Après sept mois d’une concertation nationale entre les représentants des forces de l’ordre, les élus, les magistrats et les membres de la société civile, le Beauvau de la sécurité a été clôturé, ce mardi, par le président de la République. Au cours de son allocution, Emmanuel Macron a annoncé une liste de mesures, dont une augmentation de la durée de formation et des effectifs de la réserve, ainsi qu’une généralisation de la caméra-piéton.

Le président de la République, Emmanuel Macron, était ce mardi à l’École Nationale de Police de Roubaix pour clôturer le Beauvau de la sécurité, en présence de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, du Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, ainsi que du Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), le général d’armée Christian Rodriguez.

Sept mois de concertation nationale

Pour rappel, le Beauvau de la sécurité a été lancé en février 2021, par Gérald Darmanin, dans l’objectif de moderniser la politique publique de sécurité au bénéfice des policiers, des gendarmes et de l’ensemble des français.

Pour ce faire, le ministre de l’Intérieur a réuni autour de la table les organisations représentatives de la gendarmerie et de la police, des élus, une vingtaine de personnalités qualifiées ainsi que plusieurs experts internationaux pour aborder des thématiques comme le maintien de l’ordre, la formation et bien d’autres. En plus de ces tables rondes thématiques, des concertations régionales ont également eu lieu pour évoquer des problématiques plus locales.

1, 5 milliard d’euros dédié à l’Intérieur

Au total, après huit tables rondes thématiques et neuf régionales, le président de la République a pu annoncer, au cours de son allocution, les différentes mesures mises en place suite à cette concertation nationale. Pour les financer, le chef de l’État a, dans un premier temps, annoncé un budget supplémentaire de 500 millions d’euros en 2022 pour mettre en œuvre les mesures décidées lors du Beauvau de la Sécurité. Au total, le budget du ministère de l’Intérieur augmentera de 1,5 milliard d’euros en 2022. Les 500 millions d’euros constituent une rallonge par rapport à la hausse de 900 millions annoncée par le Premier ministre Jean Castex fin juillet.

Élargissement des amendes forfaitaires

Outre cette augmentation drastique du budget, Emmanuel Macron a annoncé vouloir développer les amendes pénales forfaitaires « pour l’occupation illicite de terrains par les gens du voyage » et « les occupations illicites des halls d’immeuble. »

Cette mesure sera mise en œuvre « dès ce mois d’octobre », a déclaré le chef de l’État, avant de se féliciter que « 100 000 amendes forfaitaires aient déjà été dressées depuis le 1er septembre 2020 pour consommation de stupéfiants. »

Simplification des procédures pénales

Le président de la République demande au ministre de la Justice d’engager une simplification des procédures pénales, avec des premières mesures concrètes attendues d’ici à trois mois. « La lourdeur des procédures est l’ennemie de la sécurité », a-t-il déploré, avant de demander « une simplification drastique des cadres d’enquête, la généralisation des PV de synthèse pour les petits délits. »

Une loi de programmation et d’orientation pour la sécurité intérieure

Parallèlement, il charge le ministre de l’Intérieur d’engager l’élaboration d’une Loi de programmation et d’orientation pour la sécurité intérieure (Lopsi), qui devra être présentée au début de l’année prochaine. Le président de la République souhaite « penser la police et la gendarmerie de 2030. » Cette loi « devra être la loi de modernisation numérique du ministère de l’Intérieur» , pour « faire face aux nouvelles formes de délinquance qui pullulent dans l’espace numérique, les escroqueries digitales et la cybercriminalité. »

La plainte en ligne dès 2023

La transformation numérique du ministère de l’Intérieur était au cœur de l’allocution d’Emmanuel Macron, tout comme le souci de simplification. Dans cet état d’esprit, afin de mieux prendre en charge les victimes, il a annoncé la mise en place de la plainte en ligne, et ce « dès 2023. » À l’heure actuelle, seule une pré-plainte peut être déposée grâce à son clavier, mais il faut toujours se rendre dans une brigade ou un commissariat pour finaliser sa démarche.

 


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Généralisation de la caméra-piéton

Toujours dans cette idée de modernisation, il dit aussi vouloir « permettre à chaque fonctionnaire (et militaire) sur le terrain d’être doté d’une caméra individuelle » d’ici à la fin de 2022. Il a confirmé que le déploiement d’une caméra-piéton par patrouille sera mené à son terme. « 15 000 ont déjà été déployées, 15 000 restent à déployer et le seront d’ailleurs dans les prochaines semaines », a expliqué le chef de l’État, avant de justifier qu’elles « sont bonnes pour prévenir des violences, mais aussi dans la suite judiciaire », et qu’elles « permettent d’éviter tout dérapage des interpellés. »

« Doubler en dix ans » la présence de policiers et gendarmes sur le terrain

Mais le numérique ne viendra pas effacer l’humain, bien au contraire. Le chef de l’État veut « plus de bleu sur le terrain », et même « doubler sous dix ans la présence de policiers et gendarmes sur la voie publique. » Pour « dégager des marges de manœuvre », Emmanuel Macron veut libérer les forces de l’ordre de certaines tâches administratives. Mais « il faudra peut-être créer des postes ici ou là. »

Cette augmentation des effectifs concerne également la réserve. Celle de la gendarmerie accueillera 20 000 personnes supplémentaires, soit un total de 50 000 réservistes.

Une meilleure formation, notamment sur le volet judiciaire

Mais, le chef de l’État ne souhaite pas que la quantité se substitue à la qualité. Afin de pallier au « manque d’officiers de police judiciaire et les difficultés pour que les procédures avancent comme il se devrait », le président souhaite « qu’un plan pour l’investigation soit lancé dès la fin de cette année. » Concrètement, ce plan prévoit la mise en place de « greffiers de gendarmerie », soit des personnels administratifs, pour soulager les enquêteurs. La formation au métier d’officier de police judiciaire sera également intégrée à la phase initiale de l’apprentissage en école. Quant à la formation continue, elle sera haussée de 50 %.

Vers une instance de contrôle parlementaire des forces de l’ordre

Enfin, le président souhaite la mise sur pied « d’une instance de contrôle parlementaire des forces de l’ordre, sur le modèle de la délégation parlementaire aux renseignements. » L’objectif de cette commission serait de « procéder à l’évaluation de leur (des forces de l’ordre) action. » Quant aux rapports de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) et de son équivalent dans la police, l’IGPN, leurs rapports seront désormais « rendus publics », a-t-il annoncé, ce que les deux entités se sont d’ores et déjà appliquées à faire cette année.

Source: gendinfo.fr