Lors du 11e Forum international de la cybersécurité se tenant à Lille du 22 au 23 janvier 2019, la gendarmerie a présenté une série d’innovations contribuant à l’évolution technologique de l’Institution et la cybersécurité. Retour sur 3 innovations présentées à cette occasion.

Modéliser des visages et des indices en 3D

Le département « Signal image parole » (SIP) de l’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie (IRCGN) a présenté la photogrammétrie 3D, une aide dans le traitement des enquêtes criminelles.

Le son et l’image sont des éléments d’information très présents dans les enquêtes judiciaires : les enregistrements produits par la vidéosurveillance, la téléphonie et les nombreux enregistreurs numériques audio et vidéo disponibles peuvent aujourd’hui contenir des indices précieux pour les enquêteurs. La photogrammétrie permet d’ailleurs de mesurer, directement sur une image, la dimension d’un objet ou la taille d’un individu.

L’innovation réside ici dans le développement d’une application smartphone permettant, par l’utilisation des capteurs photos des téléphones mis à la disposition des gendarmes (Néogend), la capture et la transmission d’un flux à l’IRCGN qui servira à modéliser des visages et des indices en 3D (trace de chaussure dans la terre, de pneu dans la neige, partie d’un véhicule accidenté, visage d’un suspect,…). Tout cela en vue soit d’une visualisation ou d’une analyse qui permettra d’effectuer une comparaison ou une identification. Grâce à l’utilisation de la photogrammétrie 3D, les résultats d’expertise sont plus rapides et les données sont simplifiées, facilitant ainsi le travail des enquêteurs et des magistrats.

© BRC – F. Garcia

Sensibiliser les plus jeunes aux dangers d’Internet

L’immersion des enfants dans le monde du numérique, dès le plus jeune âge, et la difficulté de certains parents à comprendre l’utilisation et les risques de contenus digitaux a nécessité une sensibilisation aux bonnes pratiques et à l’usage d’Internet, tout en y intégrant les enjeux et les risques associés. Ainsi, dans la continuité du permis Internet, la brigade de prévention de la délinquance juvénile de Bois d’Arcy a développé la plate-forme ProTect : le programme territorial d’éducation à la cybertranquillité.

Fruit d’une initiative locale portée par le groupement de gendarmerie départementale des Yvelines, en lien avec l’association E-enfance, ProTect développe une pédagogie interactive, ludique et moderne, via une application installée sur une tablette numérique. Celle-ci s’articule autour de trois thématiques : protection des données, lutte contre le cyberharcèlement et développement de l’esprit critique pour éviter les fake news.

Par groupe de trois, les élèves de 6e, à travers une série de jeux et de mises en situation, prennent conscience des risques et des pratiques responsables à adopter. Tout au long des étapes, l’état des connaissances et des compétences des collégiens est évalué. Le but est de bien répondre afin de gagner un contenu pédagogique. Le projet utilise également les émotions vécues par les élèves durant les jeux, afin de les faire réfléchir et évoluer dans leur posture d’internaute. Entre chaque jeu, le gendarme reprend avec toute la classe les informations principales à retenir, revient sur leurs expériences et leur compréhension des enjeux et des risques cyber.

© BRC – F. Garcia

Nouveau système de communication à haut débit des forces d’intervention

La solution PC-Storm fournit aux forces d’intervention de la gendarmerie et de la police nationales des services de communication haut débit. Il s’agit d’un concept de communication nouvelle génération visant à fournir une application de messagerie sécurisée permettant de géolocaliser, d’échanger des données, des flux vidéos ou encore de consulter un annuaire interne, le tout de manière hautement sécurisée.

Le besoin d’une telle application s’est révélé lors des attentats de 2015 et la traque des frères Kouachi à Dammartin-en-Goële, le réseau téléphonique en campagne se révélant vite saturé… Ce nouvel équipement comble dorénavant cette faille grâce à la mise en place de bulles tactiques remédiant aux défaillances des opérateurs.

Les forces d’intervention peuvent ainsi créer des groupes de communication, donner les premiers éléments d’ambiance, envoyer des éléments de preuves ou transmettre des vidéos après une opération, sans que les contenus soient interceptés ou rendus publics.

Source: GENDCOM / Crédits photos:  D.R.