Mise en place au sein du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG) en 2019, la formation des gardes de sécurité diplomatique (GSD) a, depuis 2021, été complétée par un module dispensé par le GIGN afin de faire face à une menace sécuritaire d’intensité variable.

Cibles privilégiées d’attaques contre l’État français à l’étranger, les emprises diplomatiques nécessitent de faire l’objet d’une vigilance de tout instant. La gendarmerie projette alors des militaires en leur sein, de façon permanente. Dans les trente pays où la menace est d’intensité intermédiaire, les GSD sont en charge de la surveillance à l’entrée et à l’intérieur des ambassades et veillent à la sécurité des personnes et des biens, dans un milieu où les codes sont très différents de ceux qu’ils connaissent. Afin de les préparer à leur futur emploi, le Département formations internationales et partenariats (DFIP) du CNEFG a mis en place, depuis 2019, une formation d’une semaine pour leur donner les clés nécessaires à la réussite de leur mission. Mais face à une menace sécuritaire dont l’intensité peut rapidement aller crescendo, cette formation est, depuis 2021, complétée par un module spécifique dispensé par la Force de sécurité-protection (FSP) du GIGN.

Se préparer aux fonctions de GSD

« Après les attentats terroristes en France de 2015 et 2016 puis contre notre ambassade au Burkina Faso en 2018 , la sécurité des emprises diplomatiques est devenue de plus en plus préoccupante. Une réflexion a donc été conduite entre le Ministère des Affaires Etrangères et la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) pour améliorer la formation des gendarmes projetés en ambassade. Avec le stage GSD, il s’agit donc de sensibiliser les militaires aux problématiques de leur affectation future, de leur faire comprendre le fonctionnement d’une ambassade et de faire en sorte qu’ils soient moins surpris par le côté extraordinaire au sens littéral du mot de ce milieu, différent de celui qu’ils connaissent en gendarmerie » présente le général de brigade Éric Lamiral, commandant le CNEFG. Durant cinq jours, les futurs GSD vont apprendre les rudiments de leurs fonctions à venir. Entre secours opérationnel, information sur le risque explosif, entraînement au tir ou encore techniques de maîtrise sans arme de l’adversaire, les cours s’enchaînent avec, comme objectif, l’exercice final de synthèse. Pendant une matinée, les stagiaires joueront le rôle de GSD d’une ambassade fictive au sein de laquelle sont matérialisés un poste de garde extérieur, un poste de contrôle et de sécurité, la résidence des gendarmes, le bureau de l’ambassadeur et l’incontournable « Safety room » où seront mis à l’abri l’ambassadeur et ses collaborateurs en cas d’attaque. Du simple accueil d’un visiteur imprévu à l’intrusion d’un individu équipé d’une ceinture explosive, en passant par la présence de contestataires devant les grilles de l’ambassade, des incidents d’intensité variable s’enchaînent, obligeant les futurs GSD à mettre en application les méthodes acquises durant la semaine. L’exercice n’est pas simple mais permet de toucher du doigt ce qui sera leur quotidien au cours des prochaines années.

Changement d’intensité avec le GIGN

Si les GSD n’ont pas vocation à assurer des missions d’escorte et de protection rapprochée des autorités diplomatiques, aussi appelées les « V.I.P », les circonstances l’imposent parfois. La situation sécuritaire peut rapidement se dégrader et, dans l’attente de renforts, ils seront seuls en mesure d’assurer la sécurité de l’ambassadeur. Afin de les préparer au mieux à cette éventualité, une formation dispensée par les militaires de la FSP du GIGN a été intégrée au stage. Durant trois jours, ces experts en protection des hautes autorités dans les pays en crise et des zones de conflit donnent aux futurs GSD les clés pour réaliser cette mission d’ampleur qui implique pour eux un entraînement poussé et régulier.

La première partie du module se veut théorique avec une présentation des cadres légaux d’action et des missions. C’est aussi l’occasion de dispenser quelques conseils sur la manière de se comporter avec une autorité. « La présence d’une protection peut parfois être perçue comme une contrainte par l’autorité. C’est à vous de faire en sorte que ça ne le soit pas, en étant discret tout en restant présent et à disposition » explique aux stagiaires Sébastien, chef de groupe à la FSP.

Des mises en situation au plus proche de la réalité

Place ensuite à la pratique avec la rédaction d’une fiche de site, indispensable à tout déplacement de l’autorité, et l’apprentissage des méthodes d’escorte, à pied ou en véhicule. Les techniques de tir sont également affinées afin d’y intégrer la protection du « V.I.P » puis mises en pratique au sein des locaux d’exercice du CNEFG, permettant de réaliser des exercices en situation quasi réelle grâce à l’emploi de munitions para-marquantes. Le point d’orgue de cette formation reste toutefois l’exercice nocturne du week-end. Durant plusieurs heures, en place au sein de leur ambassade fictive, les stagiaires devront faire face à une menace grandissante et mettre en place un plan de défense, élaboré par leurs soins. Pour être au plus proche de la réalité, les deux formateurs du GIGN jouent les plastrons et s’infiltrent tour à tour dans les emprises diplomatiques afin de tester les dispositifs mis en place. Bombes lacrymogènes, munitions para-marquantes, bandes sonores diffusant des cris, obscurité totale… On se croirait presque au milieu d’une insurrection. Bien qu’il s’agisse d’un exercice, le stress et l’adrénaline sont bien présents chez les stagiaires. Une bonne façon d’avoir un aperçu de ce qui pourrait arriver sur place et de tester leurs réactions en situation dégradée.

Un stage enrichissant

La mise en place du stage GSD fait l’unanimité auprès des stagiaires, qu’ils aient ou non une expérience précédente en ambassade. « Lorsque j’ai été affecté au Niger, en 2011, il n’y avait pas de formation. On suivait une information d’une semaine au sein du Ministère des affaires étrangères. Mais avec ce stage, on se sent mieux armé pour partir car il est complet et basé sur des situations concrètes.» explique l’adjudant Alban, affecté au sein d’un escadron de gendarmerie mobile. Sa vision est également partagée par le gendarme Nicolas, issu de brigade et ayant lui aussi déjà une expérience de GSD à son actif, à Bahreïn : « Sur place, on est tout seul, il faut se débrouiller. C’est important d’avoir, a minima, une acclimatation. Le stage GSD est réellement un plus avant le départ. Les exercices de synthèse sont intéressants et permettent de se projeter sur notre futur rôle ». Du côté des novices, la formation permet de prendre la mesure de ce qui les attend. « En plus des enseignements qui permettent d’avoir une approche tactique et technique du métier de GSD, ce stage permet d’échanger avec des camarades qui sont déjà partis à l’étranger et d’aborder plus sereinement nos futures responsabilités » confie l’adjudant Cédric, actuellement affecté au sein d’un Peloton de surveillance et d’intervention (PSIG).

Une formation adaptée à la mission

Avec l’intégration d’un module dispensé par les militaires du GIGN, la formation a déjà connu une avancée importante, permettant ainsi de faciliter la complémentarité des forces sur le terrain. « Notre intervention dans cette formation est également une plus-value pour nous. En donnant aux GSD les moyens de réagir vite et efficacement, on facilite notre arrivée sur place si nous devons nous projeter. Ils constituent un relais important car on s’appuiera en partie sur l’analyse du site qu’ils nous donneront. » indique Sébastien, de la FSP. Pour le chef d’escadron Christophe Le Breton, chef du DFIP en charge du stage GSD, cette évolution est certes satisfaisante mais ne doit pas s’arrêter là. « La formation des GSD est en adaptation permanente, notamment grâce aux retours d’expérience. Cette année, nous y avons intégré le module avec le GIGN, qui représente 20 heures de plus que la formation GSD classique. Mais il reste encore des choses à penser. Dans l’idéal, nous souhaiterions compléter la formation avec une sensibilisation à la « Prévention technique de la malveillance » car, sur place, les GSD sont souvent amenés à évaluer la sécurité des emprises diplomatiques et à être des conseillers privilégiés en la matière ».

Source: gendinfo.fr