Une convention entre la gendarmerie nationale et l’UNESCO a été signée au siège de l’UNESCO, à Paris, le 25 mars 2025. Cet accord vient entériner un partenariat de formation au profit des agents francophones de l’ONU, lancé en 2019, afin de lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
« Nous sommes réunis ici ce jour pour renouveler le partenariat unique entre le ministère français de l’Intérieur, représenté par la gendarmerie nationale, et l’UNESCO. Ce partenariat, établi en 2019, est un exemple de l’excellente coopération qui existe entre l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, et la France, hôte du siège de l’UNESCO. Nous le renouvelons aujourd’hui, au moment où se clôture la semaine de la francophonie, pour qu’il continue de renforcer les capacités des enquêteurs francophones [de l’ONU, NDLR] à lutter contre les abus sexuels, le harcèlement, les agressions et violences sexistes […]. Notre organisation et les agences onusiennes participantes sont heureuses de pouvoir compter depuis plusieurs années sur le soutien du ministère de l’Intérieur et le savoir-faire des experts de la gendarmerie nationale française, dont la réputation est mondialement reconnue », a déclaré le matin du 25 mars 2025 Madame Jennifer Linkins, sous-directrice générale en charge de l’administration à l’UNESCO.
Le général de corps d’armée Laurent Bitouzet, Commandant les écoles de la gendarmerie nationale (CEGN), a rappelé l’engagement de la gendarmerie nationale, au sein du ministère de l’Intérieur, à poursuivre « cette coopération, cet accueil de vos agents, peut-être dans des dimensions plus importantes s’il y a des besoins. Nous étudions la possibilité d’élargir le panel des participants ou le nombre de sessions […]. »
Quelques instants plus tard, le général Laurent Bitouzet et Monsieur Bernardin Assienne, directeur de la division des services de contrôle interne de l’UNESCO, ont signé la convention qui marque le renforcement du programme de formation, en présence du directeur général adjoint de l’UNESCO, Monsieur Xing Qu, de Madame Jennifer Linkins, du général de division Dominique Lambert, sous-directeur de la police judiciaire, du général Stéphane Lacroix, chargé de mission auprès du Directeur général de la gendarmerie nationale, et du colonel Emmanuel Bobo, chef du Centre national de la formation au renseignement et à l’investigation (CNFRI).
Une collaboration efficace
Le premier cycle de stages, d’une durée de trois semaines et dédié aux techniques d’enquête, a débuté en 2019 au CNFRI, à Rosny-sous-Bois. Il s’étend sur trois ans. Conçu à partir des formations réalisées au profit des unités de recherches de la gendarmerie, il s’adresse aux enquêteurs des agences francophones de l’ONU, qui bénéficient de ce savoir-faire de manière à la fois progressive et dense.
Ces agents sont amenés à conduire des enquêtes internes dans un cadre administratif, pour tout ce qui concerne des faits de violences sexuelles ou de harcèlement sexuel : un métier d’enquêteur à part entière mais dans un cadre différent. « Au cours de ce stage, nous leur dispensons une présentation théorique des techniques que nous appliquons en gendarmerie, puis nous les mettons en situation de façon pratique et ils s’auditionnent entre eux. Chaque mise en situation donne ensuite lieu à un débriefing. Cette première semaine est déjà assez dense », explique le colonel Bobo.
Cette formation est très prisée des agents de l’ONU, dont les profils sont très variés. Ils ont tous une expérience dans le civil comme magistrats, journalistes, policiers ou même gendarmes, qu’ils ont acquise avant de rejoindre l’ONU. « Ils ont choisi cette filière d’enquête interne, que l’on pourrait comparer à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), et se montrent particulièrement demandeurs de cette formation, poursuit le chef du CNFRI. Nous avons vingt places pour le stage, pour environ 80 candidats. Il y a aussi eu beaucoup de bouche-à-oreille en plus des appels à volontaires. »
Ces stagiaires, qui viennent de nombreuses agences réparties dans plusieurs pays différents, parlent plusieurs langues et posent des questions ou exposent des cas pratiques inspirés d’expériences réelles très variées, ce qui rend « ce stage particulièrement interactif avec nos formateurs, qui se doivent d’être très pointus », ajoute l’officier supérieur.
Sur le plan du contenu, comme lors du premier cycle, la première semaine de formation est dédiée aux techniques d’audition de majeurs, la deuxième est orientée sur les auditions de mineurs, et la dernière se concentre sur le contact avec un agent de renseignement.
De leur côté, les stagiaires saluent la pertinence des enseignements reçus, adaptés à leurs besoins. « Les connaissances que l’on nous apporte sont vraiment poussées, que ce soit sur les aspects théoriques ou pratiques, déclare Laura, de la FAO. Il y a une vraie expertise de terrain, du fait de la diversité et de la gravité des affaires auxquelles les gendarmes sont confrontés. […] Les exercices sont concrets et très bien faits. Bénéficier de tous ces savoirs pour améliorer nos techniques d’enquête, je trouve cela très précieux. » Ce que confirme également Laëtizia, ancienne juriste travaillant également pour la FAO, qui cherchait depuis 3 ans à décrocher une place pour ce cycle. « Je n’avais pas reçu de formation auparavant. Je me suis toujours un peu basée sur mon bagage juridique et mon intuition. […] Ici, j’apprends beaucoup de choses concrètes auxquelles je n’aurais pas pensé, des conseils que je pourrai aussi donner aux autres », ajoute-t-elle.
Un partenariat à poursuivre
La convention signée le 25 mars vient entériner et pérenniser une coopération dont toutes les parties prenantes se disent particulièrement satisfaites et qui a vocation à évoluer.
Le général Laurent Bitouzet a rappelé que « ces formations sont constamment revues et actualisées, à partir de ce qui se passe sur le terrain, à partir des besoins de vos agents dans leur quotidien. Elles sont nourries par nos méthodes d’enquêtes internes et nous permettent d’aboutir à d’autres approches sur des sujets tels que celui des violences sexuelles et sexistes. Par ailleurs, les échanges à l’international, notamment grâce à notre réseau d’attachés de sécurité intérieure, piloté par la DCIS et par le cabinet du DGGN, nous permettent également de trouver comment adapter les formations proposées aux besoins rencontrés. Nous allons continuer à mettre à jour cette formation et à développer notre collaboration auprès de l’UNESCO et des autres agences de l’ONU, afin de pouvoir mieux encore diffuser l’offre internationale de formation de la gendarmerie. » Cette offre qualitative et efficace est reconnue, comme en atteste le renouvellement de la convention.
De son côté, Bernardin Ascienne, également responsable de la fonction d’enquête au sein de l’UNESCO, dévoile ses attentes et ses objectifs pour les années à venir : « Nous attendons de cette formation un renouvellement du point de vue du contenu, mais également la possibilité d’étendre le champ d’action, compte tenu des compétences de la gendarmerie nationale sur d’autres sujets qui rejoignent les préoccupations des Nations unies, notamment les enjeux de corruption ou de trafic illicite de biens culturels. Nous pouvons envisager d’élargir notre collaboration, afin que la gendarmerie nationale continue d’être un partenaire technique de référence pour l’UNESCO, dans la durée et au-delà, pour l’ensemble du système des Nations Unies. »
Source: gendinfo.fr