cadrant la contribution de la gendarmerie au futur village des blessés, où ces derniers pourront être accueillis pour des stages RBS. « Notre métier présente des dangers physiques et psychiques. La gendarmerie se doit d’accompagner ses personnels les plus exposés », a-t-il ajouté.
Il en a profité pour saluer les dernières actions mises en œuvre en la matière : la création d’un guide du parcours des gendarmes blessés, « afin de ne pas rajouter des blessures administratives » ; l’organisation annuelle, dans chaque région de gendarmerie, d’une journée pour les personnels en congé pour longue maladie ou longue durée maladie, « afin d’éviter l’isolement et de remettre de l’humain dans les échanges », ou encore le lancement du nouveau stage Aqua phénix, dès le mois de mai prochain, à Argelès-sur-Mer.