Pensées suicidaires, anxiété, dépression… Une étude de Santé publique France montre que la santé mentale des Français continue de se dégrader en 2023, en particulier chez les jeunes de 18-24 ans.

À partir des données de surveillance d’hôpitaux et de SOS Médecins, Santé publique France constate que les recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires ont fortement augmenté depuis 2021 et restent à un niveau élevé en 2023. Cette hausse s’est même poursuivie chez les jeunes de 18-24 ans. Dans cette tranche d’âge, ils étaient 20,8% à être concernés par la dépression en 2021, contre 11,7% en 2017.

L’agence sanitaire a, par ailleurs, publié les résultats de ses dernières vagues d’enquête Coviprev, mises en place depuis 2020, qui permettent de suivre l’évolution de la santé mentale des Français.

Les jeunes ne prennent pas soin de leur santé mentale

Entre mai et septembre 2022, plus de 7 personnes sur 10 (74%) déclarent prendre soin de leur santé mentale. Cette part augmente avec l’âge : les jeunes se préoccupent ainsi moins de leur bien-être mental que leurs aînés (64,7% pour les 18-24 ans, contre 81,8% pour les 65 ans et plus).

Les jeunes sont aussi moins nombreux à penser qu’ils peuvent agir sur leur état psychologique (78,5%, contre 85,4% pour l’ensemble des personnes interrogées) et croient moins fréquemment en l’existence de solutions efficaces pour soigner l’anxiété ou la dépression. Plus les personnes avancent en âge, plus elles ont tendance à croire en l’existence de solutions efficaces.

Le soutien de l’entourage (67,4%) et la psychothérapie (50,5%) figurent parmi les solutions jugées comme étant les plus efficaces pour soigner la dépression ou l’anxiété, loin devant le recours à un traitement médicamenteux (22,4%) ou à l’hospitalisation (7,1%).

L’enquête de Santé publique France relève aussi des écarts en lien avec le statut socio-économique. Les inactifs déclarent moins souvent prendre soin de leur santé mentale (67,2%) que les autres catégories socioprofessionnelles (75,5% pour les CSP+).

Les motifs les plus fréquemment évoqués par les personnes interrogées pour ne pas prendre soin de leur santé mentale relèvent soit d’un manque de motivation (ne pas y penser, ne pas avoir le temps ou l’envie) ou encore d’un manque de connaissances sur les comportements à adopter. Les femmes citent plus souvent le manque de temps et le fait de ne pas s’en sentir capable, tandis que les hommes évoquent davantage le fait que ce n’est pas utile et que ça ne sert à rien. Les 18-24 ans avancent le fait de ne pas savoir comment faire ou de ne pas s’en sentir capable.

Des freins à la consultation de professionnels

42% des personnes interrogées estiment que le prix est un frein à la consultation d’un psychiatre, psychologue ou psychothérapeute en cas d’anxiété ou de dépression. En plus du prix, les difficultés à se confier, ainsi que la peur que l’entourage l’apprenne, apparaissent comme des freins importants à la consultation, notamment chez les 18-24 ans.

L’enquête révèle, par ailleurs, que les jeunes sous-estiment les bienfaits sur leur santé mentale d’avoir une vie sociale, des loisirs et une bonne hygiène de vie (sommeil, alimentation, activité physique…).

Santé publique France préconise de :

  • communiquer sur l’importance de la santé mentale pour la santé globale, en particulier en direction des jeunes, des inactifs et des personnes présentant un trouble anxieux ou dépressif ;
  • sensibiliser sur les activités et les comportements bénéfiques à la santé mentale tels que la réduction de la consommation d’alcool et de tabac, la pratique de la relaxation ou de la méditation et l’engagement pour les autres ;
  • déstigmatiser le fait de parler de sa santé mentale à son entourage ou à des professionnels de santé ;
  • communiquer sur les différents recours et leur efficacité (psychothérapie, médicaments, hospitalisation…) ;
  • informer sur les pratiques des différents professionnels de santé mentale et favoriser le recours à ces professionnels.

Source: vie-publique.fr