Nous venons d’apprendre le décès de Camille Mathieu, dernier gendarme « Juste parmi les Nations ». Ancien garde mobile, il obtient le titre de Juste en 1976, pour avoir sauvé 8 Juifs pendant l’occupation. Camille Mathieu était âgé de 102 ans.

Né le 27 janvier 1915 à Lignières (Aube), le gendarme Camille Mathieu intègre la gendarmerie en décembre 1938. Il rejoint les forces de gendarmerie de Paris-Est au 1er novembre 1940 puis est affecté à la surveillance du camp de Drancy (93). Dès l’ouverture du camp, il apporte son aide aux internés. Il s’engage auprès de familles juives pour faciliter les conditions de détention de trois prisonniers du camp : Simon Herzberg, Albert Ajdenbaum et Simon Fuks. Il leur fournit discrètement des provisions, des médicaments et des colis et se propose de les faire évader par les égouts. Cette extrémité n’est pas nécessaire puisque ces hommes sont finalement libérés pour raison de santé quelques semaines plus tard. Cependant, de peur d’être à nouveau arrêtés, les trois hommes et leurs familles ne regagnent pas leur domicile. Le gendarme Mathieu et son épouse Denise aident deux d’entre-elles, les Herzberg et les Ajdenbaum, à franchir la ligne de démarcation. La dernière famille, ne voulant pas prendre ce risque, est conduite à Lignières (Aube), où Blanche Mathieu, la mère du gendarme, les héberge jusqu’à la Libération. En 1943, Camille Mathieu s’installe avec son épouse à Lignières, où il s’engage dans la Résistance, au sein du réseau « Jean Marie Buck ». Grâce aux témoignages des familles, le gendarme Mathieu, sa femme Denise et sa mère Blanche étaient distingués par Yad Vashem en 1976. Depuis 1963, l’État d’Israël décerne le titre de « Juste parmi les Nations » pour honorer les personnes qui, en Europe, ont participé au sauvetage des Juifs persécutés pendant la Seconde Guerre mondiale. À ce jour, on recense 4 025 Justes parmi les Nations français dont 18 gendarmes.

Source: Facebook de la Délégation au patrimoine gendarmerie / Crédit photo:© D.R.