REPORTAGE – Avec l’arrivée des vacanciers de février, les gendarmes multiplient leurs patrouilles à La Plagne (Savoie), en Haute-Tarentaise. La station affiche quasiment complet : 55.000 lits. Ils interviennent, avec diplomatie, pour des histoires sur fond d’alcool, des bagarres ou tapage nocturne.

Ronde de nuit en haute altitude avec les gendarmes de La Plagne (Savoie). Le temps de la saison hivernale, ils sont neufs (quatre de Savoie et cinq gendarmes mobiles venus de l’Ain en renfort, de Belley) à se relayer dans ses locaux neufs, inaugurés il y a un an.

Des locaux neufs  - Radio France
Des locaux neufs © Radio France – Christophe Van Veen

L’équipe de nuit est un binôme composé ce soir de l’adjudant-chef Christophe, de Belley, et le local de l’étape, le gendarme Laurent affecté à la brigade d’Aime-La Plagne depuis plus de dix ans et qui connaît tous les recoins de la vaste station.

Un bon café. La nuit va être longue ! - Radio France
Un bon café. La nuit va être longue ! © Radio France – Christophe Van Veen

Début de soirée

Entre 1200 et 3200 mètres d’altitude, La Plagne s’étend sur sept hameaux et demande à nos patrouilleurs de rouler beaucoup. Mais la patrouille, c’est aussi à pied une gendarmerie de proximité dans les galeries commerciales ouvertes autour des lieux festifs nocturnes.

La Plagne by night - Radio France
La Plagne by night © Radio France – Christophe Van Veen

Nous sommes avec eux de 23 heures à deux heures du matin, le temps de leur mobilisation sur le terrain.  Après deux heures du matin, ils prennent une permanence téléphonique.

Jusqu’au bout de la nuit avec les gendarmes

Quatre roues motrices indispensables en cette saison - Radio France
Quatre roues motrices indispensables en cette saison © Radio France – Christophe Van Veen
Faut être honnête : ça secoue un peu à l'arrière ! - Radio France
Faut être honnête : ça secoue un peu à l’arrière ! © Radio France – Christophe Van Veen

Une présence rassurante

Notre première rencontre : un couple âgé de restaurateurs, cambriolé il y a une dizaine d’années, et encore traumatisé. 23h00. Alors qu’ils baissent le rideau de fer de leur établissement, la femme et l’homme ressentent le besoin de discuter avec les deux gendarmes de leurs tracas quotidiens. « Ils sont fabuleux ! « s’exclame le Plagnard, « les gendarmes sont compréhensifs, disponibles, même si ils ne sont pas assez nombreux. » La remarque revient souvent chez les habitants. Cinq gendarmes mobiles ont en effet été réaffectés sur le conflit des gilets jaunes, le poste de gandarmerie a donc été un peu dégarni en ce début février.

La Plagne by night  - Radio France
La Plagne by night © Radio France – Christophe Van Veen

Autre rencontre avec une figure locale, Frédéric supporter du PSG -aux anges en cette nuit de victoire à Manchester United-, depuis quarante ans tenancier de pizzeria et autre boite de nuit. _ »On travaille bien avec les gendarmes. L’autre jour j’ai un client qui voulait partir sans payer les bouteilles. S’il n’y avait pas eu les gendarmes rapidement, il y aurait eu souci, le ton serait monté. On voit aussi que les jeunes arrêtent de fumer dans les couloirs quand ils voient passer les gendarmes. »  Frédéric se veut un patron responsable. Il met à disposition un minibus pour ramener sans encombre les clients alcoolisés qui se seraient trop « laissés aller ». _

Frédéric une figure de La Plagne - Radio France
Frédéric une figure de La Plagne © Radio France – Christophe Van Veen

Yves alias « Poupou » bosse lui aussi de nuit depuis 1981. Et il adore ça. Il fait tourner les télécabines jusqu’à une heure du matin environ. Il connaît bien notre gendarme Laurent. « Les clients des vacances, c’est sans problème. C’est plus chaud vers le mois de mars parfois, mais ça reste gentil. Les clients éméchés, rien de grave, on gère. »

Les gendarmes et Poupou - Radio France
Les gendarmes et Poupou © Radio France – Christophe Van Veen

Interventions fréquentes à cause de l’alcool

La patrouille ne se limite pas à du relationnel et de la présence visible. Selon le gendarme Laurent, « 90 % de nos interventions sont liés à l’alcool. Beaucoup de tapages nocturnes. Quelques bagarres. Dans ces cas-là, faut être patient, faire preuve de diplomatie. Et souvent charger un proche de s’en occuper. »

Et des faits bien plus graves. Le Savoyard a été marqué par un saisonnier qu’il a retrouvé mort dans l’incendie du camion où il dormait. Plus récemment, les gendarmes aussi ont été choqués par ces deux jeunes ivres qui ont emprunté une moto-neige et ont fini très grièvement blessés. Sans oublier les jeunes alcoolisés perdus dans la nuit, dans le froid mortel.

Le poste de gendarmerie a deux cellules qui sefvent parfois pour dégriser les fêtards. - Radio France
Le poste de gendarmerie a deux cellules qui sefvent parfois pour dégriser les fêtards. © Radio France – Christophe Van Veen

« C’est primordial d’être sur place ! »

Ce poste avancé a une vraie utilité, de nuit comme de jour.  Composé pour motié de locaux, et pour l’autre de gendarmes mobiles en renfort, spécialisés dans le maintien de l’ordre. Jusqu’à la fin de la saison, fin avril. « Gendarmerie de proximité «  plaide le major Xavier de Carpigny, à la tête de la compagnie d’Aime-La Plagne, en poste depuis un an et demi, et qui auparavant commandait depuis 2008 la brigade de Bozel qui a en charge la station de Courchevel.

Le major Xavier de Carpigny - Radio France
Le major Xavier de Carpigny © Radio France – Christophe Van Veen

Le major Xavier de Carpigny et l’activité intense du poste de La Plagne

Les gendarmes de ce poste avancé hivernal ne sont pas là seulement pour solutionner les vols de skis. Le major affirme d’ailleurs que les faits les plus graves n’ont pas lieu forcément dans les plus grosses périodes d’affluence scolaire. « Le soir du 25 décembre, le bureau de tabac a été cambriolé, fracturé. Quelques semaines plus tard, un restaurant de La Plagne Centre. La proximité permet d’intervenir très vite. Si on devait monter d’Aime, on mettrait une demi-heure, quand il ne neige pas. Et puis, il y a  cette présence rassurante pour les commerçants et les touristes. Certains sur les réseaux sociaux semblent dérangés par notre présence, on voit leurs commentaires, on ne plaît pas à tout le monde mais c’est primordial d’être sur place. » 

Le mini PC de la gendarmerie de station - Radio France
Le mini PC de la gendarmerie de station © Radio France – Christophe Van Veen

Fin de tournée nocturne. Calme plat.

A deux heures du matin, nous quittons notre duo si calme et sûr de lui dans ses déambulations nocturnes. « Ne jamais céder à la panique. Garder son calme. Ne jamais s’énerver. Cela risquerait de provoquer certains qui n’ont pas que des bonnes intentions. On fonctionne aussi au feeling. Quand c’est chaud, on le sent très vite. » nous dit le gendarme de Savoie.

Ballet nocturne à La Plagne - Radio France
Ballet nocturne à La Plagne © Radio France – Christophe Van Veen

Bon, ce mardi de première semaine de vacances scolaires, ce fut le calme plat. Aucune interpellation. Aucun fait grave. Si ce n’est à 5 heures du matin, les deux patrouilleurs, qui gardent chez eux le numéro de permanence téléphonique, ont reçu un appel de détresse d’un individu alcoolisé perdu dans la neige sur le secteur de Belle-Plagne.

Les deux hommes sont donc repartis sur le terrain, par -8 degrés, ils ont cherché partout, pendant plus d’une demi heure. Personne. L’homme était sans doute revenu dans son logement par ses propres moyens. Sans prévenir les gendarmes. C’est la dure mission des hommes de la nuit.

Source: francebleu.fr / Crédits photos: © D.R.