En France, les médicaments sont délivrés en boîtes contenant plusieurs doses. D’autres pays les dispensent à l’unité, c’est-à-dire en quantité égale à celle prescrite. Généraliser ce mode de délivrance permettrait-il de réduire la dépense de médicaments en officine de ville (30,1 milliards d’euros en 2024) ? Réponse avec la Cour des comptes.

Un rapport publié le 7 novembre 2025 par la Cour des comptes examine la pertinence et la faisabilité de la dispensation à l’unité des médicaments.

La délivrance à l’unité existe déjà en France

La boîte est le support de l’authenticité, de la traçabilité et de la sécurisation du médicament. Le prix des médicaments négocié entre fabricants et autorités de santé est établi pour un traitement, divisé en prises quotidiennes, puis calculé pour les divers formats de boîte. La rémunération des grossistes et des pharmaciens est assise sur le prix de la boîte.

En 2024, la vente à l’unité représente 0,08% des dépenses de médicaments délivrés en officine. Elle est :

  • obligatoire pour les stupéfiants et, depuis 2024, pour des produits soumis à des tensions d’approvisionnement, comme l’amoxicilline en hiver ;
  • autorisée depuis 2022 pour les antibiotiques afin de lutter contre le gaspillage et l’antibiorésistance.

Dans les établissements de santé, la dispensation fractionnée est la règle ; les approvisionnements, la gestion des stocks et les modes de distribution sont adaptés. Répondant aux besoins d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), des pharmacies de ville se spécialisent dans la préparation de doses à administrer (PDA). Elles produisent en grande quantité des piluliers individualisés pour les patients de nombreux Ehpad. La PDA se développe.

Une généralisation compliquée et coûteuse

La délivrance à l’unité ne peut s’appliquer qu’aux médicaments sous forme orale sèche (comprimés, gélules) et a un intérêt pour les traitements aigus et brefs. Son champ de pertinence représente 52% du nombre de boîtes de médicaments vendues en officine et 15% de la dépense de médicaments délivrés en ville. Elle permettrait d’économiser près de 450 millions d’euros.

Sa généralisation bouleverserait la production et la distribution des médicaments et augmenterait la durée et la rémunération de l’acte de délivrance. Les coûts induits pourraient annuler les gains attendus. La vente à l’unité a cependant des avantages : elle limite les quantités de substances diffusées, donc les risques pour les patients et l’environnement.

Une pratique à développer pour certains produits

Face à ce constat, le rapport préconise :

  • d’inclure la question des conditionnements dans les négociations sur la tarification des produits de santé ;
  • d’analyser, à partir des données de l’ordonnance numérique, les écarts entre quantités prescrites et délivrées et de les communiquer aux autorités sanitaires ;
  • de fonder les honoraires des pharmaciens sur l’acte de dispensation plutôt que sur le nombre de boîtes vendues ;
  • d’instituer une tarification du médicament à l’unité, complémentaire de la tarification à la boîte ;
  • d’encadrer juridiquement la PDA en tant que mode de délivrance à l’unité ;
  • d’obliger les officines à déclarer l’activité automatisée de PDA aux agences régionales de santé ;
  • d’expérimenter un régime de mutualisation ou de sous-traitance entre officines pour la PDA.

Source: vie-publique.fr