Face à la recrudescence des actes de mutilation sur les chevaux, la gendarmerie déploie les grands moyens. Le dispositif mis en œuvre pour lutter contre ces actes de cruauté a été présenté lundi soir au ministre de l’Intérieur et à son homologue à l’agriculture, lors d’une réunion de travail dans l’Oise.

Les mutilations en série commises sur les chevaux n’inquiètent plus seulement les éleveurs, elles deviennent une préoccupation au plus haut sommet de l’État. En témoigne la visite du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin et de son homologue à l’Agriculture, Julien Denormandie, à Madame Didier. Cette habitante de Plailly, dans l’Oise (60), fait partie des éleveurs touchés par les actes de cruauté envers les équidés. En juillet, elle perdait ainsi une jument, victime de sévices ayant conduit à sa mort.

Après un échange avec cette personne, les deux ministres se sont rendus à la mairie du village, pour une réunion de travail. L’objectif : découvrir le dispositif mis en place par la gendarmerie afin de lutter contre les actes de barbarie envers les équidés. Un dispositif qui n’a d’égal que l’ampleur du phénomène.

Des moyens engagés conséquents

D’abord, au niveau local, les unités spécialisées en matière de police judiciaire, brigades et sections de recherches, sont saisies d’une trentaine d’attaques recensées depuis février 2020 sur l’ensemble du territoire. De nombreuses patrouilles de surveillance sont engagées partout en France, près des haras et des élevages, « en tenue, en civil, la nuit, le jour », martelait le colonel Denis Aubert, commandant le groupement de gendarmerie départementale de la Mayenne, sur France Bleu Normandie.

Au niveau national, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) et le Service central de renseignement criminel de la gendarmerie (SCRC) assurent un appui aux enquêteurs (analyse, croisement des renseignements) et veillent à la bonne coordination des efforts.
En plus de tous ces acteurs, d’autres moyens nationaux sont mobilisés, tels que la garde républicaine et le très célèbre Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), qui apportent leur expertise chacun dans leur domaine.
Le suivi et la coordination de ces moyens considérables sont assurés depuis la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) par le Bureau de l’animation et de la coordination judiciaire (BACJ) de la Sous-direction de la police judiciaire (SDPJ).

Prévention et diagnostic de sécurité

La partie la plus visible de l’iceberg concerne la prévention. Les gendarmes sensibilisent d’ores et déjà les propriétaires à la manière de mieux protéger leurs animaux.

© SIRPA

L’OCLAESP se charge quant à lui de communiquer conseils et recommandations auprès de la Fédération française d’équitation (FFE) et de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE).

Lors de son intervention hier soir dans l’Oise, le ministre de l’Intérieur a appelé « les Français à la mobilisation générale pour signaler tout indice permettant de mettre un terme à ces atrocités. » Il a également rappelé « à ne faire justice soi-même. Ne risquons pas le drame dans le drame. »

153 enquêtes ouvertes dont 30 pour faits graves

Cette opération nationale de lutte contre les actes de cruauté sur les animaux est prise très au sérieux par les militaires. Dans la nuit du dimanche 6 septembre, en Côte-d’Or (21), un propriétaire de chevaux a aperçu des lampes dans son pré et prévenu les gendarmes. Pas moins de 40 militaires ont été déployés sur le terrain, appuyé par un hélicoptère et une équipe cynophile. Un cheval a été blessé, « pas gravement », selon le vétérinaire. Deux hommes sont toujours recherchés.

153 autres enquêtes, comme celle diligentée par la S.R. de Dijon, ont été ouvertes, dont « une trentaine pour faits graves », a précisé hier soir Gérald Darmanin. Si certains actes de cruauté sur les équidés peuvent être le fait d’animaux nécrophages, les enquêteurs restent prudents et réalisent des investigations minutieuses. Pour l’heure, aucune hypothèse n’est écartée ou privilégiée : « Vengeance dans le milieu équestre, action d’un déséquilibré, challenge morbide sur Internet, dérives sectaires, militantisme… », énumère le colonel Hubert Percie du Sert, coordinateur de la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie.

Pour rappel, les faits sont qualifiés de « sévices graves ou actes de cruauté envers un animal domestique, apprivoisé ou captif. » Ces délits sont punis de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.