Au sein du GIGN, certains militaires sont capables de sauter en parachute à des hauteurs vertigineuses. chuteurs opérationnels. Depuis plus de 10 ans, Benoît, opérationnel à la F.I., en fait partie. Cette capacité hors du commun vient renforcer l’action du Groupe, élargissant ainsi son spectre d’engagement.

Peu de gens peuvent se vanter de toucher les nuages. Mais pour les chuteurs opérationnels, cela n’a rien d’exceptionnel. À Satory, tous les militaires sont titulaires du brevet parachutisme, mais seule une poignée dispose de cette qualification. Benoît, opérationnel de la Force intervention (F.I.), en fait partie. À son intégration au sein de la F.I. en 2010, ce passionné de parachutisme dans le milieu civil a vu dans cette qualification une belle opportunité.

Une capacité de projection

« Le chuteur opérationnel est une capacité de projection plus discrète, qui offre des options tactiques de mise en place différentes », commence par expliquer Benoît. La qualité des chuteurs opérationnels : la furtivité. Pouvant sauter de nuit jusqu’à plusieurs milliers de mètres, ils sont largués plus loin de la cible et en mesure de procéder à des Infiltrations sous voile (ISV). Leur précision de poser est également supérieure à celle des parachutistes.

« Avoir des chuteurs opérationnels fait partie du contrat opérationnel de l’unité. Ça permet d’élargir la capacité à s’insérer dans une zone semi-permissive, ainsi que de réduire le délai de mise en place d’un dispositif. » Leur engagement peut intervenir sur l’ensemble du spectre missionnel du Groupe : en cas de prise d’otages ou d’interpellation avec la F.I., pour l’acquisition technique du renseignement avec la Force observation recherche (FOR) ou encore pour la sécurité des emprises diplomatiques ou l’exfiltration de ressortissants français avec la Force sécurité protection (FSP).

La formation de chuteur opérationnel

Pour Benoît, le saut en parachute est une activité de longue date. « J’ai commencé avant d’intégrer la gendarmerie, par la progression accompagnée en chute. Puis j’ai obtenu mes premiers brevets civils. » Un prérequis indispensable, car pour être chuteur opérationnel, il faut être autonome en chute dès son arrivée au stage à l’École des troupes aéroportées (ETAP) de Pau. C’est là-bas que se déroule le stage, avec d’autres armées. « C’est grâce à ça également que l’unité est partie prenante de la communauté militaire, lui permettant d’être pleinement interopérable avec les unités du COS (Commandement des Opérations Spéciales, NDLR). »

Durant trois mois, les futurs chuteurs vont acquérir toutes les techniques nécessaires à la réalisation de la mission. La formation est progressive, avec la découverte du parachute militaire (G9) sans charge, puis avec une gaine, pour terminer par des sauts équipés de nuit, en ISV sur des zones non aseptisées.

Mais l’apprentissage ne se termine jamais vraiment, et l’acquisition de nouvelles technicités est toujours possible. Ainsi, Benoît a continué sa progression afin de sauter toujours plus haut. « Je suis notamment en mesure de sauter à plus de 4 000 mètres, sous oxygène. C’est ce qu’on appelle le Saut à ouverture à très grande hauteur (SOTGH). Il est plus compliqué à mettre en œuvre, car il faut le matériel adéquat et la présence d’un médecin. » Une hauteur vertigineuse, accessible seulement à une poignée de chuteurs opérationnels. Et sauter d’un avion avec une équipe cynophile ou avec des personnes n’ayant aucune connaissance en parachutisme ? C’est aussi possible lorsqu’on est pilote tandem, comme Benoît.

Toutes ces technicités s’entretiennent à travers des entraînements réguliers. Au Groupe, une semaine par mois est dédiée à la spécialité, avec des sauts à ouverture basse, de nuit ou encore des infiltrations sous voile. Une fois par an, une semaine est également réservée aux sauts sous oxygène.

Le grand saut

À l’image de l’unité, les conditions de déploiement des chuteurs opérationnels sont larges. « Dès lors que la vitesse du vent au sol est inférieure à 10 m/s, nous pouvons sauter. À condition également qu’il y ait au minimum 500 mètres sous les nuages et 300 mètres au dessus. » Des paramètres météorologiques qui offrent donc de grandes possibilités d’engagement.

Une fois ceux-ci validés, place au saut. Dans l’hélicoptère ou l’avion, les chuteurs sont équipés afin d’être parfaitement autonomes une fois au sol. Dans leur gaine se trouve tout l’équipement dont les opérationnels auront besoin. L’armement (fusil) est quant à lui accroché au parachute au moyen d’un système permettant son dégrafage rapide, offrant ainsi au parachutiste la possibilité de d’utiliser immédiatement son arme dès qu’il a touché le sol. Son poids varie en fonction du chuteur. « On parle de masse totale équipée. Pour un chuteur seul, elle est de 160 kg, et pour un tandem, de 250 kg. Le poids de la gaine va donc dépendre du poids du chuteur. »

Une anecdote ?

Après 12 années passées à sauter d’un avion ou d’un hélicoptère, Benoît ne compte plus le nombre de sauts à son actif. Ce qu’il préfère, c’est la chute libre, même si « la phase sous voile et la mise à terre sont intéressantes, car plus techniques. » Et le plus fastidieux ? « Il s’agit du pliage du parachute. En fonction de la voile, ça peut prendre entre 10 et 25 minutes. »
Chaque saut est unique, mais certains restent en mémoire. « Lors d’un saut en tandem, mon passager s’est évanoui en raison d’une mauvaise circulation sanguine !, se souvient-il amusé. Mais ce n’est pas une difficulté en soi, car lors du stage, on apprend à gérer un passager non coopératif. » L’adrénaline est également toujours présente, notamment lors d’incidents à l’ouverture. « Là encore, on sait qu’il faut exécuter une procédure de secours, en libérant la voile principale avant d’ouvrir celle de secours. Mais ça pimente quand même un peu le saut ! »

Source: gendinfo.fr