Ce samedi 27 septembre 2025, la Section de recherches (S.R.) de Besançon a célébré son 50ᵉ anniversaire. Créée en 1975, parmi les cinq premières unités de ce type en gendarmerie, elle occupe depuis une place majeure dans la lutte contre la criminalité du haut du spectre, avec à son actif la résolution de nombreuses affaires judiciaires sensibles, graves ou médiatiques. Cet anniversaire a réuni plusieurs autorités militaires, judiciaires et civiles autour de nombreux enquêteurs d’hier et d’aujourd’hui, dont l’engagement passé et présent au service de la vérité et de la justice a été unanimement salué.

Le 1er septembre 1975, le ministre de la Défense de l’époque décidait de doter la gendarmerie nationale d’unités de police judiciaire régionales de haut niveau. Les Brigades de recherches (B.R.) de Douai, Rennes, Bordeaux, Aix-en-Provence et Besançon prenaient alors l’appellation de Section de recherches (S.R.). Il s’agissait des cinq premières S.R. de France qui se partageaient les cinq zones de défense. La B.R. de Besançon était choisie pour représenter la zone Est. Si les raisons de ce choix ont aujourd’hui disparu des mémoires, on peut se prendre pour Vauban et s’imaginer Besançon comme un verrou routier et fluvial régional. Contrôler Besançon permettait de contrôler la Franche-Comté et donc les frontières avec les pays voisins. Vauban y installa l’une de ses plus fameuses citadelles. La gendarmerie y installa l’une de ses premières S.R.

Ce samedi 27 septembre 2025, la S.R. de Besançon a donc fêté ses 50 ans dans le cadre architectural exceptionnel du centre diocésain Grammont, à Besançon, mis en valeur par quatre musiciens de la Garde républicaine.

À cette occasion, les membres de l’amicale de la S.R. de Besançon ont mis à l’honneur un pan de l’histoire de la police judiciaire en gendarmerie en réunissant les plus anciens enquêteurs de cette unité, comme son premier commandant, âgé aujourd’hui de 88 ans, mais aussi les plus hautes instances actuelles de la police judiciaire de la gendarmerie. En effet, le général de division Dominique Lambert, sous-directeur de la police judiciaire, et son second, le colonel Lionel James, ont honoré de leur présence la S.R. de Besançon et tous ses enquêteurs d’hier et d’aujourd’hui.
Devant le général Rudy Gaspard, commandant en second la région de gendarmerie de Bourgogne-Franche-Comté et les autorités militaires, judiciaires et civiles régionales présentes, le lieutenant-colonel Christophe Vila, actuel commandant de la S.R. a évoqué le passé prestigieux de l’unité, les enquêtes sensibles ou médiatiques qu’elle a connues, ainsi que ses caractéristiques actuelles.

50 ans de crimes et d’enquêteurs

De nombreuses affaires judiciaires sensibles, graves ou médiatiques ont bien entendu marqué l’histoire de la S.R. de Besançon. Les plus anciens se souviendront du clan des incendiaires, dont l’un des membres abattit le capitaine Alain Girard en 1985, ou encore du 12 juillet 1989, date à laquelle un agriculteur tua quatorze personnes en l’espace d’une demi-heure (la plus importante tuerie de masse survenue en France à cette époque). Dans les années 90 et 2000, les affaires de meurtres et d’assassinats se succédèrent, ponctuées de belles affaires financières mais aussi d’arrestations de braqueurs chevronnés ou de voleurs organisés souvent venus des pays d’Europe de l’Est. Au milieu des années 2000, les enquêteurs ont axé une partie de leurs priorités sur la lutte contre les trafics de stupéfiants, saisissant çà et là des dizaines de kilos de cannabis ou encore d’héroïne, et démantelant les réseaux d’importation et de revente. Cette lutte n’a, malheureusement, jamais cessé jusqu’à aujourd’hui, comme en témoigne la saisie de 700 kg de cocaïne au port d’Anvers, en Belgique, en 2023. La Franche-Comté, et plus particulièrement le Doubs, concentre un grand nombre de points de deal. Le département est d’ailleurs traversé par l’autoroute A36, un axe majeur reliant le sud au nord de l’Europe et qui facilite l’importation de stupéfiants.

Plus récemment, les enquêteurs sont devenus des experts dans la résolution des vols d’or avec enlèvements et séquestrations, qui représentent un nouveau fléau dans une région frontalière de la Suisse, réputée pour ses usines et artisans experts en joaillerie de luxe. Ainsi, les enquêteurs de la S.R. entretiennent des relations régulières et fructueuses avec leurs homologues policiers des différents cantons suisses.

Enfin, les meurtres et les assassinats font également partie de l’activité de la S.R., comme en atteste l’affaire dite « Daval », qui a été très médiatisée. Dans ce dossier, l’émotion affichée de l’époux devant les caméras de la France entière n’a pas dupé les enquêteurs de la S.R. de Besançon. Cela rappelle que la police judiciaire reste une science humaine qui requiert modestie, objectivité et remise en question.

Forte de son expérience et résolument tournée vers l’avenir, la S.R. de Besançon confirme, un demi-siècle après sa création, la place majeure qu’elle occupe dans la lutte contre la criminalité du haut du spectre. Elle constitue à ce titre un pôle d’excellence, offrant aux enquêteurs qui la rejoignent des perspectives uniques : travailler sur des dossiers d’envergure, développer des compétences spécialisées et contribuer directement à la sécurité et à la justice.

Pierre Vignal, 88 ans, et Gilles Butavant 79 ans : les pionniers de 1975

Après un service militaire de 26 mois en Algérie et neuf mois à l’école préparatoire de gendarmerie (EPG) de Chaumont, Pierre Vignal est affecté en 1960 à la Brigade territoriale (B.T.) de Champagnole dans le Jura. Durant les sept années où il sert dans cette unité au grade gendarme, Pierre Vignal est envoyé quinze mois en Algérie, à Oran (1962-1963). Il est affecté à la B.R. de Besançon en 1968 et passe une capacité en droit. Il obtient les grades de maréchal des logis-chef , puis d’adjudant, avant de prendre le commandement de cette unité. Le 1er septembre 1975, la brigade de recherches devient section de recherches. Il en assure le commandement avant l’arrivée d’un lieutenant. Entre 1977 et 1985, Pierre Vignal sert en Côte d’Ivoire comme conseiller technique, puis à l’ESOG de Montluçon comme commandant de compagnie. Il prend sa retraite de la gendarmerie en 1985, à 48 ans, au grade de capitaine. Il poursuit pour autant une activité professionnelle durant sept années comme conseiller auprès du président de la Côte d’Ivoire.

De ses années à la S.R. de Besançon, le capitaine Vignal retient sa méthode qu’il enseigna par la suite à ses élèves : « Rester humble, sortir du bureau, s’engager et prendre des risques, toujours sous la direction du magistrat !»

 

Gilles Butavant est appelé au service des Transmissions entre 1965 et 1966. Il intègre l’EPG de Chaumont en 1969, avant d’être affecté à la B.T. de Saint-Laurent-de-Chamousset, dans le Rhône. Il rejoint ensuite la Franche-Comté en 1973, d’abord à la B.T. de Besançon, puis quelques mois plus tard à la B.R. éponyme. Il participe donc à la création de la S.R. de Besançon en 1975 et y officie jusqu’en 1980, année où il accède au grade de maréchal des logis-chef et rejoint la B.T. de Nozeroy, dans le Jura. En 1986, Gilles Butavant prend le commandement de la B.T. de Moirans-en-Montagne, dans ce même département, où il reste dix ans. Il revient à Besançon en 1996, en tant qu’adjoint au commandant de brigade, puis prend la direction de la Brigade départementale de renseignements et d’investigations judiciaires (BDRIJ) du Doubs en 1998, où termine sa carrière en  2001, à l’âge de 55 ans.

Source: gendinfo.fr