173 feux se sont déclarés depuis le 10 juin dernier. Gironde, Hérault, Gard et même Finistère, ils n’épargnent aucun département. En Ardèche, 1 200 hectares sont partis en fumée la semaine dernière. Qu’ils soient accidentels ou criminels, la gendarmerie mobilise tous ses moyens, aussi bien pour identifier les causes des sinistres que pour protéger les populations.

Prudence est mère de sûreté. Après l’incendie qui a ravagé 1 200 hectares de végétation dans le Sud Ardèche la semaine dernière, les acteurs de l’État impliqués dans son extinction préfèrent rester sur leurs gardes. La situation, déjà tendue, peut encore être aggravée par le nouveau passage du département en vigilance orange canicule.

« La situation est encore compliquée, s’inquiète le colonel Benoît Terrier, commandant du groupement de gendarmerie de l’Ardèche. Des directives ont été données pour maintenir, voire renforcer la présence sur le terrain afin de dissuader ou détecter tout auteur potentiel. Il faut que nous soyons proactifs pour être en mesure de répondre présent en cas de nouveau sinistre. »

Proactifs, les militaires le sont. Lorsqu’une douzaine de départs de feu sont signalés le mercredi 27 juillet, à partir de 9 h 30, il faut moins d’une matinée aux 45 gendarmes engagés pour interpeller le principal suspect. « Nous avons reçu des témoignages concordants décrivant la présence de son véhicule sur le lieu des départs de feu », explique l’officier, pour illustrer la réactivité de ses enquêteurs.

Douze feux, deux fronts

Emballé, c’est pesé ? Pas vraiment, puisque sur le plan judiciaire, le travail de recueil des preuves commence. Une tâche allouée aux Techniciens en identification criminelle (TIC), issus de la cellule d’investigation spécialisée dans la Recherche des causes et circonstances des incendies (RCCI). Leur mission ? « Procéder aux constatations et chercher des traces d’éventuels accélérants », c’est-à-dire de substances susceptibles d’avoir provoqué le brasier, comme de l’essence.

Parallèlement à ce travail d’enquête, et pendant que les pompiers combattaient les flammes, une trentaine gendarmes devaient tenir une zone de 10 kilomètres carrés, « afin d’en interdire l’accès. » Une zone difficile d’accès, située sur une colline culminant à 300 mètres, entourée par un octogone de petites communes, dont celle de Lavilledieu et sa zone commerciale, presque encerclées par les flammes.

Au nord de ce périmètre, le gendarmes ont été engagés dans l’évacuation d’un camping. Cette région, très touristique, en compte trois autres, tous situés à quelques kilomètres à peine de l’incendie. Les promeneurs s’y installent notamment pour profiter des hauteurs de Vogüé et admirer l’Ardèche s’écouler dans la vallée éponyme.

DEFCON 1

La crainte des gendarmes était qu’un ou plusieurs randonneurs soient coincés à l’intérieur de la zone de bouclage. Une peur rapidement dissipée, grâce aux nombreux moyens engagés sur le terrain, notamment ceux permettant d’effectuer des reconnaissances en profondeur : « Nous disposons de motos tout terrain. L’été, elles sont utilisées par la Brigade motorisée (B.Mo.) provisoire, mise en service à l’occasion du Dispositif estival de protection des populations (DEPP). »

Face aux incendies qui ont détruit près de 40 000 hectares de forêt depuis le début de l’été en France, le DEPP prend une autre dimension. En Ardèche, comme ailleurs, les gendarmes restent sur leurs gardes, d’autant que l’été 2022 n’est qu’à mi-chemin et que le souvenir encore fumant des incendies en Gironde est dans toutes les mémoires. Des feux qualifiés de « hors normes » par la préfecture du département, et qui à eux seuls constituent 50 % de la superficie réduite en cendres.

Source: gendinfo.fr