La création de réserves de substitution pour l’irrigation agricole, notamment dans les départements des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime, suscite de nombreuses tensions. Certaines manifestations ayant déjà conduit à des affrontements et des dégradations, la gendarmerie nationale a mis en place un important dispositif de sécurité, entre le 24 et le 27 mars derniers, afin de prévenir tout nouveau trouble à l’ordre public.

Dans le marais poitevin, la constitution de seize réserves de substitution, alimentées par les cours d’eau et les nappes phréatiques en hiver, pour irriguer les cultures l’été, entraîne de vives oppositions. Le collectif Bassines non merci (BNM), composé d’organisations environnementalistes et de la Confédération Paysanne, dénonce une privatisation de l’eau et s’inquiète des conséquences écologiques, tandis que la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) entend préserver l’outil agricole face au changement climatique et à la nécessité de nourrir une population toujours croissante.

Depuis l’été 2021, les opposants aux réserves de substitution ont organisé plusieurs manifestations, ayant entraîné la dégradation de six d’entre elles et d’engins de chantiers, mais aussi des violences à l’encontre des gendarmes, quatre militaires ayant été blessés.La partie du monde agricole favorable au projet a dénoncé les dégradations et mis en place des contre-manifestations pour s’opposer aux actions susceptibles de les viser.

Ce week-end de fin mars, les opposants ont fait appel à une nouvelle mobilisation, en organisant un rassemblement dénommé « le Printemps maraîchin », à La Rochénard (79), alors que les syndicats agricoles favorables aux réserves ont appelé leurs adhérents à venir les protéger.

L’ensemble des composantes de la gendarmerie nationale a été déployé pour faire appliquer les arrêtés préfectoraux et permettre aux contestataires de s’exprimer, tout en garantissant la protection des personnes et des biens. Mobilisant les unités locales de gendarmerie départementale (brigades, escadron départemental de sécurité routière, pelotons de surveillance et d’intervention de gendarmerie, équipes cynophiles) ainsi que des réservistes, des postes de contrôle ont été mis en place sur un large périmètre, afin de contrôler la zone délimitée et de gérer les flux de circulation.

Un important dispositif d’ordre public a également été mis en œuvre, constitué de seize escadrons de gendarmerie mobile et d’une CRS, appuyés par des moyens spéciaux, notamment des engins lanceurs d’eau. Ces unités avaient pour mission de sécuriser certains sites et d’interdire à la manifestation de sortir du périmètre autorisé. Des moyens aériens leur ont aussi permis d’être renseignées et d’adapter leur manœuvre en fonction des mouvements des manifestants. À proximité, des unités de police judiciaire se tenaient prêtes à intervenir à leur profit en cas d’interpellation.

S’inscrivant dans le nouveau Schéma national de maintien de l’ordre (SNMO), le dispositif de sécurité mis en place a aussi permis d’expérimenter de nouveaux procédés. C’est le cas des Équipes « Liaison et Information » de la gendarmerie (ELIG) qui ont dialogué à plusieurs reprises avec les organisateurs de la manifestation, mais aussi du référent médias SIRPA qui, en appui de la communication préfectorale, a accompagné les journalistes sur place et les a informés sur l’opération tout au long de l’événement via un canal d’échanges dédié. Avec l’appui du Centre national des opérations (CNO), le CZO (déclinaison zonale) a également pu démontrer tout son potentiel, permettant de planifier, puis de conduire la manœuvre opérationnelle et logistique, depuis le poste de commandement, en lien avec les autres services de l’État.

Source: gendinfo.fr