De Loyada à Dammartin-en-Goële, en passant par les traques des Cévennes et de la Dordogne, les tireurs d’élite du GIGN sont au cœur de toutes les missions. Comment s’entraînent-ils ? Quel est leur quotidien ? Plongez dans leur viseur !
Qui n’a pas déjà entendu parler du mythique tir coordonné du GIGN ? Mise au point par Christian Prouteau, cette technique consiste à neutraliser plusieurs cibles en même temps. Elle a été utilisée pour la première fois sur le terrain lors de la prise d’otages de Loyada, à Djibouti. Aujourd’hui encore, elle est toujours pratiquée assidûment par les tireurs d’élite de la Force intervention (F.I.).
En réalité, sur le terrain, si les cas d’usage des armes sont récurrents, « nous préférons utiliser nos fusils qu’en dernier recours, confie Jim, tireur d’élite à la F.I. Plein de fois, nous avons repoussé la limite. » Mais quand des vies sont menacées, par exemple lorsqu’un forcené tire sur des négociateurs ou sur la colonne d’assaut, « alors là, on neutralise par un tir qui vise l’épaule, avec l’objectif d’interpeller l’auteur vivant. »
L’arme fatale
Ultime recours donc, le tireur n’en est pas moins utilisé sur toutes les missions. Son rôle est d’observer, puis de fournir un appui à la colonne d’assaut, en formant une bulle de protection autour de la zone d’intervention. Mais cet appui n’est pas uniquement de l’ordre tactique, il est aussi opératif : « Nous sommes les yeux du commandement sur le terrain. »
Un œil très discret, puisque comme le nom de sa fonction l’indique, Jim est un Tireur d’élite longue distance (TELD). Mais lors de la plupart des opérations, les tirs sont exécutés sur une amplitude très courte, allant de zéro à 200 mètres, principalement en milieu urbain. Ce sont les plus risqués pour ces snipers, car à cette distance, plus ou moins celle d’un terrain de foot, « on peut être vu. »
Pour ceci, comme pour beaucoup d’autres choses, le GIGN dispose d’artifices pour se fondre dans n’importe quel milieu, comme les tenues Ghillie et d’autres stratagèmes que les militaires préfèrent garder secrets.
Un très haut niveau de technicité
À la F.I., tous les opérateurs sont qualifiés tireur d’élite, soit capables de tirer sur des cibles allant de zéro à 600 mètres. Mais tous ne sont pas qualifiés TELD. « C’est une spécialité majeure, comme le sont celles de l’effraction et de la négociation », explique Jim. Dans chaque section, quatre opérateurs disposent de cette qualification, et sont donc dotés d’un armement spécifique : HK 417, différents modèles issus de la manufacture d’armes Accuracy International calibre 308, ainsi que 338 et, pour terminer, le PGM Hécate II en 12,7 mm. Mais les gendarmes de la cellule tir de la F.I. ne se limitent pas au matériel en dotation. En tant qu’unité d’élite de contre-terrorisme, elle peut donc tester du matériel dernier cri. « On a accès à tout », confirme l’intéressé. Toutes les semaines, les membres de cette cellule se réunissent pour mener des études prospectives sur les nouveaux matériels et armements développés par les fabricants.
Cette partie réflexion est doublée d’une partie pratique, où les militaires entretiennent leurs compétences. Ces drills sont essentiellement centrés sur des tirs très techniques. Ce niveau d’excellence conforte l’expertise du GIGN dans le tir de précision. Un statut qui permet au groupe de former des unités d’intervention françaises, mais aussi étrangères.