À la suite d’une audition publique sur le Parcours des mineurs auteurs de violences sexuelles, présentée par Adrien Taquet, ancien secrétaire d’État en charge de l’enfance et des familles, et la pédopsychiatre Clémentine Rappaport, un rapport a été remis à Sarah El Haïry, Haute Commissaire à l’enfance, le 16 septembre 2025.

11 500 : c’est le nombre de mineurs mis en cause chaque année pour des faits de violences sexuelles. Dans le cadre du plan de lutte contre les violences faites aux enfants 2023-2027, la Fédération française des centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (FFCRIAVS) a organisé une audition, conduisant à un rapport présentant 45 propositions visant à améliorer l’accompagnement et les soins des mineurs auteurs.

Quel constat ?

Si les chiffres sont à lire avec prudence, précise le rapport, on peut néanmoins constater qu’entre 2017 et 2024, le nombre de mineurs mis en cause pour des violences à caractère sexuel par an est passé de 8 900 à 15 729. Cela correspond à une moyenne de 11 500 mineurs sur la période. Parmi eux, 1 150 ont été condamnés en 2024.

Le faible taux de condamnation s’explique pour deux raisons précise le rapport :

  •  d’une part, l’émergence de mouvements sociaux comme (MeToo), qui ont entraîné un plus grand nombre de signalements ;
  • d’autre part, la singularité des procédures pénales. Beaucoup d’affaires sont classées sans suite, mais cela ne signifie pas qu’aucun suivi n’est assuré : la protection judiciaire de la jeunesse peut prendre en charge le mineur en dehors d’une condamnation. De plus, les mineurs de moins de 13 ans sont présumés dépourvus de capacité de discernement, aux yeux de la loi.

93% des mineurs auteurs de violences sexuelles sont des garçons, chiffre qui souligne la dimension très genrée de ces comportements. L’âge le plus représenté se situe entre 13 et 15 ans (46%). Le rapport signale qu’environ 8% de ces mineurs récidivent dans les deux ans, mais que ce risque est presque nul dans les cinq années suivant l’infraction.

Comprendre le passage à l’acte

Le rapport estime que le numérique et son omniprésence chez les jeunes favorisent l’exposition précoce à la pornographie, où la banalisation des pratiques violentes et l’absence de consentement peuvent influencer les comportements. En 2023, 50% des enfants ont déjà été confrontés à de la pornographie avant 13 ans. Dès 12 ans une majorité de garçons consulte régulièrement ces sites, proportion qui atteint deux tiers chez les 16–17 ans. Amplifiée par les algorithmes et accessible facilement, la consultation de contenus pornographiques peut « désinhiber, normaliser des scripts sexuels inadaptés et fragiliser le discernement », selon le rapport.

Le rapport aborde également l’influence des milieux familiaux instables. « Carences affectives ou indisponibilités parentales peuvent freiner l’acquisition de compétences comme l’empathie ou la régulation émotionnelle ».

 À cela s’ajoute parfois un manque de respect de l’intimité, « partage de lits, exposition des enfants à la sexualité des adultes », favorisant le mimétisme. Le rapport indique que « le maintien dans l’ignorance favorise la violence sexuelle » et alerte sur un autre constat : une très grande majorité (72%) des mineurs auteurs ont eux-mêmes été victimes d’abus par le passé.

Le rapport propose 45 recommandations pour mieux appréhender le phénomène. Il encourage notamment, les plateformes audiovisuelles, l’industrie du jeu vidéo, les réseaux sociaux et les influenceurs à diffuser des contenus éducatifs et de sensibilisation.

Source: vie-publique.fr