L’Agence de la transition écologique (Ademe) a publié la première étude analysant les effets de l’éco-anxiété sur la santé mentale des Français. Selon l’Ademe, en 2024, 2,1 millions de Français se déclarent très fortement éco-anxieux. Face à ce constat, l’étude propose des pistes pour prendre en charge cette anxiété croissante.
« Les formes les plus aiguës d’éco-anxiété se manifestent par des ruminations permanentes quant à la crise environnementale et à ses conséquences existentielles, des symptômes affectifs intenses, tels que l’inquiétude, la peur et l’anxiété, le sentiment de ne pas en faire suffisamment pour la planète et pour les cas les plus extrêmes un isolement social, une difficulté à dormir et à vivre sereinement« , précise l’Ademe.
Si la majorité de la population en France est peu, très peu ou pas du tout éco-anxieuse, 4,2 millions de personnes sont fortement ou très fortement éco-anxieuses (au point d’avoir un suivi psychologique). Parmi elles, 420 000 ont un risque de « basculer vers une psychopathologie (dépression réactionnelle ou trouble anxieux)« . C’est le constat d’une étude de l’Observatoire de l’éco-anxiété qui a été publiée par l’Ademe le 15 avril 2025. Cette étude a été réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 998 Français âgés de 15 à 64 ans, du 26 août au 4 septembre 2024.
L’éco-anxiété touche toutes les catégories sociales
« Aucune catégorie sociodémographique n’est épargnée par l’éco-anxiété« , souligne l’étude. Toutefois, le degré d’inquiétude varie selon :
- le sexe : les femmes sont davantage éco-anxieuses mais les hommes sont plus susceptibles de présenter des symptômes sévères ;
- l’âge : les 25-34 ans sont les plus touchés (40% d’entre eux présentent un score d’éco-anxiété égal ou supérieur à la moyenne) tandis que les 50-64 ans sont moins concernés par les formes sévères ;
- le niveau de diplômes : les diplômés d’au moins bac+3 sont les plus anxieux et les personnes sans-diplômes le sont moins ;
- la catégorie sociale : les retraités sont les moins touchés alors que les agriculteurs sont les plus éco-anxieux ;
- le lieu d’habitation : vivre dans une grande ville où les températures sont plus élevées et la pollution plus importante accentue l’éco-anxiété et l’intérêt pour les enjeux environnementaux. Les habitants d’Ile-de-France et du Centre-Val de Loire sont les plus anxieux.
Néanmoins, 5,7% de la population n’est pas du tout anxieuse face à la crise environnementale, selon l’Ademe. Présent dans toutes les catégories sociales, l’éco-indifférent correspond plutôt à certains profils :
- un homme (59% contre 41% pour les femmes) ;
- surreprésenté parmi les bac+2, sous-représenté parmi les bac+4/5 et les CAP/BEP ;
- vivant dans une commune rurale de moins de 2 000 habitants (32% contre 24%) ;
- surreprésenté en Bretagne et dans le Grand Est et sous-représenté en Ile-de-France ;
- n’ayant pas d’intérêt pour l’environnement.
L’action pour l’environnement : une solution contre l’anxiété ?
L’action, via l’éco-engagement, rassure l’éco-anxieux et apaise son éco-anxiété pointe l’étude. À cet effet, promouvoir des actions concrètes facilement applicables et communiquer les « bonnes nouvelles« permettent de limiter l’inquiétude en visualisant un « futur plus désirable« . Valoriser la personne anxieuse comme étant lucide ou clairvoyante, favorise aussi la mobilisation et la résilience face aux risques.
Par ailleurs, l’étude préconise de reconnaitre l’éco-anxiété comme un enjeu de santé mentale et de santé publique. L’Ademe propose de réfléchir à une prise en charge adaptée selon les niveaux d’anxiété en :
- formant les médecins généralistes, les psychiatres et les médecins du travail pour qu’ils identifient et orientent les éco-anxieux ;
- créant un réseau de coordinateurs formés aux enjeux de l’éco-anxiété ;
- sensibilisant les employeurs sur les risques psychosocio-environnementaux, pour une mise en place de plans de prévention des risques.
Source: vie-publique.fr