70 années durant lesquelles l’unité a escorté 10 présidents de la République, des chefs d’États historiques comme la reine Élisabeth II, Eisenhower, Kennedy ou encore Khrouchtchev ; 70 années à assurer la sécurité de la course cycliste la plus célèbre au monde : le Tour de France. Portrait de cette unité pas comme les autres.

Quel est le point commun entre les présidents américains Dwight Eisenhower et John Fitzgerald Kennedy, le Premier secrétaire du comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, Nikita Khrouchtchev, ou encore, de la défunte reine Élisabeth II ; tous sont passés dans la « cage présidentielle », c’est-à-dire, l’escorte moto autour du véhicule de l’autorité.

Depuis maintenant 70 ans, l’escorte des chefs d’États étrangers, ainsi que des délégations officielles, est dévolue à l’escadron motocycliste de la Garde républicaine (G.R.). Et de facto, l’unité assure également la sécurité du président de la République, lors de tous ces déplacements, et ce depuis 1952 ! Le premier à en avoir bénéficié fût Vincent Auriol, alors qu’il se rendait à une cérémonie de la Croix de guerre 39-45, à l’école des officiers de la Gendarmerie nationale à Melun.

À compter du premier président de la IVe République, l’escadron motocycliste de la G.R. a escorté neuf autres chefs de l’État, de Charles de Gaulle à Emmanuel Macron, en passant par René Coty et François Mitterrand. C’est d’ailleurs pour la cérémonie d’investiture de ce dernier que l’unité déploiera le plus gros dispositif protocolaire, à savoir, 64 motos !

Habituellement, 28 militaires sont assignés à cette mission, sur un effectif total de 74 gendarmes. Une mission qui constitue « l’ADN de l’escadron », assure le capitaine Jean-François Prunet, commandant de l’unité. Mais c’est loin d’être la seule.

Des savoir-faire aussi éclectiques que spécifiques

Car au volet protocolaire, s’ajoute celui de la représentation ; parmi ses personnels, l’escadron compte 25 gardes, membre de l’équipe d’acrobatie. « Volontaires et passionnés », ces motards endurcis « sont sélectionnés via des tests particuliers », et peut-être aussi pour leur esprit casse-cou. Car il faut un peu de folie pour réaliser de telles performances :

En 1987, l’équipe d’acrobatie réussit l’exploit de faire monter 37 gendarmes sur une seule moto ! Cette génération de gardes devait être bien inspirée, puisque la même année, ils forment la plus grande pyramide sur sept motos, avec 34 militaires.

Ces démonstrations sont réalisées à l’occasion de divers événements, qu’ils soient internes ou externes à l’Institution. Ils peuvent être par exemple appeler pour effectuer des prestations ponctuelles lors de manifestations uniques, comme lors du Grand Prix de France de Formule 1 en 2019.

Mais s’il y a bien une mission que l’escadron ne manque jamais, c’est bien le Tour de France. « Nous sommes aux côtés des organisateurs du Tour depuis 1953 », précise fièrement le capitaine Prunet. Une fidélité sans faille pour « une mission honorifique », durant laquelle les « casques blancs » assurent la sécurité des coureurs, et désormais des coureuses.

Car bien évidemment, les rôles de l’escadron motocycliste ne s’arrêtent pas à de la représentation. Acteurs de la sécurité, spécialistes de la protection de convois, ces gendarmes d’élites sont engagés sur toutes les missions d’escortes sensibles dans la région parisienne : transfèrement de détenus particulièrement signalés, transport de matières nucléaires et convois de la Banque de France.

Pas de pilotes, mais des gendarmes « câblés et passionnés »

Des missions ultra-sensibles donc, qui nécessitent du personnel bien formé et hautement qualifié. Leurs sélections sont donc impitoyables pour les volontaires qui s’y présentent, mais « tout à fait abordables pour quelqu’un en possession du permis A depuis au moins deux ans », rassurait le chef d’escadron Guillaume Chanudet, ancien commandant de l’escadron motocycliste de la G.R.

On roule par tous les temps, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Le niveau requis en matière de pilotage est donc très largement au-dessus de celui des EDSR (Escadron départemental de sécurité routière.

Néanmoins, il n’est pas nécessaire d’être pilote de MotoGP pour intégrer l’unité. Même si, à l’instar des jeunes promesses de ce sport, des pré-tests sont réalisés en école de formation des sous-officiers afin de détecter de potentielles futures recrues. Un droit de regard que s’autorise l’escadron, en raison de l’exigence et de la disponibilité que requière ce métier. « On roule par tous les temps, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Le niveau requis en matière de pilotage est donc très largement au-dessus de celui des EDSR (Escadron départemental de sécurité routière », affirme le capitaine Jean-François Prunet.

Entre 20 et 23 000 km par an

Ils roulent d’ailleurs bien plus que n’importe quelle autre unité motocycliste ; « entre 20 et 23 000 kilomètres par an », estime l’officier, contre un peu plus de 4 000 km pour les usages de deux-roues motorisés français.

Un usage qui nécessite une routière aussi polyvalente que rustique. L’escadron commence déjà à percevoir les BMW 1250 RT, « la moto idéale », selon le commandant de l’unité. « Elle permet de rouler à la fois doucement et en même temps d’aller très vite d’un point A à un point B. » À terme, 126 de ces engins seront récupérés par la Garde républicaine.

Source: gendinfo.fr