La Brigade nautique (B.N.) de Marseillan a mené, le 28 juillet, avec ses camarades du Grau-du-Roi et ceux de la Gendarmerie maritime (GMAR), une action de prévention et de sensibilisation auprès des plaisanciers et autres amateurs de loisirs nautiques. Un public souvent mal informé et responsable des trois-quarts des opérations de sauvetage en 2019.
L’année dernière, 288 personnes ont été portées disparues ou sont décédées dans l’espace maritime français et plus de 22 000 ont été sauvées grâce à des opérations de sauvetage. Sur les 13 507 interventions menées par tous les acteurs de la sécurité en mer en 2019, près des trois-quarts visaient des plaisanciers et autres amateurs de loisirs nautiques. Et sans surprise, c’est pendant la période estivale que le Centre opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS), autorité qui fait foi en la matière, recense le plus d’accidents : 51 % des interventions se déroulent entre le 1er juin et le 30 septembre.
Pour tenter de réduire le nombre de victimes, les préfectures maritimes mettent en place des actions de prévention auprès des plaisanciers. C’est notamment le cas sur le littoral méditerranéen où, depuis plusieurs années, les préfets maritimes de la zone, actuellement le vice-amiral d’escadre Laurent Isnard, ancien patron des forces spéciales françaises, mènent, tous les étés, des opérations de sensibilisation auprès des plaisanciers. Ces interventions impliquent tous les acteurs de l’action de l’État en mer, et en particulier la gendarmerie.
Marins d’eau douce
Pour la deuxième opération de sensibilisation de l’été (sur trois), organisée le 28 juillet, l’Arme arrive en force : trois vedettes sont mobilisées pour l’occasion, l’une appartenant à la Gendarmerie maritime (GMAR) du groupement de la Méditerranée, la deuxième à la Brigade nautique (B.N.) du Grau-du-Roi et, enfin, la dernière à la B.N. de Marseillan. Elles vont, durant une matinée complète, longer les côtes de l’Hérault (34) et naviguer en particulier sur le littoral proche des stations balnéaires de la Grande-Motte et de Palavas-les-Flots.
Une vingtaine de minutes après le départ de la capitainerie de la Grande-Motte, les trois militaires composant l’équipage de la Magelone, la vedette de la B.N. de Marseillan, procèdent à leur premier contrôle, celui d’une petite embarcation avec, à son bord, quatre passagers, dont deux enfants. Le gendarme Dimitri procède à la vérification des documents, tandis que l’adjudant Alexandre dresse, avec l’un des individus, la check-list des équipements de sécurité.
Gilets de sauvetage, dispositifs lumineux, dispositif de remorquage et annuaire des marées, tout y est. Cependant, le sous-officier remarque que le plaisancier met beaucoup de temps à les trouver. L’individu, loin d’être un loup de mer, va donc bénéficier de quelques conseils de la part de l’adjudant : « Connaissez-vous le CROSS monsieur ? », lui lance-t-il. Le « marin d’eau douce » est incapable de répondre à cette question, comme beaucoup d’autres ce jour-là.
Météo et bolides sur l’eau
Pourtant, le rôle des sept CROSS, couvrant l’ensemble du littoral, est essentiel. À l’instar du Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG), ils assurent la réception des alertes à partir d’une veille radio et téléphonique permanente, y compris celles émises par les balises de détresse et les systèmes de communication par satellite et gèrent les opérations de recherche et de sauvetage. Sous l’autorité du ministère de la Transition écologique, un simple numéro suffit pour les prévenir : le 196. Un numéro trop peu connu au goût de l’adjudant Alexandre.
« Quand les gens partent en mer, ils le font sans trop se préparer, soupire-t-il. Ils ne connaissent pas les numéros d’urgence et galèrent avec leurs équipements de protection. » Ce n’est, bien évidemment, pas le cas de tout le monde, à l’instar de ce marin chevronné, qui présente tous ses équipements et documents aux gendarmes en un temps record, et ce, sans la moindre anicroche. Mais il suffit de faire quelques nautiques supplémentaires pour tomber sur un autre groupe de personnes, beaucoup moins sûres d’elles, notamment concernant la météo.
« Ils ne prennent même pas le temps de vérifier la météo avant de partir »
Surprise par l’arrivée d’une pluie fine, cette petite troupe, qui avait décidé de profiter de son embarcation pour partir pêcher non loin des côtes, fait part de ses réflexions sur le temps à des gendarmes dépités. L’exemple, s’il peut paraître « cliché », témoigne du manque de sérieux de bon nombre de plaisanciers. Si aujourd’hui la mer est d’un calme à faire pâlir Poséidon, ce n’est pas toujours le cas. Et certains, comme cette bande d’amies, « ne prennent même pas le temps de vérifier la météo avant de partir », conclut l’adjudant, avec une pointe d’irritation.
L’autre point de crispation des gendarmes, ce sont les jet-skis, baptisés Véhicules nautiques motorisés (VNM) dans leur jargon. Ces embarcations ultra-rapides peuvent foncer jusqu’à 50, voire 60 nœuds, soit près de 100 km/h ! Un véritable danger pour le sous-officier, qui précise que ces engins sont conduits par « un public qui fait souvent n’importe quoi avec. » Heureusement, les structures qui proposent ce genre de prestations sont souvent encadrées par des moniteurs chevronnés, comme c’est le cas sur l’unique contrôle de la journée. Ce qui n’empêche pas la survenue de drames, comme l’été dernier, où la B.N. a été confrontée au décès d’un de ces pilotes au large de Marseillan.
Ce type d’opérations de sensibilisation ne constitue pas la seule mission des B.N. En plus d’être brevetés pilotes, tous les militaires ont la qualification d’enquêteur subaquatique. À ce titre, ils ont pour mission de rechercher des preuves dans le cadre d’enquêtes judiciaires (découverte de cadavre, d’armes, de munitions, d’explosifs, d’objets volés, de véhicules, de drogues). Ils effectuent également des recherches des personnes disparues, des missions de secours aux personnes en danger ou sinistrées à la suite de catastrophes naturelles et de sécurisation et protection de sites pour garantir la protection des biens et des personnes. Chaque année, la B.N. de Marseillan mène entre 70 et 80 interventions.
Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.