En cette période hivernale, les stations de ski accueillent de très nombreux touristes, notamment en Haute-Savoie. Pour assurer leur sécurité, la gendarmerie met en place des postes provisoires, comme celui d’Avoriaz. Cette brigade temporaire est composée de militaires, d’active et de réserve, issus du groupement de gendarmerie départementale et de la gendarmerie mobile. Ce dispositif est essentiel dans la lutte contre l’insécurité et la délinquance dans les stations, des phénomènes qui augmentent en même temps que la fréquentation.
Comme la plupart des stations de ski françaises, Avoriaz, prononcé sans le Z final pour les initiés, voit sa population exploser pendant l’hiver. Durant cette période, elle abrite près de 18 000 personnes, contre 150 hors saison. Une ville éphémère avec tous les problèmes de délinquance que l’on peut y rencontrer : vols, agressions, trafics de stupéfiants, alcoolémie, rixes…
« 80 à 90 % de la délinquance annuelle enregistrée à Morzine/Avoriaz l’est pendant la période hivernale , explique le chef d’escadron Emmanuel Vegas, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Thonon-les-Bains. Pour sécuriser cette station, parmi les plus emblématiques des Alpes, six gendarmes (contre 13 habituellement avec les renforts de la gendarmerie mobile) œuvrent donc jour et nuit.
Une réorganisation temporaire
Cette année, le contexte social national a en effet imposé une réorganisation des services de gendarmerie pour assurer la sécurité des stations. Les escadrons de gendarmerie mobile, habituellement déployés dans les postes provisoires, ont ainsi été engagés pour le maintien de l’ordre jusqu’au 8 février 2019.
Depuis le début de la saison, ce sont donc des gendarmes de différentes unités de la région qui ont été spécialement détachés, appuyés par des gendarmes adjoints volontaires et des réservistes. « Nous avons dû basculer les forces là où nous en avions besoin. Pour cela, nous avons détaché des personnels de différentes unités pour venir renforcer le poste, comme ceux de la brigade nautique d’Evian-les-bains, où l’activité lacustre est moins marquée en cette saison », explique le chef d’escadron.
Domaine d’actions
Les gendarmes du poste provisoire évoluent principalement au contact d’une population festive et de passage, avec tout ce que cela implique en termes d’incivilités et d’infractions.
Les contrevenants n’étant que de passage dans la station, il faut savoir apporter une réponse pénale dans l’urgence. « Nous avons entre 24 et 48 heures pour clore un dossier ! explique l’adjudant-chef Patrick Benedetto, chef du poste provisoire d’Avoriaz. Une expérience enrichissante et formatrice, car isolés de tous, il faut savoir être autonomes et réactifs ! »
Depuis le début de la saison, les gendarmes ont réalisé près de 150 procédures, concernant principalement des vols de skis et la consommation de stupéfiants.
Au quotidien, les militaires effectuent principalement des missions de proximité, de surveillance, mais aussi de prévention, y compris sur les pistes. « Comme dans toutes les brigades, nous devons connaître notre circonscription et les pistes du domaine skiable en font partie… »
Leur présence y est toutefois plus symbolique. Pas question en effet de contrôler les skieurs férus de vitesse ou imprudents, mais bien d’assurer une présence visible et préventive. Cela permet également de prendre contact avec les pisteurs et les personnels des remontées mécaniques, avec lesquels les gendarmes échangent quotidiennement des informations. « Dans le cadre de la lutte contre le travail illégal, nous sommes également amenés à contrôler des professeurs de ski indépendants non déclarés. »
Des moyens adaptés à l’environnement
Outre le fait de se situer sur une falaise abrupte, pouvant être à l’origine d’accidents graves, la principale particularité d’Avoriaz est d’être entièrement piétonne. Aucun véhicule ne parcourt les rues de la station.
Ainsi, les gendarmes adaptent leurs moyens d’action et patrouillent à pied, à ski ou… au moyen d’un engin chenillé, leur permettant de réduire leurs délais d’intervention de jour.
« Nous privilégions les patrouilles pédestres, mais le « Traxter » permet de se rendre plus vite sur les interventions urgentes et de transporter du matériel, comme ce fut le cas fin janvier quand une coulée de neige a touché une résidence de la station, s’arrêtant sur un chemin piétonnier entre deux immeubles, relate l’adjudant-chef Benedetto. Plusieurs personnes ont été bousculées par cette avalanche, dont la hauteur dépassait par endroits huit mètres ! L’ensemble des personnels du poste ont été mobilisés, avec l’aide des pompiers et des personnels de la station, pour rechercher d’éventuelles victimes ».
La nuit est sur le point de tomber, le froid commence à se faire sentir. Pour se réchauffer, les skieurs s’octroient une pause, parfois prolongée, dans les bars. Cette année, la Folie Douce, célèbre enseigne de restaurant discothèque d’altitude, a d’ailleurs ouvert ses portes à Avoriaz, attirant des vacanciers n’hésitant pas à s’enivrer avant de retourner chez eux par les pistes.
La piétonisation de la station, autorisant un certain lâcher-prise, est un attrait supplémentaire pour tous ceux qui veulent faire la fête. Sans parler des tour-opérateurs proposant des séjours tout compris, séduisant une clientèle venant surconsommer…
Les gendarmes effectuent donc régulièrement des patrouilles de nuit, principalement sur la célèbre « place du Snow », lieu de concentration de tous les débits de boissons de la station. Si l’ambiance est plutôt festive, les gendarmes doivent aussi faire face à des situations parfois tendues : tapages, rixes, ivresse publique et manifeste… Sur les pistes, si le Code de la route ne s’applique pas, le Code pénal permet toutefois de sanctionner les skieurs « en cas de manquement délibéré à une obligation de sécurité ou de prudence ».
Source: GENDCOM / Crédits photos: © D.R.