Le 9 février 2023 au soir, les 105 officiers issus du rang de la promotion « Combat de Pontlieue » se sont vu remettre leurs sabres et ont été adoubés par leurs parrains. Temps fort de leur scolarité, suivie au sein de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), cette cérémonie vient consacrer ces sous-officiers, désireux de poursuivre leur carrière au sein de la gendarmerie à travers un nouvel engagement, comme officiers et chefs de demain.
Les Officiers de gendarmerie (OG-R) et Officiers du corps technique et administratif (OCTA-R) issus du rang effectuent leur scolarité au 3e groupement d’instruction de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), qui est en charge des formations courtes des officiers. D’une durée de 10 à 12 semaines, elle s’étale sur une période de six mois.
Qui sont ces officiers ?
« Un officier de la gendarmerie nationale issu du rang, c’est d’abord un sous-officier qui a une carrière importante au sein de l’Institution. On recrute les adjudants ITA (NDLR : inscrits au tableau d’avancement pour le grade supérieur), les adjudants-chefs et les majors, avec 18 ans de service au sein de l’Institution et qui veulent prendre les responsabilités liées au statut d’officier, qui aspirent à commander, à évoluer dans leur carrière. Ils passent le concours par voie interne, qui est l’un des plus beaux ascenseurs sociaux de la gendarmerie », précise le lieutenant-colonel (LCL) Frédéric Jacquet, qui commande le 3e groupement.
Si les raisons de présenter le concours sont propres à chacun, un objectif commun demeure : le désir de commander, de progresser dans la carrière. L’adjudant-chef (ADC) Arnaud, motocycliste, et le plus ancien de la promotion, l’exprime clairement : « En devenant officier, j’ai la certitude de pouvoir occuper un poste de commandement, de pouvoir manager et encadrer les équipes, c’est ce que j’aime faire. C’est une véritable chance que m’offre la gendarmerie d’occuper des responsabilités supérieures. Je redonne, avec cette formation, un second souffle à ma carrière, avec de nouveaux défis et des perspectives que je n’aurais pas eues si j’étais resté sous-officier. » L’adjudant-chef Romuald, qui est quant à lui le plus jeune, souligne également sa volonté « d’être en situation de responsabilité, tout en provoquant chez moi une remise en question profonde. » Des qualités indispensables à tout chef et qu’attend d’eux la gendarmerie.
Une formation à la fois commune et adaptée aux commandements à venir
La scolarité des officiers de la gendarmerie issus du rang est divisée de la même façon que celle des officiers réalisant une formation longue (NDLR : cette formation dure deux ans, au sein du 2e, puis du 1er groupement de l’EOGN). Cependant, elle est dispensée sur une année, de manière perlée. Elle comprend un « tronc commun », d’une durée de sept semaines, suivi d’une formation de trois à cinq semaines sur les dominantes : sécurité publique générale, maintien de l’ordre, police judiciaire et sécurité des mobilités. Parmi les stagiaires officiers, certains sont par ailleurs issus de gendarmeries spécialisées, comme la gendarmerie maritime, ou d’unités de spécialistes (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale/GIGN, Peloton de gendarmerie de haute montagne/PGHM…).
Pour en revenir au déroulé de la scolarité des OG-R, celle-ci « n’est pas une formation initiale stricto sensu, ainsi que le rappelle leur commandement de groupement. Si les stagiaires appréhendent souvent « ce retour à l’école », ils constatent rapidement qu’il est mené dans un esprit de responsabilisation. Bien sûr, il demeure certains marqueurs propres à une scolarité classique, comme l’ordre serré ou le sport, de même qu’ils redécouvrent les conditions de vie en internat, mais c’est aussi cela qui crée la cohésion de la promotion. »
L’objectif est bien de former des chefs à partir de personnels qui ont une longue et solide expérience de terrain, de leur donner les clés pour leur emploi de demain. Et c’est aussi ce qu’attendent les stagiaires : « On arrive à l’EOGN avec des doutes, des questions et des incertitudes. Tous les OG-R sont des sous-officiers expérimentés, des techniciens qui connaissent parfaitement leur métier. Nous changeons de statut, ce qui n’est pas évident. Cette formation doit nous permettre de nous préparer au mieux à nos nouvelles fonctions et de nous construire notre identité d’officier. On attend d’être guidé et accompagné », précise l’ADC Arnaud.
Un tronc commun en trois temps
L’enseignement du tronc commun se compose de trois grandes phases. « Tout commence par une première phase dite de formation au commandement opérationnel de trois semaines, pour leur redonner les bases techniques et théoriques du commandement (méthode de raisonnement tactique, élaboration des ordres, etc.), explique le LCL Jacquet. Ces dernières sont très rapidement valorisées par des mises en situation et des cas concrets, essentiellement de sécurité publique et de gestion de l’ordre public. Les élèves sont aussi mis en situation dans le cadre de direction de tir et apprennent ou revoient l’usage d’outil opérationnel à l’image des logiciels de cartographie. »
Ils sont ensuite amenés à suivre la Formation humaine de l’officier (FHO). Ils y reçoivent des cours d’éthique et de déontologie, de management, de gestion du groupe, d’écrits de service. De nombreux cours sont plus particulièrement dédiés à la gestion des Ressources humaines (R.H.), parmi lesquels un module complet sur l’outil essentiel que constitue Agorh@.
La troisième phase est une semaine commune avec leurs camarades OCTA-R, durant laquelle les grands chefs de la gendarmerie viennent à leur rencontre pour évoquer les grandes problématiques du moment qu’ils doivent maîtriser dans leur rôle d’officier : commandement et autorité, R.H., concertation, soutien psychologique, etc.
Des semaines partagées auxquelles l’ADC Christine, de la musique de la Garde républicaine, trouve une autre richesse : « Cela nous permet de rencontrer des personnes qui viennent d’horizons très variés : il y a des informaticiens, des gendarmes de haute montagne, des mobiles, des musiciens, des cavaliers, des motocyclistes… Cela nous permet d’échanger et de découvrir des domaines que l’on ne connaît pas forcément. L’ambiance est très bonne au sein de la promo, il y a beaucoup de solidarité et d’écoute. On s’entend tous très bien malgré ces horizons très divers. »
Une dominante spécifique au choix de l’affectation
Cette première étape en tronc commun se termine vers la mi-février. Les stagiaires reviendront un peu plus tard pour la formation de dominante, spécifique au choix de l’affectation qu’ils ont réalisé au mois de novembre 2022. C’est en effet l’une des particularités du recrutement des OG-R : ils se positionnent sur leur affectation avant de commencer la scolarité, ce qui leur permet de préparer précisément leur dominante une fois le tronc commun acquis. L’entrée dans le corps des officiers est également pour certains une occasion de changer cette dominante, et de s’épanouir dans un nouveau métier.
Ainsi, la seconde phase de formation est pensée pour être au plus près de leurs besoins futurs : par exemple, les gendarmes mobiles participent à un stage de trois semaines à Saint-Astier, au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG), avec leurs camarades du 1er groupement. Après une partie commune, les stagiaires se destinant à la gendarmerie départementale seront, quant à eux, répartis selon leurs affectations sur des séquences spécifiques de brigade ou de peloton de surveillance et d’intervention, etc. Il en va de même pour ceux qui rejoindront des unités de police judiciaire ou de sécurité routière.
La dernière particularité concerne les militaires très spécialisés, comme ceux du GIGN ou de la gendarmerie de haute montagne : pour eux, pas de scolarité en dominante à l’EOGN, mais des stages proposés par leur formation administrative, validés par l’EOGN. Le parcours de formation de l’intéressé est alors évalué par un tuteur.
La spécificité des OCTA-R
Les OCTA-R sont déjà lieutenants depuis le 1er août 2022. À ce titre, leur formation a débuté dès le mois de juin 2022. Si elle est spécifique, il n’en demeure pas moins qu’elle recouvre certains domaines d’enseignement des OG-R, jusqu’à la méthode de raisonnement qui se décline ici en Méthode de raisonnement logistique (MRL). Depuis cette année, leur retour à l’EOGN, à l’occasion de la période commune avec les OG-R, est avancé d’une semaine afin de densifier leur formation.
Ils termineront ce cycle de formation au cours du mois de mai 2023, à l’occasion d’un stage LOG-OPEX à l’école militaire de Bourges, qui se réalisera avec les officiers élèves OCTA du 1er groupement de l’EOGN.
En résumé, l’objectif du commandement et des cadres de contact est d’ajuster au mieux les enseignements dispensés, avec quelques attendus clairs, comme le précise le lieutenant-colonel Jacquet : « Je considère que j’ai déjà affaire à des professionnels de la gendarmerie nationale, venus chercher des aptitudes et des savoir-faire particuliers, afin d’appréhender leur statut d’officier et les responsabilités afférentes. Cela implique assiduité, participation, curiosité et esprit d’entraide. J’attends surtout d’eux qu’ils prennent la hauteur de vue qui devra être la leur quand ils embrasseront leur nouvelle fonction de chef. » Et assurément, ils sont au rendez-vous !
Au-delà de la formation, une vraie vie de promotion et la préparation de la cérémonie des sabres
Mais ce passage à l’EOGN est aussi pour eux le moment de « s’approprier leur école », selon les mots d’accueil du général de division Laurent Bitouzet, commandant de l’École, et de créer une véritable vie de promotion.
« Sur l’aspect formation, ils sont à l’écoute, ont compris les enjeux et veulent s’y préparer au mieux. Mais ils ont aussi créé un véritable esprit promo, et c’est tout à leur honneur. Ils prévoient des rendez-vous hebdomadaires et se créent des espaces de partage plus festifs pour créer de la cohésion », souligne le lieutenant-colonel Jacquet. Cela s’incarne à travers un bureau promotion dynamique et investi, qui a su donner la juste impulsion afin que chacun contribue naturellement à l’œuvre collective. Ainsi, au cours de la semaine du 13 février 2023, aura lieu le défi social du 3e groupement, qu’ils ont organisé et qui sera ouvert à toute l’École. Il prendra la forme d’une course en relais de 25 kilomètres, dont les bénéfices seront versés à l’association des Képis Pescalunes.
Au cours de cette scolarité, les futurs officiers préparent également la cérémonie de remise des sabres, temps fort au cours duquel ils seront adoubés selon l’héritage de la tradition chevaleresque, à l’image de tous les officiers. La préparation commence dès le début de la scolarité, car l’apprentissage de l’Ordre serré (O.S.) sabre demande rigueur, minutie et cohésion. C’est un travail à la fois individuel et collectif, en vue de vivre ce moment solennel à la symbolique forte, comme le souligne leur commandant de groupement : « La cérémonie de remise des sabres constitue l’un des points clés de la formation dans sa partie traditions, et un temps fort de transmission opérée par des parrains souvent choisis parmi leurs chefs, désireux de les accompagner dans leur réflexion sur leur changement de statut. Cette remise des sabres vient enfin signifier l’engagement qui est le leur de devenir des chefs, des officiers de la gendarmerie nationale, avec tout ce que cela implique. »
Pour l’ADC Arnaud, « cela marque également mon engagement à respecter les valeurs de courage et d’exemplarité qui guideront mon action. »
Mais c’est aussi un engagement devant leurs familles, leurs proches, leurs pairs. « Il y aura mon épouse, des amis, des chefs qui ont tous été inspirants et qui sont en partie responsables de ma présence à l’EOGN maintenant. Ils seront dans les tribunes et je serai ému d’être adoubé devant eux, c’est un vrai honneur », confie avec fierté l’adjudant-chef Romuald.
C’est donc en cette belle et froide soirée du 9 février que les 105 stagiaires officiers issus du rang de la promotion « Combat de Pontlieue » se sont vu remettre leur sabre, sur la place d’armes de l’École des officiers de la gendarmerie nationale. Sous la présidence du général d’armée Bruno Jockers, Inspecteur général des armées-gendarmerie (IGAG) et en présence de nombreuses autorités civiles et militaires, de leurs camarades des 1er et 2e groupements, mais aussi devant leurs familles, les OG-R et les OCTA-R sont ainsi entrés, par cet acte symbolique, dans le corps des officiers de la gendarmerie.
Face au bâtiment de l’école, éclairé aux couleurs du drapeau national, au son du tambour de la Garde républicaine, chaque parrain a adoubé son filleul, avant de lui transmettre son sabre, illustrant des valeurs fortes d’abnégation, de courage et d’exemplarité, et un engagement sur le long terme. Le général d’armée Bruno Jockers a alors pris la parole afin de leur rappeler tout le sens de ce dernier : « Être officier n’est pas une fonction comme une autre, c’est un état d’esprit, c’est le choix d’une vie ». Mais également que s’ils ne devaient retenir qu’une chose c’est qu’« être chef, c’est savoir donner du sens à l’action. »
Que les sabres leur soient remis !
Source: gendinfo.fr