Le programme NÉO 2 comprend non seulement le renouvellement du parc de téléphones portables NEO1, mais aussi, pour la gendarmerie, l’extension du nombre d’utilisateurs à tous les personnels de l’Institution. Il implique une manœuvre stratégique, technologique et logistique conduite en transversalité, pour une dotation progressive des unités à compter de mars 2022. Explications.
NÉO 1 avait pour objectif d’équiper 65 000 personnels. Le programme NÉO 2 vise non seulement le renouvellement du parc de téléphones portables, avec une nette montée en gamme, mais aussi l’extension du nombre d’utilisateurs. En effet, dans sa stratégie de travail en mobilité au plus proche de la population, le directeur général de la gendarmerie a souhaité équiper tous les personnels d’active, qu’ils soient militaires ou civils, toutes subdivisions d’arme et tous grades confondus, d’un smartphone, leur permettant de rester connectés à l’institution et à ses outils.
Parallèlement, un « pack NÉO » sera mis en place en école, afin qu’à l’issue de leur formation initiale, les jeunes gendarmes rejoignent leur unité avec leur équipement. C’est également un cercle vertueux qui se met en place, puisque les appareils des militaires quittant l’institution seront contrôlés par le SCRTA (Service Central des Réseaux et Technologies Avancées), qui les remettra dans le circuit, après éventuelle réparation, et alimentant ainsi les écoles.
Une manœuvre éminemment transverse
Les volumes ont de quoi impressionner, puisque le projet NÉO 2 représente 110 000 smartphones pour la gendarmerie, auxquels s’ajoutent 116 000 appareils pour la police et quelque 20 000 tablettes au total, soit 230 000 équipements, qui passeront tous par les chaînes de conditionnement du SCRTA pour y être « bleuis », c’est-à-dire dotés du système d’exploitation sécurisé « SECDROID », avant d’être déployés sur le terrain par les SOLC, en métropole, en outre-mer, mais aussi à l’étranger. Un travail à la chaîne, à grand renfort de réservistes, et une manœuvre logistique d’ampleur pour le SCRTA, qui vont s’étaler sur quatre mois.
Viendra ensuite s’ajouter le recyclage des 65 000 NÉO1 ; un volet d’ores et déjà intégré dans le nouveau marché. Il s’agit donc d’une manœuvre éminemment transverse.
« Les premiers équipements devraient arriver dans les unités en mars 2022 et les livraisons s’étaler jusqu’en septembre 2022, avec la livraison mensuelle de 30 000 smartphones. Les 10 000 tablettes gendarmerie devraient également être déployées courant 2022. Nous avons opté pour une tablette tactique, c’est-à-dire de petit format, qui pourra se glisser dans une poche, et qui complétera très bien le dispositif Ubiquity, en cours de déploiement. D’ailleurs, NÉO s’insère dans le cadre plus général de la brigade 4.0 et de la mobilité, annonce le colonel Pascal Julien, chargé de mission de la direction des opérations et de l’emploi/pôle stratégie capacitaire, et directeur du programme NÉO. Une manœuvre logistique fine a donc été organisée pour anticiper cette période de déploiement. Elle s’accompagnera d’une manœuvre de formation et d’accompagnement des 105 000 utilisateurs d’active, auxquels il faut ajouter les 40 000 réservistes, et tout spécialement les 35 000 utilisateurs non dotés de NÉO1, comme les gendarmes mobiles et les gardes républicains, qui vont découvrir les très nombreuses fonctionnalités de l’appareil. Car NÉO est certes un outil, mais c’est surtout le support de différentes applications, métier comme de confort, développées ou adaptées en central, ou en opportunité via l’innovation participative. Sur NÉO 2, le gendarme va retrouver son environnement précédent, mais avec une qualité supérieure : une batterie plus performante, une plus grande capacité de mémoire, un capteur photo et vidéo optimisé et bien-sûr toujours les applications de Gendstore. »
Anticiper les prochains grands rendez-vous opérationnels
L’objectif pour la gendarmerie est de pouvoir monter en gamme dès 2022, afin d’être prêts à l’automne 2023 pour la coupe du Monde de rugby, puis les Jeux Olympiques de Paris en 2024. Les dix Groupements de gendarmerie départementale (GGD) ainsi que les autres unités (gendarmerie mobile et garde républicaine) impactés par ces deux événements seront d’ailleurs dotés en priorité en NÉO 2, tout comme les départements qui conduisent ou vont conduire des expérimentations. C’est le cas de l’Ain, des Côtes-d’Armor, des Bouches-du-Rhône et de la Dordogne, qui testent actuellement l’application PRATICP (application d’aide aux constatations sur scène de crime, prise de photos et d’empreintes digitales de mis en cause en mobilité, consultation et alimentation de fichiers sans revenir à la brigade, NDLR) ou encore de l’Oise (et très bientôt la Charente-Maritime et la Loire-Atlantique), où se déroulent les essais, tant en gendarmerie qu’en police, de l’application TOM (Team On Mission), brique technologique du Réseau radio du futur (RRF), qui permet de transformer le smartphone en un terminal radio, mais avec les débits de la 4G. Son déploiement s’appuiera sur celui de NÉO 2, là encore prioritairement dans les départements concernés par les futurs grands événements. Le programme NÉO DK (alimentation et consultation des fichiers d’empreintes digitales et palmaires nationaux, mais également européens, NDLR), sur lequel travaille l’IRCGN, entrera également en expérimentation en 2022.
« Le choix du directeur général de doter tous les personnels permet par ailleurs de réfléchir à d’autres évolutions visant une meilleure qualité de l’accueil téléphonique et une personnalisation de la réponse apportée, à travers le glissement des appels à destination des brigades vers une plate-forme de réception des appels non urgents, laquelle pourra directement transférer l’appel à un militaire si celui-ci est en service, ou prendre un rendez-vous », anticipe le colonel Julien.
Les enjeux technologiques
Du côté du ST(SI)², qui pilote le volet technologique, les enjeux sont nombreux : il s’agit en effet de poursuivre l’aventure NÉO et sa réussite, en repartant presque de zéro avec un nouveau constructeur de téléphone, même si l’expertise acquise est certaine, et en intégrant non seulement les contraintes de sécurité du système SECDROID, mais aussi le nouveau facteur d’échelle, avec une large extension du nombre d’utilisateurs ; le troisième enjeu étant d’assurer la livraison en lieu et en heure.
« L’objectif était de disposer d’un téléphone grand public présentant le meilleur compromis entre performance, c’est-à-dire l’adéquation entre nos besoins et les capacités industrielles du marché, et économie, tout en prenant en compte l’ensemble de ces enjeux. Nous avons conclu, début mars 2021, un partenariat avec une société française qui fabrique des smartphones, dont la philosophie est assez intéressante en matière d’écoconception, dans le sens où elle cherche à produire des appareils responsables, en garantissant la fourniture d’éléments sur le temps long. Ce qui correspond à nos attentes, puisque nous allons utiliser ces smartphones pendant 4 ans », précise le colonel Vincent Béréziat, chef de la Sous-direction des applications de commandement du ST(SI)².
Et le LCL Michel Meens, chef du bureau de la mobilité et de la proximité numérique, d’insister sur l’ampleur de ce projet confié à la section mobilité : « Nos interlocuteurs sont impressionnés par le caractère hors norme de cette opération. Au niveau européen, il s’agit de la plus grosse flotte de terminaux mobiles d’une force de sécurité intérieure. Par ailleurs, dans le cadre de l’évaluation des appareils, nous avions plus de 200 critères à étudier. Pour nous appuyer, une série de mesures ont été réalisées par deux laboratoires indépendants. Le dispositif de sécurité imposé complexifie également les process, dans la mesure où il impose un certain nombre de contraintes inhabituelles aux industriels, auxquels nous sommes amenés à demander des terminaux avec des caractéristiques particulières, tant pour les téléphones que pour les tablettes, mais aussi des informations parfois sensibles pour eux. »
La force d’un écosystème
Pour le ST(SI)², la sélection du terminal n’est toutefois que la partie émergée de l’iceberg. Celle-ci s’accompagne en effet du développement, moins visible mais essentiel, de tout un écosystème autour des appareils : outil de gestion du parc, maintien en condition de sécurité du store applicatif (riche de près de 90 applications pour la gendarmerie et la police), conception et évolution du système d’exploitation sécurisé (SECDROID), qui fait l’originalité et la force de NÉO, sans oublier l’architecture centrale qui permet d’assurer la connexion sécurisée de tous les appareils.
« Il a donc fallu que cet écosystème soit réadapté à la nouvelle volumétrie et préparer une manœuvre logistique inédite, précise le colonel Béréziat. NÉO 2 sera une plate-forme plus performante, qui nous prépare notamment au déploiement à venir de PCSTORM (convergence du terminal radio sur les smartphones, NDLR). NÉO 2 va également permettre à l’ensemble des systèmes d’information de bénéficier d’un service de géolocalisation, ce qui représente une plus-value indéniable pour la sécurité des personnels, mais aussi pour des process plus pratiques, comme la rédaction semi-automatique des compte-rendus de service. À court-moyen terme, NÉO 2 autorisera l’accès à la biométrie sur les contrôles, ainsi que l’accès aux informations de la puce de la carte nationale d’identité électronique, ce qui permettra de signaler une personne en mobilité, mais aussi d’alimenter les fichiers, comme le FAED. »
NEO 3 en ligne de mire
Et le LCL Michel Meens d’anticiper plus encore : « Notre objectif est de repenser l’ensemble des applications métier pour un usage en mobilité, comme le volet dictée, que nous allons relancer. Nous travaillons d’ores et déjà sur les attendus fonctionnels et technologiques de NÉO 3, notamment en matière de déport d’écran (pour utiliser le NEO comme un ordinateur) et d’objets connectés. Les développeurs ne perdent jamais de vue que leur travail est avant tout pour le terrain. D’ailleurs, les personnels de la section mobilité sont en dialogue constant avec une cinquantaine de gendarmes et de policiers, qui testent et émettent leurs idées. C’est un travail en boucle courte, qui nous permet d’avancer vite et de nous montrer très réactifs en cas de dysfonctionnement. C’est vraiment un travail en synergie, pour le gendarme, par des gendarmes. »
Une formidable aventure humaine donc, et une réalisation unique sur ce périmètre, dont « la réussite tient énormément à la qualité de nos ressources humaines et à la dynamique insufflée dans ce domaine », conclut le COL Béréziat.
Source: gendinfo.fr