Le CNICG, centre d’expertise de la gendarmerie en matière de formation des unités cynophiles, a été choisi par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe pour former des personnels de forces de sécurité intérieure des pays des Balkans à la technicité SAMBi (détection de stupéfiants, armes, munitions et billets de banque). L’objectif : permettre le développement d’une task force cynophile polyvalente dans cette zone géographique. Une expertise unique développée il y a dix ans en gendarmerie et aujourd’hui partagée.

Il y a plus de dix ans, la gendarmerie a développé, au sein de son Centre national d’instruction cynophile, le CNICG, basé à Gramat, dans le Lot, une expertise cynophile polyvalente permettant aux chiens formés de détecter aussi bien des produits stupéfiants que des armes, des munitions et des billets de banque. Pour les équipes cynophiles de la gendarmerie, appelées à intervenir sur un large spectre de la criminalité et de la délinquance, cette technicité, appelée SAMBi (acronyme de l’ensemble des éléments évoqués précédemment), s’est vite révélée être un outil précieux pour lutter efficacement contre la délinquance organisée et les trafics. En dix ans, elle s’est répandue en gendarmerie jusqu’à devenir la première technicité enseignée aux binômes cynophiles (maître de chien et chien). Elle est aujourd’hui une expertise reconnue sur l’ensemble du territoire mais aussi à l’étranger.

Le choix de l’expertise gendarmerie

Cette compétence polyvalente et complète a d’ailleurs suscité l’intérêt de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). En charge depuis 2019 de l’application de la feuille de route de lutte contre le trafic d’Armes légères et de petit calibre (ALPC) pour les six pays des Balkans occidentaux (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Serbie, Monténégro, Albanie et Macédoine du Nord), l’organisation paneuropéenne, basée à Vienne, a rapidement identifié l’intérêt de la technicité SAMBi du CNICG. « L’expertise de la gendarmerie nationale française en matière de formation des unités cynophiles est connue au niveau international. Lorsqu’il a été évoqué le renforcement des unités cynophiles de forces de sécurité intérieure pour lutter contre le trafic d’armes dans les pays des Balkans, c’est donc assez rapidement que la gendarmerie française a été proposée », confirme  la cheffe d’escadron Isabelle Manceau, officier de liaison à l’OSCE.

Dès 2021, une délégation composée de représentants du programme à l’OSCE ainsi que de formateurs de Gramat a été envoyée dans plusieurs pays des Balkans pour une série d’audits. Parmi les participants se trouve le lieutenant-colonel Damien Courton, chef du département de la formation au CNICG. « De 2021 à 2022, puis en 2024, nous avons réalisé plusieurs missions d’audit et d’expertise dans les différents pays des Balkans, à la demande de l’OSCE. Sur place, notre mission était d’observer leur capacité de formation et d’évoquer avec eux leur cadre légal et leur mise en œuvre opérationnelle. Après les audits, nous les avons reçus ici, à Gramat, pour leur présenter le fonctionnement de la cynotechnie en gendarmerie et, à notre tour, nos capacités de formation », relate l’officier.

Six semaines de formation

En juin 2024, le programme est enfin lancé et un premier binôme, composé d’un Kosovar et d’un Albanais, est accueilli à Gramat. En novembre de la même année, ils sont suivis par un binôme serbe, puis quelques mois plus tard par un binôme bosniaque. En presque un an, ce sont ainsi six personnels des forces de sécurité intérieure des Balkans, tous instructeurs cynophiles ou maîtres de chiens expérimentés, qui se rendent à Gramat.

Sélectionnés par leur hiérarchie, ils passent six semaines en France pour découvrir cette technicité. Une formation en accéléré que détaille le lieutenant-colonel Courton : « La formation de maître de chien en gendarmerie dure trois mois. Elle est précédée par une période de débourrage, au cours de laquelle l’instructeur doit recruter ses chiens, les sélectionner, les former, les préparer à entrer en formation pour le stage avec le gendarme. C’est lors de cette période dite de débourrage que les stagiaires des Balkans ont été associés, afin qu’ils puissent comprendre et acquérir les compétences de sélection et de préparation des chiens en vue de la formation. Ce sont des pays où il existe déjà des forces cynophiles, avec leur organisation et leur rythme de formation. Ils viennent donc juste acquérir des compétences supplémentaires en termes de formation, par rapport au fonctionnement de la gendarmerie, de nos adversaires ainsi que de nos capacités techniques à emmener nos chiens à un niveau assez intéressant, avec des moyens limités. Nos chiens, par exemple, ne sont pas issus de grands élevages ni de grandes lignées. Ce sont des animaux souvent récupérés chez des particuliers qui n’arrivent plus à les gérer mais aussi des chiens abandonnés issus de refuges. Nous arrivons ensuite à en tirer le meilleur. »

Et pour cela, les formateurs du CNICG s’appuient sur des méthodes de formation connues de tous ainsi que sur des techniques plus spécifiques. « Les techniques d’éducation canine sont connues de tous, elles sont communes sur toute la planète. La plus-value de la gendarmerie réside dans sa capacité à les adapter à ses contraintes de formation et à ses besoins opérationnels. Au fil du temps, nous avons développé et amélioré nos techniques, nous les avons adaptées à nos besoins, par exemple avec la formation de chiens SAMBi. C’est ça qu’ils viennent chercher. »

Création d’un centre unique de formation des forces cynophiles dans les Balkans occidentaux

À l’issue de la formation, l’ensemble des binômes présents durant six semaines ont pu rejoindre leurs unités. Au sein de leur institution, les observateurs ont déjà commencé à acquérir des chiens et à les former selon les mêmes techniques que la gendarmerie. Afin de poursuivre dans cette dynamique d’échange de bonnes pratiques, les liens de coopération formés durant les six semaines se sont poursuivis. « Nous sommes ensuite invités, comme en Serbie, pour valider les chiens selon nos standards de certification. »

Véritable réussite humaine, technique et canine, cette formation a vocation à se poursuivre dans les prochaines années. Après la Bosnie et la Macédoine, la Moldavie a pu en bénéficier. « Nous avons développé des contacts avec ce pays, qui ne fait pas partie des Balkans. Nous avons reçu une délégation moldave l’an dernier et nous avons réalisé début novembre un audit en Moldavie afin d’envisager ensuite l’accueil d’un ou deux stagiaires moldaves », conclut le lieutenant-colonel Courton.

À terme, l’objectif final de cette initiative est de développer un vivier de compétences régionales au sein des Balkans occidentaux afin qu’un centre unique de formation des forces cynotechniques puisse s’ouvrir au profit de l’ensemble des pays des Balkans occidentaux. Un centre auquel la gendarmerie nationale française continuera, si besoin, d’apporter son appui.

Source: gendinfo.fr