Depuis presque un an, le Groupe de sécurité du quotidien (GSQ), de la communauté de brigades de Gif-sur-Yvette, armé par quatre militaires, est uniquement dédié à la fonction contact. Une expérimentation pilotée par la compagnie de gendarmerie départementale de Palaiseau, dans l’Essonne, qui se révèle efficace et devrait être pérennisée.

Une étude approfondie du territoire a révélé la nécessité de mutualiser les moyens humains et matériels de deux unités : la Communauté de brigades (COB) de Gif-sur-Yvette et la Brigade territoriale autonome (BTA) d’Orsay », explique le lieutenant Arnaud Plisson, commandant la COB de Gif-sur-Yvette. La marge de manœuvre opérationnelle ainsi dégagée a permis la création d’un groupe de quatre personnels dédié à la fonction contact. « Les militaires désignés se sont parfaitement approprié la mission et les retours de l’ensemble de nos partenaires et interlocuteurs sont édifiants. »

Une entité expérimentale

« Armé de militaires des deux unités (COB de Gif-sur-Yvette et BTA d’Orsay), le Groupe de sécurité du quotidien (GSQ) se conçoit comme une unité à part entière, autonome », précise le LTN Plisson. S’appuyant sur une approche renouvelée et globale de la sécurité du quotidien, ce groupe se voit attribuer un ensemble de missions propres et précises, uniquement orientées vers la fonction contact. Il a vocation à œuvrer sur la circonscription des deux unités, avec néanmoins une action privilégiée sur le dénominateur commun : le plateau de Saclay, concentrant notamment de nombreuses écoles et centres de recherches. « L’organisation du service répond aux seuls impératifs guidant cette expérimentation et participant à une intelligence locale : visibilité, accessibilité, réactivité et régulation des désordres. »

Dégagé des contraintes liées à l’événement, le GSQ est ainsi exempt, sauf contraintes exceptionnelles, de toute mission d’intervention. « Une décision nécessitant l’adhésion de l’ensemble des militaires des deux unités et un engagement fort des personnels composant le GSQ, reconnaît le LTN Plisson. Après un début difficile en interne, vis-à-vis des autres militaires de l’unité, les services rendus au quotidien ont majoritairement estompé les quelques acrimonies initiales. » Choisis parmi les personnels les plus expérimentés et fortement implantés localement, les quatre militaires du GSQ couvrent ainsi un spectre missionnel large, requérant souplesse, disponibilité et réactivité.

Le citoyen au cœur du dispositif

« Notre principale mission est de renforcer le contact avec la population et nos partenaires, explique l’adjudant Pascal Bouzon, à la tête du GSQ. Nous le faisions déjà avant la création du GSQ, mais, exempts de toute mission d’intervention, nous pouvons nous y consacrer exclusivement. Ce n’est pas en quelques minutes et en serrant quelques mains que l’on peut établir de vrais liens de confiance. Cela exige du temps et un investissement relationnel. »

Le service extérieur de “prévention de proximité” reprend alors son sens premier : les patrouilles sont ciblées en termes d’horaires comme de lieux, et privilégient l’accessibilité (services pédestres ou en VTT). « Tous les moyens sont bons pour créer du contact, ajoute le maréchal des logis-chef Joachim Marceaux. Nous effectuons, par exemple, des enquêtes de voisinage. La flexibilité de nos horaires nous permet de prendre contact avec plus de personnes, de rencontrer plus de témoins potentiels. »

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L’occasion de véhiculer un message rassurant de prévention, de valoriser le dispositif “opération vacances tranquilles”, ou encore de promouvoir la participation citoyenne. Le GSQ prend également en compte l’intégralité des interventions en milieu scolaire (permis piéton, permis Internet), ainsi que les opérations de sensibilisation menées à l’occasion de tout regroupement de personnes (conseils de quartier, réunions de copropriétés, réunions publiques, réunions séniors, réunions d’anciens combattants, habitants relais, participation citoyenne, conseil des jeunes…) Pour chaque public, une intervention ciblée est préparée, qu’il s’agisse de prévention ou de présenter les différents dispositifs existants, comme la brigade numérique ou la pré-plainte en ligne…

Le GSQ peut être renforcé ponctuellement par d’autres militaires pour des missions spécifiques. Ces renforts se veulent des vecteurs d’acculturation au contact pour les plus jeunes militaires. « Le succès de cette expérimentation repose en partie sur l’investissement des personnels du GSQ, reconnaît le LTN Plisson. D’une grande disponibilité, ils ne comptent pas leurs heures pour répondre aux multiples sollicitations. Maintenant clairement identifié sur le territoire, le GSQ devient un interlocuteur incontournable pour l’ensemble des partenaires. »

Une démarche partenariale volontaire et engagée

« Si les militaires ont, dans le premier temps de l’appropriation de la mission, majoritairement exploité un réseau identifié et favorable, ils se montrent désormais de plus en plus proactifs, multipliant les propositions », affirme le LTN Plisson.

Le partenariat avec les municipalités s’est ainsi sensiblement intensifié, ces dernières ayant bénéficié, à l’occasion de réunions dédiées ou d’interventions lors de certains conseils municipaux, d’une présentation du groupe, de ses moyens et de ses missions. « Nous avons également délivré une formation concernant les atteintes aux biens à destination des employés de la mairie de Gif-sur-Yvette : personnels administratifs, femmes de ménage, service juridique, écoles…, explique la gendarme Anne-Lise Baudry.

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Il s’agissait de les sensibiliser à la préservation des scènes d’infraction et de leur expliquer les conduites à tenir. » Une démarche qui a rencontré un vif succès (cent personnels formés en quatre sessions) et dont le dispositif est en cours de transposition aux communes voisines. « Les militaires du GSQ tissent progressivement leur réseau, ajoute le LTN Plisson. Ils deviennent des “facilitateurs” et sont identifiés comme tels par leurs collègues, comme par l’ensemble des partenaires. » Patricia Fournier, responsable de la vie du campus de Centrale Supelec souligne la qualité de la collaboration développée avec la gendarmerie par le biais du GSQ : « Le groupe contact m’a permis d’établir le lien avec la gendarmerie et de le pérenniser. Par des contacts au quotidien, des échanges sécurisés et fiables, nous bénéficions d’une véritable plus-value en matière de conseils concernant la sécurisation des événements, notamment les soirées étudiantes. »

Le GSQ a notamment permis la mise en relation de cette personne clé de l’encadrement festif du milieu estudiantin avec la mairie de Gif-sur-Yvette, qui vient de l’intégrer dans son Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD). « Un moyen supplémentaire d’identifier les rassemblements, de garder un œil sur les grands événements festifs et de détecter les événements potentiellement sensibles », ajoute le LTN Plisson.

Lutter contre le sentiment d’insécurité

Le GSQ diversifie ses actions. Outre les réunions de prévention, il réalise également des consultations de sûreté en s’adaptant au public ciblé. « L’intérêt porté aux victimes potentielles, en amont de toute commission d’infraction, permet de rassurer la population, d’inciter les citoyens à participer à leur propre sécurité et de dissuader les délinquants de passer à l’acte. Elle concourt ainsi à faire baisser le sentiment d’insécurité au sein de la population », explique l’adjudant Bouzon.

Multipliant les patrouilles de sécurisation, les services mixtes avec les agents de la RATP dans les réseaux de transport en commun ou avec ceux de la police municipale, le GSQ prévient, par une présence dissuasive et rassurante, la commission de nombreuses incivilités. « Le professionnalisme de nos militaires est remarqué, souligne le LTN Plisson. Avant de conclure : Nous devons profiter de ce capital confiance pour développer un réseau d’acteurs et ainsi obtenir des effets durables dans la lutte contre la délinquance. »

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Source: GENDCOM