Président de la Société nationale histoire et patrimoine de la gendarmerie – Société des amis du musée de la gendarmerie (SNHPG-SAMG), le général d’armée (2S) Jean-Régis Véchambre présente les enjeux du colloque sur l’histoire de la gendarmerie mobile, qui se tiendra à Paris du 17 au 18 novembre et le 1er décembre*.

« Les anniversaires sont généralement de bonnes occasions de mettre en exergue un chapitre de l’histoire de la gendarmerie. Le centenaire de la gendarmerie mobile, bien que sa naissance ait été progressive entre 1917 et 1921, était donc le moment propice pour proposer un panorama inédit de cette histoire méconnue, pour la sortir de l’ombre en quelque sorte, estime le général d’armée (2S) Jean-Régis Véchambre. Et quoi de mieux pour cela qu’un colloque avec les meilleurs spécialistes du sujet, dans le cadre d’une co-organisation réunissant, outre notre société, le Service historique de la Défense (SHD) et Sorbonne Université (Faculté des lettres). »

Une solution pour la pacification de l’expression publique

Au-delà de l’institution, les organisateurs de ce colloque historique et scientifique ont voulu se pencher sur la question du maintien de l’ordre, plus que jamais d’actualité. « La création d’une force professionnelle, spécifiquement formée et dédiée au maintien de l’ordre, a été l’aboutissement d’une longue et difficile réflexion, menée à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, note le général Véchambre. Il a fallu simultanément admettre la légitimité de l’expression publique, puis trouver des solutions pour la pacification de cette expression, afin qu’elle puisse se dérouler sans heurts. »

La garde républicaine mobile a donc été la solution concrète apportée par le pouvoir politique à cette problématique. Avant sa création, la gendarmerie, seule force nationale de police à l’époque, remplissait ces missions, qui pesaient sur les brigades, avec le concours de l’armée et des polices locales. Pour sa mise en œuvre, la gendarmerie conçut une doctrine du maintien de l’ordre. « Le contenu de cette instruction confidentielle de 1930 sera bien sûr abordé lors du colloque. Elle comprend toutes les méthodes requises pour permettre l’accompagnement des manifestations selon leur nature, en gérer les débordements éventuels, et prévenir les contre-manifestations. »

Les différentes tables rondes reviendront également sur les autres missions de la « Mobile », notamment son rôle militaire lors de la Seconde guerre mondiale et des conflits coloniaux, puis lors de ses Opérations extérieures (OPEX). « Dès son origine, elle a une double vocation : le maintien de l’ordre et la défense du territoire français dans les zones frontalières, poursuit le président de la SNHPG. Elle a été conçue comme une force militaire professionnelle, première étape vers une armée de métier, dont elle aurait été un pilier important. »

Adapter la réponse à l’évolution de la société, aux nouvelles modalités d’action

Pour le général Véchambre, qui a participé comme expert, en 2019 et 2020, aux travaux du Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO), « nous ne sommes jamais sortis de cet enjeu de pacification des manifestations. Faire en sorte qu’elles soient possibles, et même facilitées, sans qu’elles dégénèrent. Mais il faut constamment adapter la réponse à l’évolution de la société, aux nouvelles modalités d’action, tout en ayant en mémoire les enseignements tirés du passé. »

Parmi les questions les plus importantes, demeurent, selon lui, l’éthique, la spécialisation des forces et leurs effectifs. « Pour qu’une manifestation se déroule paisiblement, le juste comportement des forces, lié à l’éthique et à son niveau d’entraînement et d’expérience, comme le rapport de forces, lié aux effectifs, constituent des éléments fondamentaux et permanents. Les effectifs doivent être suffisamment nombreux pour avoir un effet dissuasif, susceptible de prévenir le recours à la force. C’était l’enseignement principal de mai 1968, qui avait entraîné la création d’une quinzaine d’escadrons. Or, à partir de 1983, et jusqu’à nos jours, et ce malgré les nouveaux types d’expression violente de certains opposants, le chemin inverse a été emprunté, 21 escadrons ayant été supprimés. C’était contre-intuitif et cela n’allait pas dans le sens de l’intérêt du pays. C’est d’ailleurs l’un des constats, tant des réflexions autour du SNMO, que de celles réalisées dans le cadre du Beauvau de la sécurité. »

Le colloque sur l’histoire de la gendarmerie mobile rassemblera des intervenants chevronnés et des jeunes chercheurs, en s’ouvrant aux apports précieux d’autres spécialistes (juristes, sociologues, politologues), et en intégrant des témoignages et des réflexions de professionnels du maintien de l’ordre. « La qualité des intervenants devrait rendre les débats particulièrement pertinents, souligne Jean-Régis Véchambre. C’est toujours intéressant de regarder le passé, dans une démarche scientifique et pluridisciplinaire, car il est essentiel pour comprendre le présent et mieux anticiper l’avenir. »

*Du 17 au 18 novembre, au Service historique de la Défense (château de Vincennes, avenue de Paris, 94306 Vincennes – Pavillon de la Reine) et le 1er décembre, à la Banque française mutualiste (60 rue de la Glacière, 75013 Paris). Entrée libre sur présentation d’un passe sanitaire. Retrouvez le programme détaillé en cliquant ici.

À noter :  Le général d’armée (2S) Jean-Régis Véchambre a rejoint la gendarmerie nationale en 1980. Il y a exercé des commandements opérationnels de différents niveaux, occupé des fonctions de direction, notamment comme sous-directeur de la Défense et de l’ordre public. Il a également occupé les fonctions d’Inspecteur général des armées – gendarmerie (IGAG) de 2015 à 2017. Le 1er septembre 2017, il rejoint la deuxième section des officiers généraux.
Source: gendinfo.fr