En décembre dernier, vingt gendarmes ont suivi une formation initiale de quinze jours afin d’intégrer la spécialité de tireur d’élite de la gendarmerie. Triés sur le volet à l’issue de tests de sélection rigoureux, ils ont été formés sur la base de l’expertise détenue par le GIGN.

Une fois par an, la gendarmerie organise des tests de sélection afin de déceler les futurs tireurs d’élite de l’Institution, amenés à opérer au sein de la garde républicaine, de la Gendarmerie des transports aériens (GTA) ou de l’un des Pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG).

Pendant 48 heures, les candidats sont ainsi évalués sur leurs aptitudes physiques, la qualité de leur tir, ainsi que sur leurs connaissances militaires, tant théoriques que pratiques, à travers différentes mises en situations. Tactique, camouflage, règles de calcul, mental… Rien n’est laissé de côté ! « Au cours de plusieurs séquences en rusticité, et sans repos, on s’assure également qu’ils possèdent la stabilité émotionnelle indispensable à cette spécialité », présente le capitaine Jérôme Theron, de la compagnie de gendarmerie départementale de Bonneville, en Haute-Savoie.

À l’issue de la dernière session, organisée en novembre 2019 au centre d’initiation commando de Montmorency et au camp militaire de la Valbonne, vingt militaires ont été retenus pour suivre la formation initiale de tireur d’élite de la gendarmerie, mutualisée pour la première fois cette année entre la gendarmerie des transports aériens, la garde républicaine et l’ensemble des PSPG de la région Rhône-Alpes.

En décembre dernier, ces vingt stagiaires triés sur le volet se sont donc retrouvés sur le camp militaire de Caylus, dans le Tarn-et-Garonne, pour se confronter à la dure réalité de cette spécialité.

Pendant quinze jours, encadrés par des moniteurs formés au GIGN, sous la direction du CNE Theron et du capitaine B., instructeur de la force formation du GIGN, ils ont enchaîné les exercices et les mises en situation afin d’acquérir et de maîtriser toutes les compétences indispensables à l’obtention du précieux sésame.

Rigueur et rusticité !

C’est par l’école de tir que débute la formation. Cette discipline permet d’appréhender les gestes techniques nécessaires au tireur afin d’être totalement autonome et maîtriser son arme en toute sécurité : position du tireur couché, connaissance du couple arme-lunette et de ses capacités et, enfin, le calcul de distance, facteur clé pour traiter un objectif.

La pratique du tir de précision permet ensuite d’affiner la qualité de tir, afin que le tireur soit en capacité de traiter un objectif réduit de 15 cm de côté (épaule-demi-tête) à une distance de 200 m, de jour comme de nuit, quelles que soient les conditions environnementales. C’est le contrat opérationnel, nommé « tir police », que les tireurs certifiés devront mettre en œuvre au sein de leur unité, lorsqu’ils seront engagés sur des missions.

© Gendarmerie nationale – CNE J. Theron

Tenir la position dans toutes les conditions

Au cours d’une journée type, se succèdent ainsi des séances de tirs de précision, de tirs de rapidité et de tirs sur ordre, au cours desquelles les stagiaires doivent intégrer les paramètres liés aux conditions climatiques du moment. En effet, afin de coller aux conditions d’exécution de leurs futures missions, l’essentiel de la formation se déroule en extérieur.

« Le stage se déroule à l’approche de l’hiver afin de bénéficier de conditions plus rudes, car dans leur futur spectre missionnel, ils vont se retrouver sur les toits dans toutes les conditions climatiques et ils vont devoir tenir la position pendant des heures, sous une forte chaleur ou à l’inverse par grand froid, sous la pluie, le vent… Cela doit être acquis dès la formation initiale. C’est donc un stage dense et éprouvant », précise le CNE Theron.

Chaque tireur doit maîtriser les tables de références, de coefficient et de calcul liées à la distance et aux types de munitions utilisées, afin de pouvoir déterminer les corrections à appliquer lors du tir. L’ensemble de ces paramètres doit être connu sur le bout des doigts, sans faille, pour garantir un tir ciblé. Il n’y pas de place pour l’approximation ! Certains candidats sont en effet opérationnels et mis à disposition de leur unité dès la fin de leur cycle de formation.

Savoir observer, progresser, s’infiltrer…

Après le tir de précision, les candidats découvrent et s’exercent au tir de combat, qu’ils doivent également maîtriser, afin d’être en mesure de traiter des objectifs de taille humaine, correspondant à un homme couché, assis, à genoux ou debout, et ce jusqu’à une distance de 600 mètres.

Si la finalité de la mission du tireur d’élite est le tir éventuel, sa mission principale reste la permanence de l’observation et le compte rendu clair, précis, rapide et sans équivoque à l’autorité. Le militaire doit donc être en mesure de durer sur le terrain, en tout lieu et quelles que soient les conditions météorologiques, mais il doit également maîtriser les techniques de progression, d’approche, d’infiltration et d’observation ainsi que les codes de tir, pour être en mesure d’exécuter des tirs sur ordre immédiat ou différé d’un coordonnateur de tir.

Au cours de la seconde semaine de formation, une succession de mises en situation opérationnelle permet ensuite de mettre en pratique l’ensemble des techniques apprises.

© Gendarmerie nationale – CNE J. Theron

Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.