Ces 25 dernières années, les dépenses militaires de la France ont stagné autour de 2% du produit intérieur brut (PIB). Face à la crainte d’un désengagement américain en Ukraine et à une menace russe durable, l’effort de défense pourrait être porté à 3,5% du PIB, voire à 5%. Mais comment financer ce réarmement et les autres priorités de la France ?
France Stratégie a publié, le 19 mai 2025, une note relative au financement de la défense d’ici à 2030.
Un effort financier conséquent
La note rappelle que la loi de programmation militaire (LPM) du 1er août 2023 prévoit une croissance des dépenses de défense françaises sur la période 2024-2030 de 3,2 milliards d’euros courants en moyenne chaque année. Le budget de la « mission défense » (hors pensions) devrait s’élever à 67,4 milliards d’euros courants en 2030 (soit 2% du PIB d’après les calculs de France Stratégie).
Selon les termes de la publication, « cela impliquerait de porter le budget total consacré à la défense à environ 2,3% du PIB en 2030, en tenant compte des autres dépenses et notamment des pensions militaires. »
À l’heure actuelle, la France envisage d’aller au-delà des hausses prévues dans la LPM d’ici 2030. Une cible à 3,5% du PIB impliquerait un doublement des dépenses de défense par rapport à 2024. Comme le rappelle France Stratégie, le dernier effort de défense à hauteur de 3,5% du PIB remonte à 1970 et il faut retourner à 1962 pour trouver un effort de défense à 5% du PIB.
Différents modes de financement
La note présente quatre principaux leviers pour financer le réarmement à hauteur de 3,5% du PIB (tout en tenant compte d’une augmentation des dépenses liées à la transition écologique d’un point de PIB, ces engagements relevant d’obligations légales) :
- la maîtrise des dépenses publiques, ce qui impliquerait des réductions inédites dans certains domaines (notamment les prestations sociales ou la fonction publique) ;
- une hausse des impôts (la hausse nécessaire représenterait une hausse de près de 2 points de TVA chaque année pendant cinq ans) ;
- une hausse du taux d’emploi en particulier chez les jeunes, les travailleurs les moins qualifiés, les seniors et les femmes (il faudrait augmenter le taux d’emploi de 4,7 points en cinq ans, soit une hausse d’environ 1,9 million d’emplois) ;
- le recours à un financement européen, via un endettement commun au niveau de l’Union européenne.
Selon la publication, le recours à un levier unique « semble peu crédible tant l’ampleur (et la vitesse) dans l’usage de chacun de ces leviers serait conséquente et inédite ». Pour France Stratégie, « le juste équilibre entre ces différents leviers devra faire l’objet d’un débat démocratique. »
Source: vie-publique.fr