La gendarmerie départementale, avec ses escadrons départementaux de sécurité routière, n’est pas la seule subdivision d’arme à disposer d’unités motocyclistes. La Garde républicaine possède elle aussi, au sein du 1er régiment d’infanterie, un escadron motocycliste, particulièrement dédié aux missions d’escorte, notamment celles du président de la République.
Bien que la Garde républicaine (G.R.) soit plus connue du grand public pour son régiment de cavalerie ou son orchestre, elle dispose également d’un escadron motocycliste.
Basée à Dugny (93), cette unité spécialisée a été créée en 1952, à partir des effectifs du régiment de cavalerie, avant d’être rattachée au 1er régiment d’infanterie en 1979. Elle contribue aux missions de sécurité publique générale, de rayonnement international de la France et, bien sûr, au protocole militaire de l’État.
La « cage présidentielle »
« La mission prioritaire de l’escadron motocycliste de la G.R. reste l’escorte protocolaire du président de la République, à laquelle viennent s’ajouter celles des chefs d’État étrangers et des souverains en visite sur le territoire français, explique le chef d’escadron (CEN) Guillaume Chanudet, commandant de l’escadron motocycliste de la G.R., avant d’ajouter : une escorte présidentielle, à des dates clés comme le 8 mai, le 14 juillet ou le 11 novembre, mobilise pas moins de 28 militaires pour composer ce qui est appelé la cage présidentielle, c’est-à-dire l’escorte moto autour du véhicule de l’autorité. »
Cette mission protocolaire associe le volet opérationnel et le volet représentation. En effet, en plus d’assurer la sécurité de l’autorité, les gardes, en grande tenue de cérémonie et avec une précision d’orfèvre dans les alignements, participent au rayonnement de la gendarmerie lors d’événements suivis par un grand nombre de téléspectateurs.
Des gymnastes sur roues
Sur le plan exclusif de la représentation, un peloton d’une vingtaine de gardes constitue l’équipe d’acrobatie. Cette formation spéciale de l’escadron moto effectue des prestations afin de montrer la dextérité des motocyclistes de la gendarmerie et particulièrement de ceux de la G.R.
Ces démonstrations sont exécutées à l’occasion d’événements internes à l’Institution, comme les sorties de promotion des écoles de sous-officiers ou de l’école des officiers de la gendarmerie nationale, mais également devant le grand public, comme lors du dernier Grand Prix de France de Formule 1, sur le circuit Paul Ricard, au Castellet (83).
L’équipe d’acrobatie propose également des carrousels mixtes associant les motocyclettes et les équipes équestres de la Garde, essentiellement lors des courses hippiques.
Bien entendu, cette équipe d’acrobates effectue également toutes les autres missions dédiées à l’escadron moto. Elle ne dispose donc que de très peu de temps pour se consacrer à cet entraînement spécifique.
De l’apparat à la sécurisation
Outre les missions protocolaires, l’escadron intervient sur un volet opérationnel plus classique, en assurant la sécurisation d’épreuves sportives, notamment des plus grandes courses cyclistes professionnelles, à l’instar du Tour de France, du Paris-Nice, ou encore du critérium du Dauphiné. « À titre d’exemple, la G.R. engage 49 militaires pour le Tour de France, dont 35 motocyclistes », ajoute le chef d’escadron Chanudet.
À cela, viennent s’ajouter des missions d’escortes sensibles sur la région parisienne, comme les transfèrements de détenus particulièrement signalés, essentiellement en appui de pelotons d’intervention de la gendarmerie mobile. Les motocyclistes sont également engagés sur des escortes de délégations étrangères, de transport de matières nucléaires ou de convois de la Banque de France.
Un recrutement indispensable
« Les effectifs sont assez réduits au regard du nombre de missions à réaliser. Nous sommes en effet 75 motocyclistes, dont trois officiers, pour un effectif prévu de 89 militaires. Il faut ensuite soustraire neuf motocyclistes qui sont détachés à plein-temps sous convention auprès du ministère de l’Économie et des Finances. Ces derniers sont chargés d’escorter quotidiennement les trois ministres qui occupent Bercy. Nous avons donc un vrai besoin de recrutement », précise l’officier.
Des sélections spécifiques
Pour augmenter les effectifs, des tests de sélection sont organisés tout au long de l’année. « Bien que les critères de sélection soient assez pointus, notamment sur la maniabilité à allure lente et sur l’aptitude au pilotage en toutes circonstances, les tests sont tout à fait abordables pour quelqu’un en possession du permis A depuis au moins deux ans. Il faut avoir une bonne pratique de la motocyclette, sans pour autant être un pilote de moto G.P. [NDLR : pilote professionnel de grand prix motocyclistes] », rassure le chef d’escadron.
Des militaires d’active issus de n’importe quelle unité de la gendarmerie peuvent ainsi se présenter aux tests. Des pré-tests sont par ailleurs réalisés en école de formation des sous-officiers. Les élèves gendarmes qui, à cette occasion, attirent l’attention des instructeurs, sont invités à se présenter aux tests qui se déroulent sur une semaine à la caserne de Dugny et au Centre national de formation à la sécurité routière (CNFSR), à Fontainebleau (77), pour la partie tout-terrain.
Ces sélections sont basées sur des épreuves de maniabilité, de sécurité sur circuit fermé, de roulage sur route ouverte et d’enduro, ainsi que sur des tests physiques.
En cas de réussite, les élèves gendarmes sont directement affectés à l’escadron motocycliste de la garde républicaine et partent, comme tout motocycliste de la gendarmerie, suivre leur stage de formation initiale au CNFSR.
Les militaires déjà affectés en unité doivent, quant à eux, effectuer leur stage préalablement à leur affectation au sein de la G.R.
Une formation continue
Du fait du caractère atypique et exigeant des missions qui lui sont dédiées, bien différentes de celles réalisées par la G.D., l’escadron motocycliste de la garde attache beaucoup d’importance à l’instruction des personnels moins expérimentés.
« Une fois titulaires du stage motocycliste classique, les nouveaux affectés s’attellent à une formation continue interne à la G.R. Après une partie théorique, cette formation spécifique, particulièrement axée sur les escortes d’autorités dans Paris, se fait au quotidien sur le terrain, épaulé par un tuteur expérimenté qui nous conseille. Cela nécessite quasiment trois ans pour amener un garde à maîtriser la gestion de la circulation en Île-de-France et être parfaitement opérationnel », témoigne le garde Matthieu Rifflet, qui a intégré l’escadron moto en juillet 2015, après quelques années passées en gendarmerie mobile.
Si, comme Matthieu, vous êtes un gendarme passionné par la moto, tentez votre chance et présentez-vous aux tests de sélection !