Alors que les statistiques concernant les violences à l’encontre des femmes sont préoccupantes, la journée du 25 novembre 2019 est dédiée à toutes les victimes de ce fléau à travers le monde. Dans le même temps, ce début de semaine est marqué par la fin du Grenelle des violences conjugales lancé par le gouvernement il y a plus de deux mois et l’annonce de nouvelles mesures sur le plan national.

D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 70 % des femmes dans le monde sont victimes de violences au cours de leur vie. On le sait à présent : il serait complètement illusoire d’imaginer que cela ne concerne que les pays en guerre ou en voie de développement. Depuis bientôt deux ans, la libération de la parole chez les femmes et la multiplication des cris de détresse en France ont mis en lumière ce fléau qui touche l’amie, la collègue, la voisine… Ainsi, dans notre pays, une femme meurt sous les coups de son (ex-)conjoint tous les deux jours. Une statistique d’autant plus alarmante que les violences conjugales ne cessent d’augmenter avec potentiellement toujours un chiffre noir qui demeure.

Une journée… et plus !

L’Organisation des Nations unies (ONU) a retenu la date du 25 novembre comme journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes. Ce jour renvoie à celui de l’année 1960, où trois sœurs, Patria, Minerva et Maria Teresa Mirabal furent assassinées alors qu’elles luttaient pour leurs droits, faisant face à la dictature de Rafael Trujillo, qui sévissait alors en République Dominicaine. L’ONU invite les gouvernements, les organisations internationales mais aussi non gouvernementales, à organiser ce jour-là des activités permettant de sensibiliser le plus grand nombre à ces violences.

Par ailleurs, depuis 1991, le Center for women’s global leadership a lancé une campagne de 16 jours d’action pour lutter contre les violences faites aux femmes. Celle-ci commence chaque année le 25 novembre et se termine le 10 décembre, journée internationale des droits humains. Cette année, la campagne du Secrétaire général de l’ONU, s’intitulant « Tous UNiS », a pour thème : « Orangez le monde : la Génération Égalité s’oppose au viol ».

Grenelle : de la mobilisation à l’action !

Au niveau national, ce 25 novembre 2019 marque la fin du Grenelle des violences conjugales, supervisé par Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. S’inspirant des grenelles locaux, des consultations citoyennes et des multiples déplacements sur le terrain, les 11 groupes de travail ont rendu leurs conclusions et émis plus de 65 propositions qui donneront lieu à différentes mesures.

Parmi celles-ci, il s’agit d’ores et déjà de prévenir ces violences dès le plus jeune âge, à travers la signature d’une convention interministérielle pour l’égalité des sexes dans le système éducatif et des séances d’éducation à la vie sexuelle et affective dans les établissements scolaires.

Par ailleurs, concernant les enfants de ces familles touchées, la suspension ou la déchéance de l’exercice de l’autorité parentale de l’auteur en cas de féminicide devrait pouvoir être prononcée plus facilement. Les procédures de violences conjugales pourraient faire l’objet d’un traitement accéléré et un magistrat, référent en la matière, sera désigné dans chaque parquet.

Il est aussi question des auteurs, avec la réquisition des armes blanches et à feu détenus par ces derniers dès la plainte, mais aussi le développement de centres pour leur prise en charge médicale afin d’éviter la récidive. Une proposition de loi a par ailleurs été adoptée mi-octobre concernant la mise en place de bracelets anti-rapprochement.

S’agissant des victimes, une « roue des violences» va être adoptée pour sensibiliser les jeunes et aider les professionnels à caractériser au mieux la situation afin de mettre en place les moyens adaptés.

En ce sens, l’accès à des places d’hébergement devrait être facilité (1 000 places supplémentaires, cartographie des places libres pour les forces de l’ordre, État garant pour une caution locative gratuite) et la ligne d’écoute « 3919 » fonctionnera en continu. Enfin, un audit sera réalisé sur l’accueil des femmes victimes de violences en brigade et en commissariat.

Des gendarmes formés

La gendarmerie a d’ores et déjà enrichi ses formations initiales et continues, aboutissant à 130 heures d’instruction en moyenne, pour améliorer l’accueil des victimes de violences conjugales.

Cette problématique est notamment abordée dans le cadre de la déontologie, mais aussi à travers des modules spécifiques traitant des infractions pouvant être constatées et des techniques d’audition à adopter. Ces enseignements font ensuite l’objet de mises en situation très réalistes.

© DGGN SIRPA