Afin de détecter le cancer du sein à un stade précoce, un programme de recherche d’innovation médicale de l’Institut Curie, nommé « projet KDOG », fait appel au flair des chiens et à l’expertise de la gendarmerie, pour repérer la présence de tumeurs.

En France, après les maladies cardiovasculaires, le cancer est la deuxième cause de mortalité chez les femmes. Le cancer du sein est celui qui est le plus fréquemment observé dans le monde et entraîne près de 12 000 décès chaque année dans notre pays. Pourtant, s’il est détecté tôt, il peut être guéri dans neuf cas sur dix. Or, trop de femmes n’ont encore pas accès au dépistage traditionnel ou appréhendent ces examens invasifs (mammographie ou biopsie). Dans cette optique, une équipe scientifique de l’Institut Curie a fait une découverte qui permet, à l’aide de nos fidèles compagnons, de déceler cette maladie à un stade précoce.

Une découverte majeure

Tout commence par des travaux de recherche sur les plaies du cancer du sein, menés en 2009 par Isabelle Fromantin, chercheure et infirmière. Ces études amènent à la conclusion que les tumeurs cancéreuses dégagent des odeurs indétectables pour l’homme. La scientifique se dit que ces composés organiques volatils (COV) pourraient être détectés par les chiens, à l’image de la drogue ou des explosifs. En effet, nos amis canins ont un odorat particulièrement développé leur permettant de déceler des odeurs très précises à partir de quantité infime de matière.

Les labradors et les malinois font partie des races de chiens les plus performantes dans cet exercice. Aussi, Isabelle Fromantin et toute l’équipe scientifique de l’Institut Curie ont développé un partenariat avec des équipes cynophiles, notamment celles de la gendarmerie, ayant l’habitude de travailler avec ce type de chiens. La transpiration contenant les composés olfatifs est ainsi prélevée avec une simple compresse. Celle-ci est ensuite présentée à l’animal qui a été dressé pendant près de six mois pour reconnaître cette odeur caractéristique. Les résultats des premiers tests effectués en 2017 sont probants : 90 % de réussite au 1er passage de l’animal et 100 % au 2ème.

Tous unis contre le cancer

Les recherches se poursuivent depuis deux ans afin de comprendre à présent quelle est cette signature olfactive propre aux plaies du cancer du sein. Dans ce cadre, les chercheurs ont fait appel aux experts scientifiques de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie (IRCGN). En effet, ces derniers ont déjà développé de réelles compétences dans l’étude des composants d’une odeur, notamment celles prélevées sur les scènes de crime. En tant que service d’État, l’Institution met ainsi son savoir faire au service de la protection des citoyens, y compris afin de lutter contre la maladie.

A l’occasion de l’Octobre rose, mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, un Workshop International a eu lieu à la grande arche de la Défense à Paris les 1er et 02 octobre. C’était l’occasion de valoriser ce beau projet KDOG et de faire connaître tous les professionnels de différents secteurs qui œuvraient dans le cadre de ces recherches (scientifiques, professionnels de la santé, militaires, gendarmes et policiers) ainsi que leurs mécènes. L’objectif était de faire connaître le projet et de favoriser les échanges entre professionnels pour avancer plus vite dans la recherche. A terme, le programme KDOG pourrait permettre d’étendre les dépistages à des personnes n’y ayant pas facilement accès jusqu’ici (pays en voie de développement, personnes handicapées, etc) et à d’autres types de cancers.

Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.