À l’initiative de l’adjudant Stéphane, moniteur EPMS qualifié sport blessés, en lien avec la sous-direction de l’accompagnement du personnel, et avec le soutien de l’école de gendarmerie de Montluçon, de l’association des Phénix de la gendarmerie et de la Fondation Maison de la gendarmerie, une vingtaine de blessés militaires, dont six gendarmes, ont vécu la grande aventure du Tour de France 2023, en parcourant à vélo la fin des étapes des 11 et 12 juillet, en Auvergne.
Les spectateurs des 10e et 11e étapes du Tour de France 2023, qui se sont respectivement courues entre Vulcania et Issoire, le 11 juillet, puis Clermont-Ferrand et Moulins, le lendemain, ont eu la surprise de voir un peloton inattendu franchir la ligne d’arrivée, une heure et demie avant le passage de la caravane du Tour de France et trois heures avant les coureurs professionnels.
Un gruppetto fort de dix-huit cyclistes le premier jour, dont six gendarmes, ayant pour point commun, outre leur statut militaire, de se relever d’une blessure, physique ou psychologique. Des coureurs rejoints le lendemain par cinq blessés du Cercle sportif de l’institution nationale des Invalides (CSINI).
L’objectif de cette opération, organisée dans le cadre du dispositif de la Reconstruction des blessés par le sport (RBS) : parcourir en équipe les deux fins d’étape, soit respectivement 35 et 45 km, dans les mêmes conditions que les coureurs professionnels (le groupe bénéficiant de l’encadrement de deux voitures d’ASO en ouverture et fermeture de peloton, ainsi que de deux motocyclistes gendarmerie et deux motards ASO, dévolus à la sécurité sur le Tour, NDLR) et franchir tous ensemble la ligne d’arrivée.
« Un défi sportif individuel, mais dans un collectif »
« Un défi sportif individuel, mais dans un collectif, avec l’idée de fonctionner ensemble ! », souligne l’homme à l’initiative de ce projet, l’adjudant Stéphane, moniteur EPMS (Entraînement Physique Militaire et Sportif) au sein de l’école de Châteaulin, et par ailleurs qualifié sport blessés. Outre le challenge sportif, ce dernier a vu dans le Tour de France, et plus particulièrement dans son retentissement médiatique et l’engouement qu’il suscite auprès du public, une vitrine intéressante pour le dispositif de RBS, ainsi qu’un défi supplémentaire pour les blessés, à travers la dimension psychologique multifactorielle que le défi revêt.
« L’idée était d’aller sur un grand événement français qui dépasse nos frontières. Le Tour de France m’a semblé être le cadre idéal, poursuit le militaire, qui fourmille d’idées pour soutenir les blessés dans leur parcours de reconstruction et leur redonner confiance. Faire faire du vélo aux blessés était relativement facile, mais avec cette dimension particulière, et non des moindres, liée au public présent tout au long de l’étape, et notamment sur la ligne d’arrivée, forcément une telle mise en lumière pouvait les porter mais aussi les stresser un peu, avec, toujours, cette notion sous-jacente d’échec, particulièrement en étant si exposés. C’est pourquoi nous étions accompagnés pendant les deux jours par une psychologue clinicienne de la région Auvergne. »
Un accueil extraordinaire d’ASO…
Il aura fallu près de deux ans et demi de labeur et de démarches pour voir le projet aboutir, avec le soutien de la Sous-direction de l’accompagnement du personnel (SDAP), qui a pris en charge le volet officiel, tandis que l’adjudant gérait la partie technique, comme les relations avec ASO, la société organisatrice du Tour de France, ou encore le volet logistique (hébergement) avec l’école de Montluçon.
« En plus des sept stages que nous réalisons au profit de nos blessés tout au long de l’année, pour permettre la reconstruction de leurs blessures, à la fois physiques et psychiques, mais aussi une resociabilisation, une réinsertion dans leur unité, et les amener à dépasser le traumatisme de la blessure, nous organisons des événements autour du sport, qui vont leur permettre d’être valorisés, de reprendre confiance en eux, comme la course des gendarmes et des voleurs de temps en juin dernier, et le Tour de France ces 11 et 12 juillet. Ce sont vraiment des moments solidaires, d’entraide et de cohésion très importants pour l’Institution et pour nos phénix, qui ont été blessés dans leur chair, blessés dans leur esprit, et qui, à travers notre dispositif militaire de reconstruction des blessés par le sport, retrouvent confiance en eux, et leur pleine place au sein de la gendarmerie », insiste le colonel Gwendal Durand, sous-directeur de l’accompagnement du personnel, appelant tout le monde à se rassembler derrière le hashtag « #AvecNosBlessés ».
Une fois l’action validée par le SDAP, un appel à volontaires a donc été émis par la Section sociale, de l’accompagnement des blessés et du handicap (SSABH), à l’attention des blessés de l’Institution. Dix ont répondu présent. Puis, au gré des blessures survenues dans le cadre de la préparation et autres empêchements, six se sont finalement présentés sur la ligne de départ, représentant à cette occasion l’ensemble des blessés de la gendarmerie.
Six phénix, porteurs de cette symbolique de la renaissance et de cette possibilité de se reconstruire, qui ont été rejoints par des camarades des armées.
« À l’origine, c’était un projet purement gendarmerie, puis les Armées nous ont contactés afin de se raccrocher à notre dispositif et bénéficier des prestations offertes par ASO. Cela nous a permis de former un peloton plus important, regroupant des blessés interarmes, et donc d’avoir une plus grande portée et un intérêt accru pour les blessés », note l’adjudant Stéphane. Et le militaire de souligner « l’accueil extraordinaire » réservé par ASO, dont le directeur Christian Prudhomme a décidé, au vu du travail de la gendarmerie sur le Tour, d’offrir l’intégralité des prestations aux blessés. Le projet a également bénéficié du soutien financier de la Fondation Maison de la gendarmerie, qui a permis l’achat des tenues (lesquelles arborent le logo de la FMG sur le torse, un phénix sur le dos et la rondache de la RBS gendarmerie sur le bras), mais également de l’Association des Phénix de la gendarmerie, créée le 7 février 2023, et, enfin, de l’école de Montluçon, pour la partie logistique.