Samedi 18 septembre, quatre ans jour pour jour après une grave blessure, l’adjudant-chef (ADC) David et la gendarme Solène, qui l’a accompagné dans la préparation de ce projet, ont parcouru 160 kilomètres à vélo, en trois étapes, du lieu de l’accident au nouveau lieu de vie de David. Récit.

C’est l’histoire d’une rencontre. La rencontre de deux volontés fortes. D’un côté, la gendarme Solène, de la Brigade territoriale autonome (BTA) d’Angers, qui, dans le cadre du passage de son certificat de spécialisation en encadrement et entraînement des blessés de la Défense (CSE2BD), voulait accompagner un blessé de l’arme dans un projet de reconstruction. De l’autre, l’adjudant-chef (ADC) David, qui avait précisément en tête un tel projet, afin de tourner définitivement la page d’un grave accident survenu en 2017.

Un épais brouillard

Ladite rencontre a eu lieu en mars 2021. Et entre ces deux-là, ça a matché très vite. « Je marchais un peu sur des œufs, reconnaît Solène. Nous avons beaucoup discuté, de son vécu, de son projet. Il m’a parlé avec son cœur et j’ai été très touchée par son histoire. » David confirme : « J’ai tout de suite accroché à la personnalité de Solène, sa maturité malgré son jeune âge. »

De la journée du 18 septembre 2017, David n’a gardé aucun souvenir. Il se rappelle bien de la veille, mais ensuite plus rien. Un trou noir de plusieurs semaines… Il y avait un épais brouillard sur la route qui devait le mener au P. Mo. de Vivy, dans le Maine-et-Loire, où il était affecté alors. À Montreuil-Bellay, sa moto est percutée par un véhicule. Il est transporté d’urgence au CHU d’Angers, aorte explosée, fractures multiples. « Seules les jambes étaient en état de marche, tout le reste était cassé », résume-t-il.

Coma, hospitalisation, rééducation… Et le brouillard qui persiste. « Je confondais le jour et la nuit… » Grâce notamment à l’aide de sa femme, David remonte la pente, et reprend le service, d’abord sur un poste sédentaire strict, puis en service complet, sans la moto.

Pour tourner définitivement la page, David imagine un projet sportif : parcourir à vélo la distance qui sépare le lieu de l’accident de l’endroit où il projette de construire une maison, à l’Île d’Olonne en Vendée, à proximité du Peloton Motorisé (P. Mo.) de Fontenay-le-Comte, sa nouvelle affectation depuis le 1er août 2021. En tout, 160 kilomètres. « Solène ne fait pas de vélo, mais c’est une grande sportive, une handballeuse de haut niveau, membre de l’équipe de France de la gendarmerie. Alors ça ne lui faisait pas peur ! »

Dans les mois qui précèdent le départ, la jeune gendarme va aider David à mettre en place ce projet et à lui donner encore plus de sens, tout en lui cuisinant une préparation physique et sportive aux petits oignons. « Je voulais aller encore plus loin dans la symbolique, explique-t-elle. Nous avons donc imaginé un parcours en trois étapes, chacune représentant un passage vers la reconstruction. Ce projet, c’est notre bébé ! »

« Vers un autre monde »

Quatre ans jour pour jour après l’accident, ils ont donc pris la route « Vers un autre monde », nom de leur projet, encadrés par des camarades des Compagnies de gendarmerie départementale (CGD) du Maine-et-Loire et de Vendée. La première étape les a menés au sommet de Saint-Michel-Mont-Mercure, point culminant de Vendée. « C’était la plus dure, témoigne Solène. Celle qui symbolise la souffrance, à l’issue de laquelle nous avons lâché des ballons dans le ciel avec des mots accrochés, illustrant ces épreuves, pour s’en délester, pour mieux tourner la page : Le Maine-et-Loire était derrière nous, place à la Vendée, place à un nouveau David ! »

La deuxième était celle de l’acceptation, du dépassement de soi. « Là, nous avons gravé des mots sur des bouts de bois, emportés par une rivière ». La dernière étape avait pour thème : Revivre à travers des projets familiaux, professionnels, sportifs. « Nous avons été rejoints par la famille et les amis de David. Cette fois, les mots étaient positifs, et les ballons accrochés au vélo de son fils, Arthus. »

« C’était un vrai défi sportif, dur physiquement, mais aussi une belle aventure humaine, forte émotionnellement, décrit David. Nous sommes partis à 6 et nous avons fini à 30, rejoints au fil du parcours par ceux qui ont été présents ces dernières années, qui m’ont aidé, dans ma vie personnelle comme professionnelle. Voir un sourire sur leur visage, c’était ma première motivation et ma plus belle récompense. »

Pour Solène, l’arrivée à l’Île d’Olonne n’est que le début de quelque chose. « C’est vraiment une vocation pour moi de m’occuper des blessés. C’était mon objectif dès mon entrée en gendarmerie. » David, lui aussi, voit plus loin que cette journée symbolique. Il continuera bien sûr à participer à des défis sportifs, comme les challenges multi-sports inter-armées Ad Victoriam. « Des quatre lettres des RMBS (Rencontres militaires blessures et sports), je retiens surtout le R de rencontres. Dans ces moments-là, je retrouve pleinement le sens du mot camarade, et je mesure la chance que j’ai par rapport à d’autres blessés. »

David aimerait aussi que soient créés des référents administratifs au sein des compagnies, qui puissent accompagner les blessés et les aidants dans leurs démarches. « Je serais le premier à me porter volontaire, pour faire avancer les choses dans le bon sens. »

À noter : Ce défi sportif a pu voir le jour grâce à des partenaires : Fondation Maison de la Gendarmerie, Amis de la gendarmerie, Entreprise PRB, Caisse nationale du gendarme, CASDEN Banque populaire.
Source: gendinfo.fr