Au nord de la péninsule normande, les militaires de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Cherbourg-Cotentin, renforcés l’été par des réservistes, occupent le terrain pour assurer la protection de la population. Reportage à  Saint-Vaast-la-Hougue et Barneville-Carteret.

Ce matin, à la brigade de proximité de Saint-Vaast-la-Hougue, au nord-est du Cotentin, les gendarmes bouclent une belle opération de stups. Ils ont saisi une quantité importante d’herbe et de pieds de cannabis, du matériel pour la culture, ainsi que de l’argent et des armes. Preuve, s’il en fallait une, que pendant la période estivale, les affaires continuent, et que les trafiquants ne prennent pas de vacances.

C’est aussi pour cela que l’apport d’un Détachement de surveillance et d’intervention de la réserve (DSIR), dans le cadre du Dispositif estival de protection des populations (DEPP), s’avère essentiel. « Quatre réservistes ont été affectés à la Communauté de brigades (CoB) de Valognes, l’une des trois de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Cherbourg-Cotentin, explique l’adjudant (ADJ) Christophe, chef de la Brigade de proximité (BP) de Saint-Vaast-la-Hougue. Ils nous ôtent toute une partie des interventions minimes, ce qui nous permet d’être plus efficaces. »

À Saint Vaast, l’été, la population est multipliée par cinq, et les événements culturels rythment la saison tous les week-ends, selon la volonté du nouveau maire, Gilbert Doucet. « C’est très important pour la municipalité de pouvoir compter sur les gendarmes pour l’organisation et le jalonnement de ces événements, note ce dernier dans son bureau de l’hôtel de ville, avant d’ajouter : L’augmentation de la population pose surtout des problèmes de stationnement. Le manque de places entraîne de nombreuses incivilités, qui génèrent des tensions auxquelles nous étions peu habitués : stationnement sur les trottoirs, les passages cloutés… Nous avons une policière municipale, mais nous souhaitons mutualiser un autre poste au niveau de l’agglomération, pour un renfort de juin à septembre sur la bande côtière. » L’adjudant s’en réjouit : « Dans un village comme celui-ci, c’est important pour la gendarmerie de pouvoir s’appuyer sur une police municipale. »

Les huîtres sous surveillance

Christophe patrouille ce matin avec la gendarme Manon sur le port de Saint-Vaast, dont l’entrée est matérialisée par les deux tours Vauban, l’une sur la presqu’île de la Hougue, l’autre sur l’île de Tatihou. Distantes l’une de l’autre de trois kilomètres à vol d’oiseau, le tir croisé de leurs feux interdisait l’accès à la baie de Saint-Vaast. Dans la rade, s’étendent les parcs à huîtres, à perte de vue. Le mollusque marin est ici un trésor, sur lequel la gendarmerie veille scrupuleusement.

En longeant le début de l’anse qui répond au nom poétique de « cul de loup », on arrive rue des parcs, où se succèdent les fermes d’aquaculture, dont celle de Vincent, 20 ans d’expérience dans le métier. « Des vols de grosses quantités d’huîtres ont déjà eu lieu à Saint-Vaast, probablement commis par des professionnels du secteur, note-t-il. Il faut savoir que beaucoup d’exploitants se sont installés, y compris certains du bassin d’Arcachon qui cultivent des huîtres ici, et les trempent quelques heures là-bas pour les vendre comme des huîtres d’Arcachon… Dans ce contexte concurrentiel, les gendarmes sont importants pour la tranquillité des ostréiculteurs. » Des rondes ont été mises en place, y compris nocturnes, en collaboration avec la Gendarmerie maritime. Si ces patrouilles dédiées ont surtout lieu en décembre, à l’approche des fêtes, elles se déroulent aussi durant l’été.

Christophe et Manon poursuivent leur patrouille en centre-ville, au contact des commerçants. Passage obligé par la Maison Gosselin, fondée il y a plus de 130 ans par l’ancêtre Clovis, véritable caverne d’Ali Baba pleine à craquer de produits frais, spécialités locales, épices, spiritueux, et de quelques grands crus bien gardés… Depuis plusieurs années, le lieu est protégé par un important réseau de 32 caméras de vidéoprotection. « Elles couvrent tout le magasin et les zones d’entrepôt. Les images permettent de remonter jusqu’à deux semaines en arrière », décrit Bertrand, qui dirige la boutique avec sa femme Françoise. « La référente sûreté du Groupement de la Manche est passée pour vérifier ce dispositif, complète Christophe, et elle a été très impressionnée par la qualité de l’installation. »

En continuant vers le nord, le long de la plage de Jonville, là où la route s’arrête et semble plonger dans la Manche, Le Goéland 1951 paraît seul au monde. Construit en partie sur un ancien blockhaus, ce bar de plage, ouvert jusqu’à la fin septembre, rythme les nuits saint-vaastaises. Les gendarmes sont régulièrement obligés d’intervenir pour calmer quelques esprits échauffés par l’alcool, faire baisser le son pour ne pas gêner le camping voisin, et mettre en place des contrôles routiers juste à la sortie du premier virage, pour prévenir les accidents. L’été, les militaires jouent ainsi un rôle primordial pour que les vacanciers puissent s’amuser en toute sécurité, pour éviter qu’une fête ne vire au drame.

Barneville-Carteret : de 2300 à 19 000 habitants

De l’autre côté de la péninsule, sur la partie occidentale, s’étend la « Côte des Isles », ainsi nommée parce qu’elle fait face aux îles anglo-normandes, Jersey et Guernesey, situées à une quarantaine de kilomètres au large. Nichée au creux d’un havre, Barneville-Carteret, 2300 habitants à l’année et 19000 l’été, est officiellement classée « station de tourisme », la seule de la Manche à avoir obtenu ce prestigieux label.

Dans son bureau, le nouveau maire de la commune, David Legouet, évoque les questions de sécurité de ce secteur avec l’adjudant-chef (ADC) Didier, de la CoB des Pieux. Le cheval de bataille de l’élu, ce sont les camping-cars. « J’ai dû prendre un arrêté pour en réglementer le stationnement, confirme-t-il. Notamment parce qu’ils occupaient toutes les places proches de la plage. Ils ont désormais un parking dédié, à un kilomètre de la plage, de 8h à 22h, et la nuit, ils doivent se rendre dans un camping et s’acquitter, comme tout visiteur, de la taxe de séjour, qui permet de financer les infrastructures. Bref, ils sont toujours les bienvenus, mais à nos conditions. »

Carte de la ville à l’appui, le maire et les gendarmes font le point sur les 12 lieux où seront installées les prochaines caméras de vidéoprotection. « Il y a peu d’incidents à Barneville, se félicite l’élu, et c’est notamment dû au travail de la gendarmerie, qui est très présente sur le terrain, et met régulièrement en place des contrôles sur les voies de circulation, ce qui a un effet dissuasif. »

Source: gendinfo.fr