TikTok, application mobile de partage de vidéos, compte environ 25 millions d’utilisateurs actifs mensuels en France. Fin 2024, plusieurs familles ont déposé plainte contre le réseau social devant la justice française. Elles accusent notamment la plateforme de « provocation au suicide » ou de « propagande ou publicité de moyens de se donner la mort ».
L’Assemblée nationale a publié, le 11 septembre 2025, le rapport de la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.
« L’algorithme de TikTok, un mécanisme qui broie »
Selon le rapport, « tout démontre que l’algorithme de TikTok pousse au pire, isole, enferme, détruit ».
TikTok se distingue des autres réseaux sociaux par :
- une exposition à la publicité très importante (jusqu’à près d’une vidéo sur trois) ;
- des contenus beaucoup plus courts et potentiellement plus viraux ;
- un algorithme plus enfermant (il est difficile de le corriger, de le forcer à s’ouvrir à d’autres centres d’intérêt, d’autres tendances et d’autres cercles de contacts).
Les anciens modèles des réseaux sociaux demandaient à l’utilisateur de choisir parmi plusieurs contenus et de s’abonner à des comptes pour accéder à leurs publications futures. Avec le modèle développé par TikTok l’utilisateur est passif et n’opère plus aucun choix mis à part celui de passer au contenu suivant.
Parmi les jeunes interrogés par la commission d’enquête, 72% des 16-18 ans et 64 % des 12-15 ans consultent TikTok au moins une fois par jour.
Le ciblage algorithmique de TikTok conduit à des thématiques liées aux vulnérabilités psychologiques des jeunes. Il les entraîne dans une spirale de contenus néfastes voire dangereux pour eux, notamment liés à la dépression, au suicide, à l’automutilation ou aux troubles du comportement alimentaire.
Par ailleurs, la plateforme favorise, par les mécanismes de viralisation des contenus problématiques, la diffusion d’idéologies politiques contraires aux droits humains : racisme, antisémitisme, glorification du terrorisme, sexisme…
Quelles mesures pour mieux protéger les mineurs ?
Le rapport ne préconise pas le blocage pur et simple de la plateforme. L’interdiction générale et absolue de TikTok porterait une atteinte disproportionnée à certains droits et libertés : libre communication des pensées et des opinions, liberté d’expression, droit à la vie privée et familiale et liberté du commerce et de l’industrie.
Le rapport recommande toutefois d’élargir le champ des obligations pesant sur les plateformes en matière de lutte contre les contenus illicites en y intégrant explicitement la propagande ou la publicité en faveur de moyens de se donner la mort.
Le rapport est favorable à une interdiction avant l’âge de 15 ans de l’accès aux réseaux sociaux dont l’objet principal n’est pas l’échange de messages. Cette limite pourrait être fixée à 18 ans si, dans trois ans, les réseaux sociaux ne respectent pas de façon satisfaisante leurs obligations juridiques et/ou s’avèrent représenter pour les mineurs des risques importants et persistants.
Pour les parents irresponsables, le rapport préconise la création d’un délit de négligence numérique complétant l’article 227-17 du code pénal,.
D’après le rapport, la prévention face aux dangers des réseaux sociaux est un axe à part entière de l’accompagnement de la parentalité. Les centres de protection maternelle et infantile (PMI) devraient être davantage mobilisés dans cette démarche.
Enfin, la commission d’enquête appelle à adapter l’offre de soins psychologiques et psychiatriques aux défis posés par les réseaux sociaux et à renforcer la détection précoce des troubles psychiatriques chez les mineurs.
Source: vie-publique.fr