Fort de ses 38 ans de carrière en gendarmerie, dont 34 passés au sein de l’escadron motocycliste de la garde républicaine, le major Philippe connaît bien le fonctionnement du Tour, puisqu’il aura participé à 24 de ses éditions. Il revient sur la sécurisation de cet événement hors du commun.

À quelques mois de la retraite, le major Philippe, commandant du troisième peloton de l’escadron motocycliste de la Garde, reste un homme passionné par son métier et toujours avide d’apprendre malgré déjà ses nombreuses connaissances.

Une riche expérience sur la Grande Boucle

Entré en gendarmerie en 1985, après y avoir effectué son service militaire, il n’hésite pas une seconde en sortie d’école et choisit de servir au 1er régiment d’infanterie de la garde républicaine. « J’ai découvert qu’il y avait des motards et je me suis présenté aux tests de sélection dès l’année suivante. » Il les réussit et rejoint alors le prestigieux escadron motocycliste de la Garde, qu’il ne quittera plus. « J’ai été élevé au biberon de l’escadron, j’y ai grandi en faisant tous les métiers possibles en son sein ! »

Fort de cette expérience, le major s’implique particulièrement dans la chaîne de concertation, mais également sur le Tour de France, qui n’a plus de secret pour lui. « Je connais bien toutes les missions qui peuvent nous être dévolues, ayant moi-même été à l’avant et à l’arrière de la course, en moto et en véhicule, signaleur drapeau jaune, mais aussi, durant sept ans, chargé de mission pour seconder le commandant de l’escadron au niveau de la préparation logistique et administrative. »

Engagé pour la 24année consécutive sur le Tour, il a vu son organisation évoluer au fil des éditions. « Avant, le commandant de l’escadron devait assumer plusieurs casquettes, notamment celles d’officier de liaison et de communiquant. À présent, il y a un officier de gendarmerie désigné pour chaque mission, ce qui lui permet de se recentrer sur la sécurisation. »

Un nouveau défi au centre de coordination

En l’absence d’officier pouvant occuper le poste au Centre de coordination du Tour de France (CCTDF) cette année, c’est donc tout naturellement qu’on a sollicité le major. « Mon expérience a pesé dans la balance lorsqu’il a fallu désigner quelqu’un pour cette mission. On m’a fait confiance et je suis fier d’occuper cette fonction, même s’il faut gérer des événements compliqués. » C’est le cas, par exemple, du 3 juillet dernier, où un camion de la logistique de Cochonou s’est retrouvé coincé sur le parcours face à l’étroitesse de la route. « Les cyclistes étaient à seulement une trentaine de kilomètres derrière. Nous avons sollicité l’accord du préfet pour modifier leur itinéraire au dernier moment et mettre en place un nouveau jalonnement en urgence, mais l’intervention des camarades a finalement permis de débloquer le camion trois minutes avant l’arrivée des coureurs ! »

Le major peut ainsi compter sur sa grande expérience pour apporter des solutions à chaque difficulté. « Je connais bien la place de chacun et le fonctionnement de la course. Aussi, je pense à mes camarades, je sais à quel moment les appeler et comment leur présenter les choses, car c’est une mission très stressante pour eux, entre l’amplitude horaire et la tension face à la foule, qui peut mal se comporter. Cela me permet de contrecarrer mon inexpérience dans un P.C. opérationnel. »

En effet, le major n’en demeure pas moins très humble et travaille sans relâche pour donner le meilleur à chaque étape. « Il y a des moments de tranquillité et d’un coup, tout bascule ! Cela demande un vrai effort de concentration et, chaque jour, je fais mon auto-évaluation. Nous sommes les travailleurs de l’ombre sur le Tour, mais c’est très haletant de vivre ce tourbillon tactique et opérationnel avec tous les acteurs (NDLR : pompiers, SAMU, ASO, etc.). »

À qui le Tour ?

Une expérience hors du commun pour sa dernière année en tant que gendarme engagé sur la Grande Boucle puisque, dans quelques mois, le major Philippe atteindra la limite d’âge. Mais la sécurisation, c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas ! Aussi, ce grand passionné n’a pas dit son dernier mot : « Il est possible que je revienne l’année prochaine en tant que réserviste. Je n’écarte pas cette solution ! »

Source: gendinfo.fr