La Cour des comptes a présenté les conclusions d’une mission flash sur l’état des finances du système de retraite. Le rapport constate que sans modifications le déficit du système atteindra près de 15 milliards d’euros en 2035, puis autour de 30 milliards d’euros en 2045. Il aborde d’éventuelles réformes pour équilibrer le système.

Le rapport « Situation financière et perspectives du système de retraites » a été remis le 20 février 2025 au Premier ministre ainsi qu’aux organisations syndicales et patronales chargées de rouvrir les échanges sur les retraites au sein d’une « délégation permanente des partenaires sociaux« .

Aujourd’hui, la France consacre 13,8% de son produit intérieur brut (PIB) aux dépenses de retraites soit 388,4 milliards d’euros, dont les deux tiers proviennent des cotisations sociales.

Un excédent en 2023 mais une dégradation prévue à l’horizon 2045

En 2023, le solde du système des retraites a été excédentaire à hauteur de 8,5 milliards d’euros. Selon la Cour, cet excédent résulte de la contention des dépenses permise par les réformes depuis 2003 (recul de 2 ans et 2 mois de l’âge réel de départ à la retraite) et de l’inflation qui s’est d’abord répercutée sur les recettes reposant en majorité sur les salaires (les pensions sont indexées sur l’inflation avec un an de décalage). Ce décalage a ainsi produit une amélioration provisoire de la situation financière des retraites.

À l’horizon 2045, et malgré les effets de la réforme des retraites de 2023, la Cour prévoit un déficit de 30 milliards d’euros. Ce déficit serait essentiellement concentré sur le régime général alors que le régime des non-salariés et les régimes complémentaires devraient conserver un solde positif. La situation du régime des fonctionnaires devrait rester stable, le nombre de fonctionnaires retraités ainsi que le montant de leur pension diminuant après 2028. En 2045, la Cour estime que la dette du régime général devrait s’élever à 350 milliards d’euros.

Les effets de la réforme des retraites de 2023

En réhaussant l’âge légal de départ à la retraite, la réforme devrait logiquement réduire le nombre de personnes à la retraite avec un effet maximal en 2032. Après 2040, la Cour estime que l’effet de la réforme serait amoindri : l’âge de départ à la retraite devrait se stabiliser, la durée moyenne passée à la retraite devrait réaugmenter grâce aux gains d’espérance de vie (après une diminution pour les générations nées entre 1965 et 1970). En outre, le niveau de vie des retraités deviendrait inférieur en moyenne à celui des actifs.

Combiner les différents leviers pour un effort équilibré

Pour garantir l’équilibre financier sur le long terme du régime de répartition, la Cour des comptes analyse les conséquences des « principaux leviers » d’action sur le financement des retraites :

  • jouer sur l’âge d’ouverture des droits à la retraite qui peut avoir un effet puissant mais à court terme ;
  • agir sur la durée d’assurance (trimestres de cotisation) ce qui peut produire un effet moindre mais mieux étalé dans la durée ;
  • augmenter les taux de cotisation mais cette mesure porte un risque pour la croissance ;
  • revoir les conditions d’indexation des pensions sur l’inflation pourrait être un levier efficace.

Source: vie-publique.fr