Ils étaient 43 000, à travers tout le territoire, à être mobilisés pour cette nuit hors norme de la Saint-Sylvestre. Des rues désertes de Paris au rassemblement de 2500 fêtards à endiguer en Ille-et-Vilaine, revivez en immersion ce réveillon exceptionnel avec les gendarmes.

Jusqu’ »au bout de la nuit », sans Keanu Reeves, mais avec 43 000 gendarmes, qui étaient, eux, pleinement mobilisés sur tout le territoire pour une Saint-Sylvestre sans commune mesure. L’avenue mythique des Champs-Élysées, pleine à craquer à l’accoutumée, était vide peu après 20 heures, soit le début du couvre-feu. Seule une centaine de gendarmes et policiers quadrillait la zone. «  Ça nous change de d’habitude  », confie presque étonné, l’un des gendarmes mobiles présent sur le site.

Vers 22 heures, le calme régnait dans les rues de la capitale. Les sept escadrons de gendarmerie mobile (EGM) venus en renfort dans Paris se contentaient de contrôler quelques passants, dont certains étaient venus pour photographier la tour Eiffel depuis la place du Trocadéro, complètement vide. Malheureusement pour eux, 63 militaires de l’EGM 23/7 de Sélestat tenaient la zone hermétique. Impossible pour ces badauds de s’approcher de près, comme de loin.

À ces dispositifs fixes, s’ajoutaient des patrouilles de la Garde Républicaine, plus mobiles. En tout, 18 cavaliers ont tourné toute la nuit près du Champs de Mars, au pied de la dame de fer. Là aussi, la solitude environnante contrastait avec la folie ambiante des années précédentes. Les cavaliers, montés sur leurs chevaux alezans, n’ont eu que peu de contrôles à réaliser et ont pu profiter du calme rare et olympien d’un Champs de Mars vide de tous ses parisiens.  

«  Sanctuariser le triangle Arc de Triomphe, Champs de Mars et Trocadéro est l’objectif fixé par la Préfecture de Police de Paris (PP)  », résume le chef d’escadron Christophe, commandant en second du dispositif pour la gendarmerie. Pour cela, l’officier bénéficiait donc de sept escadrons. En tout, «  17 EGM, soit près de 1000 militaires  », étaient déployés sur Paris et sa petite couronne, détaille l’officier. Un dispositif conséquent mais finalement habituel par rapport aux autres années.

«  Jeudi soir en province  »

Car la vraie menace ne se trouvait pas à Paris, mais plutôt en province. Dans l’Essonne, 220 gendarmes ont passé la nuit sur le terrain. «  Un effort significatif par rapport aux réveillons précédents  », précise la colonelle Karine Lejeune, commandante le groupement. Un dispositif rendu possible grâce aux renforts de 38 réservistes. 55 patrouilles et plusieurs postes fixes sur des axes stratégiques ont été mis en place pour répondre aux deux objectifs principaux de la soirée : « faire respecter les mesures de couvre-feu et lutter contre les rassemblements sauvages ainsi que les fêtes clandestines.»

Grâce à ce dispositif sans précédent, ou du moins en partie, la soirée a pu se dérouler normalement. Peu avant minuit, le centre opérationnel de renseignement (CORG) n’a eu «  que  » 400 appels à traiter, soit une soirée comme les autres pour l’un des opérateurs. Les principales requêtes concernaient des accidents, des différents entre voisins et des tapages.

Finalement, la soirée aura donc été plus tranquille qu’à l’accoutumée pour les gendarmes de l’Essonne, contrairement à leurs homologues d’Ille-et-Vilaine. En début de soirée, 2500 personnes ont investi des hangars désaffectés d’une zone d’activité située dans la commune de Lieuron, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Rennes.

2 500 personnes réunies pour une rave party

Alors qu’une centaine de véhicules convergeait vers cette zone pour y installer une rave-party, les gendarmes se sont immédiatement mis en position pour les intercepter. En plus des véhicules, les militaires ont fait face à la violente hostilité des fêtards. L’opération a vite tourné à l’affrontement ; un véhicule de la gendarmerie a été incendié, trois autres dégradés et les militaires ont essuyé des jets de bouteilles et de pierres, occasionnant des blessures légères.

Après une nuit de contrôles ininterrompus, les gendarmes ont relevé plus de 1600 infractions, dont 200 en lien avec les stupéfiants. Sur le site, divers matériels de sonorisation, groupe électrogène ont été saisis. L’un des mis en cause, un jeune homme de 22 ans, soupçonné par les gendarmes d’être l’organisateur de l’événement, a reconnu les faits en garde à vue et a été mis en examen ce lundi 4 janvier, notamment pour l’organisation illicite, dégradation, mise en danger de la vie d’autrui, ouverture d’un débit de boissons et aide à l’usage de stupéfiants.

Au total sur l’ensemble du territoire, 45 400 contrôles ont été réalisés et 6 650 verbalisations pour non-respect du couvre-feu ont été dressées par les forces de sécurité intérieure. Contrairement aux années précédentes, les incidents ont été moins importants, ce qui n’a pas empêché certains individus de prendre à parti les forces de l’ordre, parfois de manière très violente avec des usages de mortiers et d’artifices. Ces agressions ont conduit les policiers et gendarmes à réaliser 662 interpellations et à placer en garde à vue 407 individus. Durant cette nuit inédite en tous points, policiers comme gendarmes ont quand même dû déplorer 25 blessés dans leurs rangs.

Source: gendinfo.fr