Située aux portes de Genève, la compagnie de gendarmerie de Saint-Julien-en-Genevois (74) est en proie aux cambriolages du fait de la richesse de son territoire et des nombreux axes qui la traversent. Des opérations y sont régulièrement organisées pour faire tomber les équipes de délinquants s’aventurant sur le secteur. Embarquement immédiat avec les patrouilles mobilisées ce soir-là !

Une petite dizaine de kilomètres séparent Saint-Julien-en-Genevois de la « capitale de la paix ». Cette proximité engendre une forte concentration de population, le secteur attirant aussi bien les Français intéressés par les salaires helvétiques que les Suisses préférant les loyers de l’Hexagone. Si la zone accumule ainsi les richesses, elle se révèle malheureusement d’autant plus sujette aux cambriolages, avec en moyenne 1 200 faits par an.

« Nous constatons presque quotidiennement des cambriolages sur le secteur. Le plus souvent, ils ont lieu à la tombée de la nuit, juste avant que les gens ne rentrent du travail. Avec l’arrivée de l’hiver, c’est d’autant plus facile pour les auteurs, qui observent quelles sont les maisons qui ne sont pas encore allumées et tapent très vite ! », explique le lieutenant Grégory, commandant le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de la compagnie.

Ce soir, il a la responsabilité d’organiser une nouvelle Opération anti-délinquance (OAD) sous l’impulsion de son commandant de compagnie. Fraîchement sorti de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), il peut néanmoins compter sur son expérience d’ancien sous-officier affecté au GIGN pour imaginer un dispositif innovant menant directement aux auteurs.

Le jeu du chat et de la souris

À 18 heures pétantes, les militaires du PSIG, de la brigade territoriale, de la brigade de recherches et de l’équipe cynophile sont tous réunis pour assister à son briefing. Dans l’idée de manœuvre, il convient d’être plus ingénieux que les délinquants, en mêlant notamment les gendarmes en tenue et en civil, mais aussi en associant des éléments statiques et dynamiques. S’aidant d’une cartographie, le lieutenant donne à chaque patrouille son secteur et sa mission, avant de donner le top départ. Une fois arrivé sur sa zone de surveillance, chacun rend compte par moyen radio, afin que l’officier s’assure que le dispositif est bien en place.

Équipé d’une caméra thermique pour débusquer le moindre mouvement, au crépuscule puis dans la nuit, le lieutenant arpente, avec l’une de ses patrouilles, les quartiers résidentiels à flanc de montagne. « Les grandes propriétés situées sur les hauteurs sont des cibles idéales pour les cambrioleurs : les Suisses qui y résident gardent facilement chez eux d’importantes sommes en espèces et de la joaillerie de grand luxe ! La vraie difficulté ensuite, c’est que les profils des auteurs sont multiples et leurs modes opératoires également. Certains utilisent des voitures ou des plaques d’immatriculations volées, d’autres se font déposer et parcourent plusieurs kilomètres à pied avant d’être récupérés par leurs complices », remarque l’adjudant-chef Alexandre, adjoint au lieutenant.

Les gendarmes échangent régulièrement avec leurs différents partenaires (police cantonale, police municipale, gardes frontière, etc.) et n’hésitent pas à solliciter la population, notamment à travers la participation citoyenne, pour obtenir des renseignements. Malheureusement, les habitants ont plutôt tendance à faire le 17 une fois le larcin constaté.

Une soirée mouvementée

Aussi, sous réquisition accordée par le parquet, les différentes patrouilles multiplient les contrôles le temps de l’opération : vérification des documents d’identité et des papiers liés aux véhicules, mais aussi ouverture des coffres et des sacs, rien n’est laissé au hasard… Et cela finit par payer ! À peine une demi-heure après le début de l’opération, la radio crépite : l’un des postes fixes a récupéré dans ses filets un poisson pour le moins intéressant.

Les trois occupants du véhicule, deux hommes et une femme, disent n’être que de passage dans la région et venir du sud de la France. Sur la banquette arrière, ils transportent plusieurs boîtes de chaussures neuves. À la demande de l’un des gendarmes, le conducteur a ouvert le coffre mais s’est empressé d’y jeter les clés de la voiture avant de le refermer. Les militaires lui ayant bien fait comprendre qu’il risquait gros entre ce comportement récalcitrant et le prix d’un dépannage en soirée, l’individu tente tant bien que mal de le rouvrir. Entre les valises remplies de vêtements de marque, les gendarmes y découvrent un pied de biche et un tournevis.

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Drôles d’accessoires pour venir passer des vacances ! L’un des passagers détient également plus de 500 euros en numéraire et les documents d’identité présentés aux militaires semblent à première vue falsifiés. Les trois individus sont conduits à la brigade la plus proche pour tirer cette affaire au clair tandis que le dispositif se poursuit.

Quelques minutes plus tard, placé au cœur du dispositif, le véhicule équipé d’un Lecteur automatique de plaques d’immatriculation (LAPI) détecte une voiture ressortant a priori volée !

Toutes les patrouilles convergent aussitôt vers elle, mais il s’agit d’une fausse alerte : la machine a confondu avec une plaque italienne, très proche de celle française, à la seule différence que celle-ci n’a pas de tiret pour séparer les lettres des chiffres.

Il est 21 heures lorsque l’opération se termine. Avant que les gendarmes ne réintègrent leur matériel et rentrent à la caserne, le lieutenant les remercie et débriefe avec eux : « C’était une soirée productive. Nous ne rentrons pas bredouilles, même si nous avons quand même perdu beaucoup de temps sur le contrôle des trois individus. Malgré tout, cela nous donne des informations sur le type d’équipes qui circulent dans le secteur. N’hésitez pas si vous avez des remarques ou des suggestions sur le dispositif, nous devons progresser tous ensemble… » L’officier leur fait rapidement rompre les rangs et imagine déjà de quelle manière il montera son prochain dispositif pour traquer les cambrioleurs !

Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.