Implanté à Chamonix, le Centre national d’instruction de ski et d’alpinisme de la gendarmerie forme les gendarmes au secours et à la police judiciaire en montagne depuis 1988. Il offre également son savoir-faire à l’extérieur de l’Institution, à travers de nombreux partenariats, privés et publics, en France comme à l’international.

Le Centre national d’instruction de ski et d’alpinisme de la gendarmerie (Cnisag) a soufflé ses trente bougies cette année. Et depuis trente ans, il forme des gendarmes, officiers et sous-officiers, issus du cadre général et des unités montagne.

Pour cela, l’unité s’appuie sur une trentaine de personnels, parmi lesquels treize instructeurs permanents répartis en quatre pôles : judiciaire, montagne, secours et secourisme. Si chacun est pilote dans son domaine, le travail et les formations sont le plus souvent transverses. Tous ces instructeurs cumulent d’ailleurs plusieurs qualifications : onze sont moniteurs de secourisme et deux instructeurs, dix sont guides de haute montagne, quatre sont moniteurs de ski, deux ont la qualification canyon et, enfin, deux autres personnels appartiennent à la cellule judiciaire.

Des formations avec le soutien des unités de terrain

Toutefois, le plan de charge de formation annuel, qui concerne entre 600 et 650 stagiaires de tous horizons, ne saurait reposer sur le seul personnel du Cnisag. Pour mener à bien ses actions dans les conditions optimales de sécurité, le Centre fait donc appel aux spécialistes des unités montagne (pelotons de gendarmerie de montagne – PGM – et de haute montagne – PGHM).

« Le renfort de ces unités, alors qu’elles sont soumises elles-mêmes à une forte activité opérationnelle, est fondamental. Sans cet appui tout au long de l’année, on ne pourrait pas encadrer de tels stages et dans le même temps permettre à nos personnels de se maintenir en condition opérationnelle et d’acquérir de nouvelles compétences, reconnaît le chef d’escadron Raymond Salomon, commandant le Centre. « En retour, ces spécialistes qui viennent nous appuyer ont l’occasion d’actualiser leurs connaissances et, notamment, de se confronter au face-à-face pédagogique. Ils repartent ainsi porteurs d’un enseignement rénové ».

Rien ne serait non plus possible sans le soutien du cercle mixte, qui gère les repas, du service du matériel, de l’administration ou encore du groupe commandement.

Formation à l’escalade d’une cascade de glace par le Cnisag, dans la vallée de Cogne. – © Sirpa Gend – MAJ F. Balsamo

Détection des potentiels

Le Cnisag organise deux fois par an des sessions de détection (ski, escalade, physique, écrit) à destination des élèves gendarmes souhaitant être testés aux fins de pouvoir intégrer, en sortie d’école, et si leur classement final le leur permet, une unité de gendarmerie mobile ou départementale montagne.

DQTM : un pied dans la spécialité montagne

Tout au long de l’année, plusieurs stages sont ainsi organisés à Chamonix. À commencer par le Diplôme de qualification technique montagne (DQTM), destiné aux officiers et sous-officiers du cadre général (gendarmeries départementale et mobile). Une formation de quatorze semaines (six semaines pour le module « été », trois semaines de secourisme et cinq semaines pour le module « hiver ») pour leur enseigner les techniques d’évolution en montagne et leur donner la qualification leur permettant d’encadrer leur unité (peloton montagne ou groupe montagne gendarmerie) lors de missions dans cet environnement spécifique, de façon autonome, par exemple à l’occasion d’opérations de recherches de personnes, ou en soutien des PGM et des PGHM, lors d’opérations d’envergure.

En cinq semaines, les instructeurs du Cnisag vont amener les stagiaires du module hiver du DQTM à un haut niveau de performance. – © SirpaGend – MAJ F. Balsamo

Pour se présenter aux tests de sélection du DQTM, il faut notamment être détenteur, au préalable, du Certificat élémentaire montagne (CEM), dont la formation, sous la conduite pédagogique du Cnisag, est dévolue aux régions, par l’entremise des détenteurs locaux du DQTM, avec le concours d’au moins un spécialiste local en qualité de guide référent technique.

L’obtention du DQTM permet également de se présenter aux tests de la spécialité montagne.

Formation des spécialistes

Les tests d’entrée dans la spécialité montagne (PGM et PGHM) sont organisés chaque année en mai. La formation au Brevet de spécialiste montagne (BSM) dure deux ans. La première année est consacrée aux techniques de secours, de canyon, d’alpinisme et de secourisme, tandis que l’année suivante aborde le volet police judiciaire spécifique à la montagne, permettant d’obtenir le diplôme d’officier de police judiciaire de la spécialité montagne.

Une fois diplômés du BSM, et après avoir acquis une certaine expérience sur le terrain, ces spécialistes montagne reviennent au Cnisag afin d’obtenir la qualification de chef de caravane. Cette formation de trois semaines, destinée aux adjudants et adjudant-chefs, leur permet par la suite d’être chef de l’avant lors d’une opération de secours complexe ou d’envergure et de piloter plusieurs équipes.

Enfin, le dernier niveau de formation concerne la gestion de crise. Ouvert aux adjudant-chefs, aux majors, ainsi qu’aux officiers, il leur permet de devenir Coordinateurs des opérations de secours.

Enfin, dans le cadre de la formation continue des spécialistes, le Cnisag dispense également un stage de moniteur secourisme.

Un carrefour d’échanges

Stages à destination de magistrats ou encore d’élèves de HEC, ouverture vers le monde de l’entreprise, formation de délégations étrangères… Le Cnisag se pose également en carrefour d’échanges entre les cultures.

« Ces différents stages nous donnent l’opportunité de partager notre technicité et notre savoir-faire. Les échanges avec les magistrats, par exemple, permettent non seulement de mieux se connaître mutuellement, mais aussi de leur faire toucher du doigt les contraintes et les impératifs liés à la montagne, expose le CEN Salomon. Quant aux élèves de la classe executive MBA ou aux salariés d’entreprises, nous les mettons en situation de crise en montagne et nous leur donnons les clés pour la gérer. Ces immersions leur donnent notamment l’occasion de découvrir l’importance de la dynamique de groupe. »

Former pour secourir

Chaque année, le Cnisag reçoit ainsi en moyenne près de 650 stagiaires, avec pour seule vocation celle de « former pour secourir » et pour philosophie, une pratique de la montagne et du secours en sécurité. « La sécurité est l’un des effets majeurs que nous inculquons à nos stagiaires, que ce soit dans la préparation des courses, l’anticipation des dangers et la gestion du risque quel qu’il soit », insiste le commandant du centre. Et d’annoncer également la mise en place prochaine d’un module spécifique concernant l’annonce d’un décès aux proches : « Ce contact avec la famille est un moment difficile dans notre métier, mais auquel tout le monde doit être préparé. Il faut savoir comment se positionner, mais aussi comment se prémunir. C’est un aspect très important, tant pour le secouriste que pour les proches ».

Source: GENDCOM / Crédit photo: © D.R.