Depuis son arrivée sur le secteur de Saint-Paul-Trois-Châteaux, en 2001, et la résolution d’une affaire de vol de chiens truffiers à la même époque, l’adjudant-chef André est devenu, au fil des ans, le référent truffe du secteur. En quelques années, il a su nouer des liens de confiance solides entre la gendarmerie et le monde de la trufficulture, un milieu fermé où les producteurs s’expriment peu.
Des réseaux structurés
En France, la truffe à la cote. Une cote qui, justement, ne fait que s’accroître, avec des prix pouvant atteindre plus de 1 000 € le kilo. De quoi attiser les convoitises et augmenter le nombre de vols de ces champignons un peu particuliers, qui poussent sous certaines espèces d’arbres.
Dans la Drôme, sur le territoire de l’adjudant-chef André, notre référent truffe, chaque année de nombreuses plaintes sont déposées. « Nous enregistrons, dans notre département, une quinzaine de plaintes au cours des quatre mois de récolte. Mais les trufficulteurs peuvent porter plainte une seule fois pour trois ou quatre vols », indique-t-il.
Des vols commis par des voisins qui « débordent » dans la propriété d’à côté ou encore par des bandes organisées et spécialisées dans ce domaine. « Ils viennent à deux ou trois personnes, avec un chien, souvent volé », explique l’adjudant-chef, avant de poursuivre : « La difficulté, c’est qu’ils font souvent ça de nuit et la nuit, on n’a pas toujours assez de monde. »
Des vols à répétition qui créent des tensions et font monter la pression, menant parfois à des drames. En 2015, un jeune trufficulteur de Grignan a été condamné à huit ans de prison pour le meurtre d’un homme qui se baladait sur sa propriété.
Occuper le terrain
Pour mettre fin à ces faits et apaiser les trufficulteurs, l’adjudant-chef André et avec lui l’ensemble des gendarmes du secteur ont mis en place un certain nombre de mesures, basées sur le contact et la prise de renseignement auprès des trufficulteurs, ainsi que sur des contrôles réguliers des flux et des marchandises. Pour compléter cette action, des patrouilles sont également effectuées de jour comme de nuit, à pied, en VTT ou en véhicule, afin d’occuper le terrain au maximum pour dissuader ou prendre en flagrant délit les malfaiteurs.
En dehors des truffières, l’action de la gendarmerie, et plus particulièrement du référent truffe, se joue aussi sur les marchés, là où les voleurs tentent de revendre leur marchandise, généralement à la sauvette. Le travail du “référent truffe” y est principalement orienté sur le renseignement et le contact avec les producteurs. Des axes essentiels pour mieux comprendre les réseaux criminels et leur mode de fonctionnement, afin de pouvoir ensuite les démanteler. Pour cette mission, les liens que l’adjudant-chef a créés depuis toutes ces années avec les trufficulteurs ainsi que la connaissance de ce milieu sont de véritables atouts. Une passion qui n’a pourtant pas toujours été la sienne.
De la mission à la transmission
Quand il entre en gendarmerie, l’adjudant-chef André ne connaît en effet pas grand-chose à ce drôle de champignon. C’est lorsqu’il revient sur sa terre natale, en 2001, sur un poste au sein de la brigade de Grignan, que le sujet va le rattraper.
Après la résolution d’une enquête sur un vol de chiens truffiers, des liens de confiance se nouent entre lui et certains producteurs. Il va alors découvrir une culture et un milieu qui vont rapidement le passionner. Aujourd’hui, il est devenu le spécialiste en gendarmerie sur le sujet : « La truffe, il faut la connaître pour pouvoir la défendre », explique-t-il.
Un intérêt qu’il souhaite aujourd’hui transmettre. À quelques années de la retraite, il forme depuis septembre Rémi, un jeune gendarme, tout aussi passionné que lui par cet univers. Durant cette formation, il l’accompagne, partage avec lui son expérience, ses connaissances mais aussi son réseau, pour qu’ensuite ce jeune gendarme reprenne le flambeau et soit, à son tour, présent pour protéger ce trésor du patrimoine local drômois.