Implanté au sein du Centre national de traitement, à Rennes, sur le site de l’Agence nationale de traitement automatisé des infractions (ANTAI), le Centre automatisé de constatation des infractions routières (CACIR) est composé de manière paritaire de trente-deux gendarmes et policiers procédant à la constatation et au traitement des infractions relevées par les dispositifs de contrôle automatiques (radars vitesse et feux rouges). Entrez dans les coulisses de ce service à compétence nationale.

Il y en a environ 4 200 en France. Indiqués par des panneaux en amont ou implantés de façon plus discrète, ils permettent de lutter contre l’insécurité routière, qu’il s’agisse du respect des limitations de vitesse ou d’une signalisation imposant l’arrêt (feux rouges, passages à niveau). D’après la Sécurité routière, ils ont déjà permis de sauver 23 000 vies au cours des dix ans qui ont suivi leur installation. Pourtant, une grande majorité de Français ne perçoivent pas le rôle positif des radars et les considèrent davantage comme des « pompes à fric » que comme des anges gardiens. Le CACIR a accepté de nous ouvrir ses portes pour nous expliquer le fonctionnement et l’utilité de ces appareils.

Souriez, vous êtes photographié !

Créé en 2004, le CACIR regroupe des agents et des officiers de police judiciaire, gendarmes ou policiers, ayant une compétence nationale. Loin des machines croisées au bord de la route, ces femmes et ces hommes ont pour mission principale de vérifier si chaque cliché remonté présente bien tous les éléments constitutifs d’une infraction routière. « Il y a un œil humain derrière chaque image analysée et ce, pour tous les radars situés en métropole et en outre-mer », explique la capitaine de gendarmerie Magali, adjointe au chef du centre. Si des milliers d’images défilent aléatoirement sous leurs yeux chaque jour, ils sont heureusement assistés d’un logiciel permettant de comparer la photo avec les données du Système d’immatriculation des véhicules (SIV) : type de véhicule, modèle, plaque, couleur, etc. « Nous sommes là pour donner naissance à l’infraction, en fonction des clichés et des paramètres de l’appareil », résume un personnel.

Tous les clichés ne donnent pas lieu à la constatation d’une infraction. La vigilance et l’expertise des agents peuvent conduire à mettre au rebut des clichés non valides. C’est le cas, par exemple, de certains véhicules prioritaires au sens du Code de la route, d’une photo où plusieurs véhicules apparaissent sans que l’appareil puisse désigner la voie concernée, d’une photo de mauvaise qualité (immatriculation partielle, cliché noirci…), ou encore d’une doublette de plaques d’immatriculation. « En cas de doute sur l’image, ils trancheront toujours au profit de l’usager », signale le commandant de police Laurent, à la tête du CACIR. Chaque contrevenant peut d’ailleurs réclamer au service l’envoi du cliché, avant d’envisager une contestation.

 


© GENDARMERIE/SIRPA/E.VIVES
 

Radars fixes ou embarqués, tourelles ou tronçons, à double face ou de chantier, feux rouges… Tous les appareils sont également paramétrés, dès leur installation ou après une intervention pour une remise en production, par l’une des cellules du CACIR, qui vérifie si les différents paramètres légaux sont bien respectés. En cas de contestation, le centre pourra ainsi attester de la conformité de l’emploi des appareils.

Voir du pays en une journée

En 2020, malgré les appareils dégradés et la baisse de circulation liée aux confinements, les gendarmes et policiers du centre ont traité plus de 18 millions de messages d’infraction (clichés remontés), qui ont donné lieu à près de 13 millions d’avis de contravention (infractions constatées). Si la mission quotidienne peut sembler fastidieuse, les personnels n’en demeurent pas moins concentrés, conscients de leurs responsabilités. « Le défilement et la vision proche fatiguent la vue et nous obligent à faire des pauses. Mais il ne faut pas oublier que le franchissement d’un feu rouge, par exemple, coûte quatre points, ce qui n’est pas rien pour un usager. Nous sommes donc particulièrement vigilants lors de la constatation ! », fait remarquer un opérateur.

D’autant que certains clichés valent le détour ! « Derrière nos écrans, nous voyageons à travers les photos. Parfois, nous distinguons des couchers de soleil ou la neige selon les coins de la France, c’est magnifique ! », reconnaît un autre personnel. D’autres photos relèvent davantage de l’insolite, avec des véhicules « tunés » de façon improbable, des accidents ayant lieu au moment même du flash, voire les parties intimes du conducteur ou de ses passagers qui apparaissent soudainement à l’écran. Précisons néanmoins que dans ce dernier cas, selon la nature du cliché, le CACIR peut déposer plainte pour outrage envers le personnel rendu victime lors du visionnage.

Garantir le respect de la loi

Au-delà de la constatation d’infractions routières, les nombreux clichés qui remontent au CACIR peuvent également constituer une source précieuse d’informations pour renseigner les unités de terrain. La cellule Multi-récidivistes et appui judiciaire (MAJ) du centre communique ainsi régulièrement avec les brigades et les commissariats. Il peut lui arriver de signaler une situation inquiétante (par exemple, un cliché où des hommes encagoulés et armés apparaissent dans un véhicule dont la plaque a été volontairement masquée). La cellule rédige également des notes de renseignement à destination des unités lorsqu’elle constate la réitération d’infractions de la part d’un véhicule. Au niveau local, l’unité peut alors mettre un dispositif en place pour interpeller le conducteur. A contrario, dans le cadre de leurs enquêtes, les services peuvent aussi requérir le CACIR. C’est le cas lorsqu’ils ont des informations parcellaires sur un véhicule (pas de plaque, par exemple, mais un modèle et une couleur sur un créneau précis), ou lorsqu’ils n’ont pas d’accès direct aux dossiers des contraventions (ADOC), comme les douanes ou la direction des finances publiques.

La cellule MAJ lutte également contre les différentes fraudes, qu’il s’agisse de la falsification, de la modification ou de l’absence de plaques d’immatriculation, mais aussi de la désignation frauduleuse d’un autre conducteur. Différents sites Internet proposent en effet, moyennant finance, de frauder en utilisant de fausses identités ou des permis de conduire étrangers. Mais, derrière ces malversations, il peut aussi s’agir d’une vraie victime qui s’est fait usurper son identité sur le territoire national.

Enfin, si la majorité des excès de vitesse relèvent d’une contravention de 3e ou 4classe (inférieurs à 50 km/h au-dessus de la limitation), sanctionnés par une amende forfaitaire, une cellule du CACIR gère celles de 5classe pour les grands excès au-delà de 50 km/h. À l’exception des services d’urgence sommés de justifier ces vitesses (forces de l’ordre, pompiers, etc.), les chauffards se verront convoqués directement au tribunal judiciaire, la cellule éditant et envoyant le P.V. à la juridiction concernée.

Si le CACIR oblige ainsi à ralentir, il protège avant tout les usagers de tous les dangers.

Source: gendinfo.fr