C’est l’une des enquêtes les plus musclées de ce début d’année. Le 18 février dernier, après plus de deux ans d’investigation, les gendarmes ont démantelé un vaste trafic de stéroïdes anabolisants. Bilan de l’opération : plusieurs tonnes de produits illicites et plus de deux millions d’avoirs criminels ont été saisis.
Au milieu des bancs de musculation d’une salle de sport de la région toulousaine, entre deux séries de développé-couché, plusieurs individus mènent un petit trafic bien juteux. Depuis la fin de l’année 2017, ils revendent aux personnes de leur entourage, des stéroïdes anabolisants, pourtant prohibés, commandés en Europe de l’Est, via Internet.
Lorsqu’ils les interpellent, en février 2019, les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) et de la Section de recherches (S.R.) de Toulouse mettent la main sur un petit pactole. 1 000 comprimés, 224 ampoules et 23 fioles de stéroïdes anabolisants et modulateurs hormonaux sont saisis. Le revendeur est écroué et ses complices placés sous contrôle judiciaire.
Opération en Europe de l’Est
Mais l’enquête ne s’arrête pas là. Il faut à tout prix identifier la filière d’approvisionnement et la démanteler. À la demande de magistrats instructeurs du Pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, une Équipe commune d’enquête (ECE) est mise sur pied. Pilotée par l’OCLAESP, elle réunit l’Ukraine, la Pologne et la Slovaquie.
Un an d’investigation aura suffi aux enquêteurs de l’ECE pour mener à bien leur quête et lancer, le 18 février dernier, une vaste opération d’interpellations transfrontalière. Plus de 270 membres des forces de police des différents pays concernés sont mobilisés.
Vingt-cinq personnes, parmi lesquelles vingt-et-un ressortissants slovaques, deux Polonais et deux Ukrainiens, sont arrêtées en Slovaquie et en Pologne, dont le chef de l’organisation criminelle. Dix-sept perquisitions domiciliaires et neuf perquisitions dans des locaux administratifs et commerciaux, dont des entrepôts, des bureaux de société et des cabinets médicaux sont réalisées. Des milliers de cachets et d’ampoules de stéroïdes, deux tonnes de matières premières et plus de 2 millions d’avoirs criminels (argent liquide, comptes bancaires, biens immobiliers, véhicules) sont saisis.
Les investigations ont permis de comprendre le mode opératoire du groupe criminel. Ses membres agissaient depuis Bratislava. Ils importaient en gros des stéroïdes venus de Chine. Les substances interdites étaient conditionnées en plaquettes ou en produits injectables prêts à l’emploi, puis vendues par le biais de sites Internet. Les stéroïdes étaient ensuite transportés vers la Pologne et l’Ukraine pour y être stockés, avant d’être acheminées à leurs destinataires.
Des risques très élevés pour la santé
Pour se procurer ces produits, pour la plupart prohibés sur notre territoire, pas besoin d’aller sur le Dark Web ! Les stéroïdes se trouvent partout sur Internet. Une simple recherche indexant le géant américain de la vente en ligne accolé au mot stéroïde suffit pour tomber immédiatement sur une multitude de résultats, vous promettant de devenir aussi fort qu’un gorille alpha !
Sauf que derrière ces belles paroles, les vendeurs omettent deux choses : tout d’abord qu’il s’agit de produits dopants. Les stéroïdes font en effet partie du groupe des anabolisants, des « engrais » en quelque sorte. Plus connus sous le nom de testostérone, ils permettent de stimuler la croissance musculaire, de mieux supporter les charges lourdes et, entre autres, de récupérer plus facilement.
Deuxièmement, les marchands de rêves ne mentionnent en aucun cas les effets secondaires des différents produits qu’ils proposent. Testostérone, hormones de croissance, déhydroépiandrostérone (DHEA), tous ces anabolisants font courir au corps des risques incommensurables : œdèmes, effets virilisants chez la femme, acné, diminution des spermatozoïdes, acromégalie, diabète, arthrite, et accessoirement, une réduction de l’espérance de vie… Ils peuvent aussi provoquer des comportements agressifs, pouvant aller jusqu’à des crises de violence incontrôlées, avec les risques que cela engendre, notamment pour l’entourage.
Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.