Afin de lutter ensemble contre la délinquance sévissant dans les zones rurales et touchant en particulier les agriculteurs, la gendarmerie, la chambre d’agriculture et la préfecture du Cher ont signé cet été une convention qui vient d’entrer en application.

La campagne et ses nombreuses zones isolées sont une aubaine pour les délinquants : peu d’habitations au kilomètre carré, des villages délaissés en journée et peu de risques de tomber sur un potentiel témoin. Parmi les seules âmes vivantes dans le secteur, on trouve le plus souvent des gendarmes et… des agriculteurs !

Le loup dans la bergerie

En effet, dans le cadre de leur activité, les exploitants agricoles passent le plus clair de leur temps à l’extérieur. Pour autant, ce sont aussi les premières victimes de cette délinquance. Depuis trois ans, une augmentation des faits a ainsi été constatée sur le département. Parmi les infractions, on retrouve les traditionnels vols d’animaux, d’engins ou encore d’outillages.

Mais depuis quelque temps, les gendarmes remarquent aussi l’émergence de nouveaux phénomènes, comme les vols de produits phytosanitaires, de GPS agricoles ou encore de carburant. C’est le plus souvent le fait d’équipes issues des pays de l’Est, qui séviraient notamment autour de Châteaumeillant (18), occasionnant un préjudice financier important pour les agriculteurs, déjà tributaires des variations climatiques et de l’industrie agroalimentaire.

Sécurité, l’affaire de tous

Partant de ce postulat et s’inspirant de ce qui se fait déjà dans d’autres départements, le groupement de gendarmerie du Cher a proposé à la préfecture et à la chambre d’agriculture la mise en place d’un dispositif « Agriculteurs vigilants ».

Une convention a ainsi été signée en début d’été entre ces trois entités et s’applique dès à présent. Les agriculteurs volontaires, une quinzaine pour l’instant, vont dès lors pouvoir participer au renforcement de la surveillance dans ces zones rurales et, notamment, sur leurs exploitations. Ils sont ainsi invités à signaler rapidement tout comportement anormal directement à la gendarmerie.

Il s’agit avant tout de communiquer, de renforcer le lien avec les gendarmes, mais aussi avec les habitants et les autres agriculteurs sur ce qui peut être observé localement. Une information semblant parfois anodine peut s’avérer très précieuse pour les enquêteurs.

Dans le même état d’esprit, la gendarmerie a développé le système de SMS « Vigi Agri », permettant aux exploitants d’être alertés lorsque l’un d’eux est victime d’une infraction.

Enfin, l’Institution propose également aux agriculteurs d’établir un diagnostic de sécurité de leur ferme, avec la visite d’un gendarme référent sûreté, spécialement formé, qui pourra leur dispenser des conseils en la matière.

Déméter contre « l’agribashing »

Cette convention entre la gendarmerie et les agriculteurs fait aussi écho à la mise en place, début octobre par la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), de la cellule d’enquête spécifique « Déméter », du nom de la déesse grecque de la terre.

Ces enquêteurs ont pour mission d’identifier et de poursuivre les auteurs d’intrusions et d’agressions chez les agriculteurs, qui se sont multipliées ces derniers temps.

La sensibilisation des exploitants aux infractions contre leurs biens, voire contre leur personne, et l’appel à la vigilance entrent donc également dans ce cadre. La gendarmerie entend bien travailler de concert avec eux pour les protéger des larcins, mais aussi de « l’agribashing ».

Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.