Un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) pointe les dérives de l’exportation massive de textiles usagés hors de l’Union européenne. La mission appelle notamment à renforcer la prévention, le contrôle et le traitement de ces déchets en France et en Europe.
Dans un rapport en date de juin 2025 qui a été publié en septembre 2025, l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) formule plusieurs propositions pour limiter l’impact environnemental et sanitaire de l’exportation de textiles d’habillement, de linges de maison et de chaussures (TLC).
Un impact environnemental et sanitaire préoccupant
Créée en 2007, la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP) pour les textiles, linges de maison et chaussures est pilotée par l’éco-organisme Refashion. L’objectif principal est de développer l’économie circulaire. En 2023, environ 260 000 tonnes de textiles usagés ont été collectés dans des bornes sur l’espace public (ou privé) ou auprès d’associations. Après leur tri, ces textiles usagés sont vendus (59%) en France, en Europe ou dans des pays tiers. Le reste est recyclé, incinéré avec récupération énergétique ou éliminé en décharge (moins de 1% en décharge).
Chaque année, près de 100 000 tonnes de textiles qui ne trouvent pas preneur en France ou en Europe sont exportés, principalement en direction de l’Afrique. En raison d’une inadéquation avec la demande locale, entre 10% et 40% des volumes exportés ne sont pas vendus et deviennent des déchets qui finissent en décharge sauvage ou dans la nature, avec des conséquences lourdes pour l’environnement et la santé.
La consommation de vêtements en France augmente modérément (+0,1% entre 2021 et 2022), mais la baisse de la qualité des produits, engendrée par la fast fashion, réduit fortement les possibilités de réemploi. La filière TLC, dépendante des ventes de textiles usagés, risque de voir son équilibre économique menacé.
Qu’est-ce qu’une filière REP ?
La responsabilité élargie des producteurs (REP), inscrite dans la loi depuis 1992, impose aux fabricants, distributeurs et importateurs de financer la gestion des déchets issus de leurs produits. Inspiré du principe du « pollueur-payeur », ce dispositif oblige les metteurs sur le marché à prendre en charge tout le cycle de vie de leurs biens (collecte, tri, recyclage, écoconception…). Initialement limité aux emballages ménagers, il a été élargi en 2007 aux vêtements, linges de maison et chaussures (filière REP TLC).
Les rapporteurs préconisent de mieux encadrer les exportations de textiles usagés en créant des contrats de vente entre exportateurs et importateurs, avec un cahier des charges précisant les caractéristiques du produit et sa destination finale. Ces contrats devraient prévoir un retour obligatoire des produits non conformes, à la charge de l’exportateur.
L’IGEDD appelle à renforcer la prévention, le contrôle et le traitement des déchets textiles en France et en Europe. Les capacités de recyclage des textiles restent insuffisantes. Actuellement, seuls 40 000 à 48 000 tonnes de textiles usagés sont recyclées chaque année, alors que le potentiel pourrait atteindre jusqu’à 137 000 tonnes. Le développement industriel est freiné par la complexité des procédés et le coût élevé du recyclage. La mission recommande d’encourager davantage les fabricants à produire et à utiliser des fibres recyclées en France.
Plusieurs initiatives législatives et réglementaires sont actuellement en cours pour limiter l’impact environnemental des textiles usagés, comme la proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile ou encore la révision de la directive européenne cadre sur les déchets (qui inclut les textiles).
Source: vie-publique.fr
Encadrer les exportations et renforcer le traitement des déchets textiles